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Déclaration du Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Mali à l’occasion de la célébration de la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage

La journée du 02 décembre commémore l’adoption de la Convention pour la répression et l’abolition de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui par l’Assemblée Générale de l’ONU en 1949.

 

Depuis quelques années, a ressurgi sur fond de violence et d’abus, une pratique que l’on croyait révolue au Mali depuis des siècles : l’esclavage par ascendance qui constitue une négation des droits les plus élémentaires de la personne humaine. La persistance du phénomène est la résultante du dysfonctionnement des règles sociétales, ainsi que celui de l’appareil étatique, de plus en plus affaibli. En effet, des milliers de personnes ont fui ou ont été chassées de leur village à cause des pratiques de l’esclavage; des personnes sont ligotées, battues à sang souvent à mort en raison de leur appartenance à une soi-disant classe des esclaves. D’autres ont assisté impuissamment aux atteintes multiples à leurs propriétés.
Depuis au moins trois ans, la CNDH, présidant la Coalition Nationale de Lutte contre l’Esclavage au Mali, plateforme composée d’une quinzaine d’organisations de défense des droits humains dédiées à la lutte contre l’esclavage, est à l’avant-garde de ce combat.

En vue de lutter contre ces violations, la CNDH se félicite de la prise récente d’une lettre circulaire, à l’attention des Procureurs, par le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme précisément le 11 novembre 2021 « demandant de faire une exploitation optimale de l’arsenal juridique existant, notamment le Code pénal, en vue d’assurer une répression efficace des infractions connexes à la pratique dite de l’esclavage par ascendance ». Cette lettre circulaire rajoute que « dans le cadre du traitement des affaires, un accent particulier doit être mis sur la protection des victimes de cette pratique. Aussi, leur suivi, à toutes les phases de la procédure, nécessite une attention constante des Procureurs de la République ».

Pour mémoire, le Rapport annuel 2020 de la CNDH consacrait une bonne partie au phénomène de l’esclavage par ascendance, et faisait des recommandations pertinentes dont l’adoption d’une loi spécifique criminalisant la pratique.

Aussi, la CNDH invite-t-elle le Gouvernement à diligenter l’avant-projet de loi réprimant l’esclavage et les pratiques assimilées en vue de son adoption par le Parlement. Elle exhorte le Gouvernement à inviter au Mali la rapporteure spéciale des Nations Unies sur l’esclavage.

Nous devons garder à l’esprit que la pratique de l’esclavage est interdite dans notre pays depuis 1222 par la Conférence des Chasseurs du Mandé. Cette interdiction a été réitérée par la loi de 1905, et par différents instruments juridiques nationaux depuis l’indépendance du pays.
Il est de notre responsabilité commune d’agir dans une synergie d’actions en vue de mettre fin à toutes les pratiques et formes d’asservissement de l’Homme par l’Homme. Nous saluons les efforts déployés par les organisations de la société civile, notamment dans le cadre de la Coalition Nationale de Lutte contre l’Esclavage au Mali (CONALEM) et du Cadre de Concertation de la CNDH.
Pour la CNDH, la protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée.

Bamako, le 02 décembre 2021

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