Quand la confiance est rompue, la collaboration devient difficile, a-t-on coutume de dire. Choguel et ses employeurs vont-ils échapper à ce principe. Rien n’est moins sûr, après l’incarcération d’Abdel Kader Maïga, membre du Comité stratégique du M5 RFP et proche du Premier Ministre Choguel Maïga. Cette arrestation intervient après que l’intéressé s’est livré à des déclarations explosives lors d’une récente sortie médiatique consécutive à la destitution de son mentor par une frange du mouvement. Et le hic est que les grandes lignes de son déballage n’avaient rien à voir avec le sujet.
En effet, lors de cette apparition publique, Monsieur Maïga a accusé ouvertement le Ministre d’État, Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, d’avoir humilié le Premier Ministre Choguel Kokalla Maïga au cours d’une réunion du conseil de cabinet. Selon le désormais pensionnaire de la prison de Koulikoro, lors d’un conseil de cabinet un ministre de l’administration territoriale « a déversé sa bile sur le Pm, lui a manqué de respect avant de se retirer de sa salle. Devant un parterre d’hommes des médias, le conférencier en a profité en outre pour remettre en cause la responsabilité du président de la Transition et sa caution de l’acte posé par le ministre de l’administration. « Moi président, j’allais le démettre de ses fonctions et il allait répondre de ses actions», a-t-il martelé. Et comme pour corroborer les propos de Choguel Maïga accusant « certains militaires » d’être « à la manœuvre pour déstabiliser le mouvement », son lieutenant en chef, Abdel Kader Maïga, a explicitement accusé le colonel Malick Diaw, président du Conseil National de la Transition de se délecter des propos humiliants tenus par des membres de son organe. « Comment comprendre que des gens du CNT insultent le PM sans aucune forme de sanctions de leur président… c’est parce qu’il aime ce qu’ils disent, parce que ça leur plait de voir des gens humilié le PM », a affirmé Abdel Kader Maïga comme pour appuyer les allégations de son patron sur les militaires qui cherchent à affaiblir lui et son mouvement.
Et alors que les rumeurs du limogeage de de son patron battent leur plein depuis sa derrière maladie, il a pris soin de rassurer tous les adeptes du PM en ces termes : «en cas de destitution du Dr Choguel Kokalla Maiga de son poste de Premier ministre aujourd’hui au Mali, il est possible qu’il soit nommé Premier ministre au Burkina Faso ou au Niger». Une manière sans doute de créer la méfiance entre les autorités de de l’AES.
Le conseiller très officieux du PM a également mis à profit sa sortie très controversée pour adresser un appel insidieux au Chef de l’Etat. En effet, au nom de la stabilité, il a demandé au Col Assimi Goita de rendre une décision gracieuse en faveur de Seydou Lamine Traoré en détention préventive dans le cadre du dossier EDM-SA. Or il est de notoriété publique que l’ancien ministre des Mines est un proche parmi les proches du ministre de la Défense, un autre acteur clé du putsch du 20 août 2020. A défaut, il demande qu’on arrête les autres personnes citées dans ledit dossier, allusion faite vraisemblablement au ministre de l’Economie et des Finances, Alfousseny Sanou, un proche du chef de l’Etat dont le nom apparaît dans le même dossier.
Des révélations qui prouvent à suffisance les profondeurs du malaise et des divisions désormais à peine voilées au sommet de l’État.
Ça n’est pourtant pas à cause de ses déballages qu’Aldel Kader Maiga séjourne, depuis vendredi dernier, à la prison de Koulikoro. En effet, sur plainte de l’Imam Oumarou Diarra, l’ancien ministre fraîchement hissé au rang de président intérimaire du Comité stratégique par les frondeurs du M5-RFP, son interpellation à la Brigade d’investigation judiciaire. Après son interrogatoire s’est poursuivie au Pôle anti-cybercriminalité qui l’a placé sous mandat de dépôt en attendant son jugement prévu pour le 25 avril prochain.
Le PM n’en a fait pour l’heure aucun commentaire.
Amidou Keita