La fête musulmane, marquant la fin du mois de jeûne du Ramadan, est traditionnellement déterminée en fonction de l’observation de la lune. Cependant, cette année, des chefs religieux parmi lesquelles un leader religieux influent, ont décidé de fixer la date de la fête à un jour différent de celui établi par la Commission nationale de lune et le département des Affaires religieuses et du Culte.
Cette décision a provoqué une division parmi la majorité des fidèles, certains choisissant de suivre la date officielle, tandis que d’autres ont opté pour celle annoncée par certains chefs religieux.
Cette divergence de date et se laisser aller des religieux peut créer des tensions au sein de certaines communautés musulmanes, remettant en question l’autorité de l’Etat et de la Commission nationale de lune et leur capacité à unifier la communauté dans des moments de célébration religieuse.
Il faut dire que le choix des chefs religieux contestés n’a pas été explicitement détaillé, mais certains ont évoqué des considérations astronomiques et des méthodes d’observation de la lune divergentes. Quelle que soit la justification, cette divergence dans la détermination de la date de la fête musulmane a semé la confusion parmi les fidèles et a souligné le besoin d’une plus grande cohésion et coordination au sein de la communauté musulmane.
L’exemple de l’imam de Mpessoba dans la région de Koutiala en est une parfaite illustration. En effet, les moments qui ont suivis la déclaration de la Commission nationale d’observation de la lune annonçant que la lune a été aperçue dans la Commune de Mpessoba et dans d’autres localités, l’imam de la grande Mosquée de Mpessoba s’est précipité pour faire une vidéo où on le voyait dire que la lune n’a aucunement été aperçue dans sa ville.
A Nioro du Sahel, ainsi que dans plusieurs localités de Banamba, de Kayes, Gao, Mopti, beaucoup de communautés n’ont daigné suivre l’annonce de la Commission nationale d’observation de la lune qui fixait la fête au 9 avril. Le hic dans tout ça est qu’ils se rendent dans les mosquées pour la prière.
On se souvient que sous le régime d’Alpha Oumar et d’ATT, tous ceux qui se sont hasardés à ne pas suivre la Commission d’observation de la lune, ont été bastonnés jusque dans les mosquées.
Face à cette situation, les autorités religieuses officielles appellent à l’unité et à la conformité avec la date officielle de la fête, soulignant l’importance de suivre les directives établies par les institutions religieuses reconnues. Cependant, la controverse persiste, mettant en lumière les défis auxquels est confrontée la communauté musulmane dans la préservation de son unité et de sa cohésion dans des questions de foi et de pratique religieuse.
La réaction du gouvernement ?
Au regard de la multiplication du phénomène, de nombreux Maliens se tournent vers les autorités pour qu’elles prennent des mesures visant à mettre fin à cette chienlit. Certains estiment que le gouvernement devrait intervenir pour réglementer et unifier la détermination des dates des fêtes musulmanes, afin d’éviter la confusion et les divisions au sein de la communauté religieuse.
Cependant, d’autres craignent que toute intervention des autorités ne compromette la liberté religieuse et ne déclenche des réactions négatives de la part des chefs religieux locaux. Ils appellent plutôt à un dialogue ouvert et constructif entre toutes les parties concernées, afin de trouver un consensus sur la méthode à suivre pour déterminer les dates des fêtes religieuses.
Dans un contexte où la stabilité et l’unité nationale sont déjà fragiles, il est impératif pour les autorités maliennes de gérer cette controverse avec prudence, en veillant à préserver les droits religieux tout en cherchant à promouvoir l’harmonie et la cohésion au sein de la société malienne.
Moudir Diallo