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Dans les zones rurales, les femmes à l’épreuve de la Covid-19

Au Mali, dans les zones rurales, les femmes tentent tant que bien mal de se protéger de la pandémie de Covid-19. Alors qu’elles bénéficient des campagnes de sensibilisation dans certaines localités, des associations déplorent le manque de moyens pour doter les femmes de kits de protection. 

 

Gouana est une localité située dans la commune rurale de Kalabancoro (Koulikoro). Nous sommes en début de journée. Le soleil commence à darder ses rayons, et Chata s’affaire dans la cuisine. Les enfants sont encore dans les bras de Morphée, à l’exception de la dernière-née. Cette dernière réclame en pleurs qu’on la porte sur le dos. Chata semble un peu agacée. « Elle est comme ça. Laissez-la pleurer, elle se taira quand elle sera fatiguée », finit-elle par lâcher.

La jeune femme, la trentaine, est vendeuse de condiments. Après avoir fini de préparer la bouillie pour le petit déjeuner, elle s’empare de ses affaires pour le petit marché de Gouana, situé à un jet de pierre de son domicile.

Le marché grouille de monde. Les étals sont dressés les uns à côté des autres à perte de vue. Mais nulle part il n’y a trace de kits de lavage des mains, de gels encore moins de masques. Seuls quelques clients en portent. « J’ai appris qu’une nouvelle maladie était présente et qu’il fallait mettre le masque. Alors, j’obéis sinon je ne vois vraiment pas son utilité », confie cette cliente, flanquée d’une de ses amies qui ne porte pas de masque. « J’ai oublié mon masque à la maison. D’ailleurs, lorsque je le porte, j’arrive pas à respirer », se justifie cette dernière.

« Où allons-nous avoir les masques ? »

Chata aussi n’a pas de masque. Le coronavirus, elle dit en avoir entendu parler, vaguement, sans réellement savoir ce que c’était. « Coronavirus, moi pas vraiment connais ça », essaie-t-elle de dire en français, avec un large sourire. Elle affirme avoir appris qu’il fallait régulièrement se laver les mains et porter un masque. Si la première consigne n’est pas compliquée, la seconde par contre relève selon elle d’une question de moyen : « Où allons-nous avoir les masques ? On n’a pas d’argent. Si les autorités viennent nous en donner, on prendra. Sinon, on se débrouillera en espérant que Dieu nous épargne »

À l’instar de Chata, Oumou Konaté, venue au marché faire ses provisions, dit s’en remettre à Dieu : « Confions-nous à Allah. Il est le seul à pouvoir nous protéger de cette maladie ».

Sensibilisation et déni de la pandémie

Dans les localités, des organisations se sont déployées pour sensibiliser les femmes sur la maladie. Parmi elles, figure Plan international Mali, qui opère dans des villages situés à Dioïla, Bougouni et Kita pour parler des impacts de la Covid-19 sur les femmes. « Depuis deux mois, explique Nana Thiam, spécialiste genre en santé de la reproduction au sein de la structure, nous avons déployé des éléments dans plusieurs zones afin que les femmes soient bien informées sur les dangers liés à la Covid-19. En plus des distributions de masques et gels, nous discutons avec elles pour connaitre leurs difficultés et savoir comment les aider à les surmonter ».

L’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie(AJCAD), à travers ses points focaux, témoigne Fousseni Diop, son chargé du volet plaidoyer et mobilisation sociale, essaie de sensibiliser pour réduire les risques de contamination. « Nous avons identifié des jeunes leaders à travers 47 communes dans lesquelles nous opérons ».

Abraham Kebé, basé à Kayes, fait partie de ces jeunes. Il explique que la sensibilisation à destination des femmes a lieu dans les 18 villages que compte la commune de Liberté Dembaya, à Kayes. Abdramane Sow, qui s’occupe de la commune de Dougabougou, dans la région de Ségou, confie pour sa part que « ce n’est pas toujours facile, car beaucoup de femmes ne croient pas au coronavirus ».

« Les femmes doivent pourtant être prises au sérieux » 

À Kati, la présidente de l’association Saramali, dans la localité de Dogodouma, Madame Keïta, affirme que les femmes n’ont pas reçu de kits de protection de la part des autorités. « Est-ce normal ? Les femmes doivent pourtant être prises au sérieux en cette période délicate, parce que tout le monde connait notre place dans la société malienne ».

À la tête de la Fédération nationale des femmes rurales du Mali, Goundo Niakaté explique avoir déposé des lettres de de demande de soutien pour avoir des kits de protection et les distribuer aux femmes. « Hélas, nous n’avons pas reçu d’aides importantes », déplore la présidente de cette fédération composée de 703 associations à travers le Mali.

Avant d’ajouter qu’elle a reçu 200 masques et 10 kits de lavage de deux ministères (Promotion de la Femme, de l’Enfant et la Famille ; Élevage et Pêche). « Le Centre d’études et de coopération du Canada est en voie de nous aider avec une somme de 2 millions par associations. Avec ça, nous espérons pouvoir faire au moins quelque chose. C’est décevant de voir que les autorités maliennes ne décaissent rien pour nous malgré nos efforts d’interpellation », a-t-elle relevé.

Au ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, on explique que des actions sont en train d’être menées à travers le service spécialisé des questions de genre. «  Ce n’est pas facile, surtout que nous n’avons pas de ministre actuellement. Il n’empêche que les choses avancent. Avec des structures partenaires, nous menons des activités sur le terrain afin que les femmes dans les zones rurales soient épargnées au maximum de la Covid-19 », ajoute Ramata Tembely, chargée de communication.

Source : Benbere

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