L’honorable Bakary Koné a interpellé le ministre du Développement rural, Bocary Treta, sur la question de l’engrais de mauvaise qualité. Les populations sont restées sur leur faim.
L’honorable Bafotigui Diallo, député élu en Commune VI, a été le premier à tirer publiquement sur la sonnette d’alarme, suivi par des producteurs et des vendeurs d’engrais, qui voulaient éviter l’amalgame et le « tous pareils« .
Pour le député Bafotigui Diallo, « c’est vraiment un scandale. J’ai appris dans la presse qu’il y a de l’engrais de mauvaise qualité au Mali. J’ai saisi ma commission qui est la Commission du développement rural et de l’environnement pour qu’il y ait une collégialité autour de ce dossier. La Commission a écrit au bureau de l’Assemblée nationale pour nous autoriser à visiter les sites d’engrais. A notre grande surprise, nous avons appris que notre demande n’est pas acceptée, mais cela ne nous a pas été notifié par écrit. J’ai demandé au président de ma Commission d’exiger du bureau de nous notifier son refus par écrit, mais sans suite ».
Il fera des investigations et mettra à jour un vrai danger qui menace la filière agricole. A sa suite, son camarade, l’honorable Bakary Koné, a interpellé le ministre Tréta le jeudi dernier.
Les questions étaient nombreuses, claires, précises, ciblées et bien senties.
Le ministre du Développement rural, Bocary Tréta, d’emblée, a contesté le rapport d’analyse en révélant que c’est un « fournisseur d’engrais mécontent qui a fait des déballages non fondés« . Cependant, il a reconnu que, selon des analyses qu’il a demandées lui-même, il existe bel et bien des engrais hors norme sur le terrain au Mali : « L’autre prélèvement pour le premier tour n’a porté que sur moins de 10 000 tonnes. Et sur ces 10 000, ce sont finalement 4 000 tonnes d’engrais qui ont été épinglées, jugées comme qualité non conforme à la norme« .
Cela ne fera pas démordre l’honorable Bakary Koné qui reviendra à la charge en parlant de magouille, de perte de 27 milliards de francs CFA pour les paysans à cause de cette affaire d’engrais périmés. Pis, il accusera vertement le ministre en des termes, on ne peut plus clairs : « Je dirais que tous ceux qui importent ces engrais de mauvaise qualité, vous êtes complices de ces gens« .
Le ministre Treta a distribué aux députés un document intitulé, « liste des fournisseurs dont les engrais sont hors normes« . Dans ce document, il est dit que Toguna avait livré 475 tonnes d’urée hors normes. Le hic, c’est que, d’abord, l’urée n’était même pas concernée par les investigations, et ensuite, l’urée n’est fabriquée par aucun des 20 fournisseurs. « Tout le monde importe l’urée en l’état. Sauf à fournir autres choses à la place de l’urée, on ne peut pas tricher sur sa qualité« , affirme un député.
Le ministre a également lu une lettre que lui avait envoyée déjà en janvier son homologue de la Côte-d’Ivoire. Et sa conclusion avait été que c’est la preuve que « tous étaient coupables« . Cependant, les importateurs réfutent cette thèse. Selon eux, le plus simple était au moins d’enquêter pour savoir ceux qui ont importé en ce moment, via la Côte-d’Ivoire. « Ils le savent d’ailleurs, et savent aussi que ce n’est pas tout le monde« , affirme-t-on du côté des interpellateurs.
Ce que le ministre a dit et que les autres ont trouvé très grave, c’est que, il a fallu trois mois pour les résultats des analyses en laboratoire, là où, localement, on peut l’avoir une heure, ou même trois jours en envoyant à l’autre bout du monde. Ensuite, de ses propres aveux, les analyses n’ont porté que sur 10 000 tonnes, alors que lui-même dit qu’il y a eu 209 000 tonnes commandées.
L’autre incongruité dans ses déclarations, Tréta, affirme que les analyses, qui n’ont porté que sur une partie infime, ont pris trois mois, entre l’envoie des échantillons aux laboratoires et l’obtention des résultats. Or, il faut une heure pour faire une analyse au Mali, et trois jours pour avoir les résultats quelque soit le laboratoire au monde.
Le monde rural, au Mali, c’est 80 % des populations actives. Au moment où le gouvernement prône une politique de développement rural, où le Mali tend à être « une puissance agricole régionale« , tout est fait pour tuer l’agriculture et l’agro-industrie.
Nous y reviendrons
MLSIDIBE