Autodidacte, passionné de dessin, David Coulibaly se définit comme un « ouvrier venu à la peinture ». Doué d’un « talent inné », il dessine des figures de bandes dessinées célèbres, dont Tarzan, et commence à vendre ses œuvres à quelques amateurs. Il rencontre en 1992 M. Decraene, à l’époque Directeur du Centre culturel français, qui l’invite à rejoindre un groupe d’artistes.
S’il peint de moins en moins, sa passion pour « son art naïf » est restée intacte et il ambitionne de la transmettre à la nouvelle génération. À 54 ans, David Coulibaly se consacre désormais à son élevage de porcins, à quelques kilomètres de la capitale. Ce qui lui permet de ménager sa santé et de peindre à son rythme, dans un environnement calme et paisible, car la peinture demande « énormément de concentration ».
Contraint de mettre en sourdine sa passion, « qui ne fait pas vivre », selon son père, il quitte l’école à 14 ans et devient mécanicien. Lorsqu’il M. Decraene l’invite à apprendre la peinture, il n’hésite pas. « J’ai rencontré Ismaël Diabaté et Kelly Alfousseini, qui peignait sous verre ». Il se familiarise avec cette technique et reproduit des scènes de la vie quotidienne : marchés, fêtes, …
Encouragé par le Directeur du CCF, il envoie 5 photos de tableaux à la Biennale des « Arts naïfs », en 2000 à Abidjan. « J’ai été sélectionné. Cela m’a lancé ».
Il enchaîne quelques expositions, en 2005 au Palais de la culture, avec un collectif, puis à Ségou en 2007, avant de participer au Festival de la citoyenneté de Roubaix, en France. Parallèlement, il donne des cours de peinture dans des écoles françaises de Bamako.
Talent méconnu
Il y a 2 ans, il rencontre M. Salia Mallé, ancien Directeur adjoint du Musée national du Mali, grâce à Michel Bamia, promoteur de la maison d’art Badjidala de Ségou. Ces derniers, Commissaires de l’exposition « Donsow, Les maîtres de l’invisible », le sollicitent.
« Son travail artistique est doux. Il peint avec des couleurs froides et a une perception positive des choses », note M. Mallé. Son inspiration reste la nature. Il a « un talent inné de l’harmonie des couleurs. Rien ne choque dans ses œuvres », poursuit-il.
« Le peintre de l’harmonie » n’est-il pas un talent gâché ? Plutôt « un talent caché », qui gagnerait à être mieux promu, reconnaît M. Malé. C’est certainement « l’opportunité » qui a manqué à cet « artiste talentueux, très modeste et pas carriériste ».
Fatoumata Maguiraga
Journal du Mali