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Culture et développement : Bélénitugu, le premier festival…

Evènement majeur dans l’agenda culturel du Miankala, le Festival artistique et culturel Bélénitugu, 5e édition, a été célébrée du 23 au 26 mars dans la Commune rurale de Somasso avec à la clef des résultats forts appréciables en faveur du développement local.

Pour la cinquième fois consécutive, la volonté de l’Association pour le développement de Somasso, sous le leadership de son président, Markatié Daou, et les résidents a été réalisée. L’initiative d’ériger la fête traditionnelle Bélénitougou en festival a été célébrée avec une mobilisation record.

Après l’accueil des délégations par les autorités administratives et traditionnelles samedi 23 mars, le ton de la 5e édition a été donné par une coupe de football à l’honneur des jeunes. Cette finale jouée en deux parties, a été une véritable rencontre de jeunes de divers horizons.

Ensuite, lundi 24 mars, en présence d’une foule nombreuse et d’invités d’honneurs dont l’ancien ministre Ousmane Koné, les festivités ont été officiellement lancées. Occasion pour les autorités communales de faire l’état des lieux de la culture dans cette zone. Selon le maire, Sékou Fané, dans notre milieu la culture agonise. « On peut dire se meurt, par la confusion entre religion, us et coutumes, l’influence des médias occidentaux et arabes. Les femmes ne dansent plus au son du Dounouba, le NTaman qui nous rappelaient les actes de bravoure. Ces instruments traditionnels se sont tus. Le Pérékoumésé qui a accompagné nos braves guerriers à la grande bataille de Diéna contre l’envahisseur colonial français, le 4 et 24 févier 1891, a disparu, les jeunes ne sont plus initiés au “Koté”, le Barudounou est vu rarement, le Ngaka, le “Bong” deviennent des souvenirs que les jeunes ignorent. Comment inverser cette tendance négative pour que nous soyons nous-mêmes ? “, s’interroge-t-il.

Pour cela, ajoute-t-il, la mairie a inséré dans son programme de développement social et cultuel (PDSEC) la construction d’un centre culturel qui servira de lieu d’apprentissage de la musique traditionnelle.”Le Festival Bélénitugu, en dehors de son aspect festif, renforce les liens de fraternité, d’amitié, d’entraide entre frères et entre villages voisins populations résidentes et non résidentes…”.

Conserver les instruments traditionnels pour les jeunes !

Pour traduire la volonté en acte, une conférence débat sur la conservation des instruments traditionnels de Somasso et la conservation des forêts sacrées des lieux a eu lieu mardi. Le Ngaka, le Niogô, le Nbôlon et le folklore des bouffons traditionnels ont été exposés aux centaines de festivaliers.

Tiédo Dao, membre de l’Association pour le développement de Somasso, et Notéké Dao, l’une des grandes mémoires vivantes de l’histoire contemporaine de Somasso, ont présenté le Ngaka qui tient sa spécificité du fait qu’il est obtenu comme un butin de guerre après une batille gagnée. Composé de trois tamtams, le Ngaka est un instrument mystique. Ça veut dire que si vous voyez ces tamtams dans une contrée, cela veut dire que cette dernière est victorieuse d’une guerre ” a-t-il précisé.

Quant au Niôgô, le célèbre Ngolo Sogoba, dit “Ngolo Fassi a présenté sa troupe. Célèbre maestro de ce folklore, Ngolo Fassi a expliqué que le Niôgô est né du Ngaka. “Comme le Ngaka est un folklore magique, les anciens se sont inspirés de cet instruments pour faire le Niokô. Ce folklore accompagne les cultivateurs lors des cultures collectives, le Niogô se joue pendant les événements heureux comme des mariages, des fêtes de circoncision et autres. Nous sommes aussi présents lors des événements malheureux comme les décès. Après l’enterrement, le Niogô accompagne les parents du défunt pour rendre hommage à l’illustre disparu”,a-t-il dit, avant de faire une présentation, convaincante, comme il sait le faire.

Le Bong, venu du royaume Bambara de Ségou a fait l’objet de présentation par Drissa DJIRE, ancien joueur de cet instrument à Somasso. Pour lui le peuple Minianka étant un melting-pot, le Bông est inspiré du Bara de Ségou. Pour rester liés à nos ancêtres, nous avons initié ce folklore. C’est composé d’un grand Bara et de Ségou et de trois Ntaman de Minianka pour sceller les deux cultures. Les chanteuses de Bong aux voix magiques ont fait danser les festivaliers au rythme de ces tambours mélodieux.

Outre ces instruments, les festivaliers ont été aussi à la rencontre des Kôrôdouga. Le pasteur Zana Dao numéro 2, le “vautour en chef” de Somasso, a expliqué que l’histoire des Kôrôdouga date depuis la période du prophète Moïse.” Par crainte d’être exterminé, un peuple s’est déguisé en bouffons pour demander à un disciple de les épargner. Cela par des tours de comédie et des danses. Il a tenu promesse et ce peuple fut sauvé. Et depuis, nous existons”, a-t-il fait la genèse de ces bouffons particuliers. Selon lui, les Kôrôdouga sont dans la société pour réconcilier les peuples, pour soigner les maladies et surtout veiller aux us et coutumes de la société dans laquelle ils évoluent.

Fousseyni Djiré, un agent des eaux et forêts et ressortissant de Somasso, a exprimé son sentiment de regret par le fait que la forêt sacrée qui abrite le site sacré Béléni (qui donne son nom au Bélénitougou) se dégrade à une allure inquiétante. ” Ce que je vois ici dans nos forêts, nous interpelle tous. Même nos lieux sacrés dont le Bélénitougou n’est pas épargné. J’en appelle aux ressortissants des cinq villages de la commune de Somasso de prendre soin de nos forêts en général et à nos lieux sacrés en particulier”, a-t-il dit, avant de promettre que le lieu sacré de Bélénitougou sera rétabli comme dans les temps anciens.

Le chef de la mission culturelle de Ségou, Cheick Boukounta Karamoko Sissoko et l’invité d’honneur Ousmane Koné ont apprécié l’initiative des Somassois. “La culture est important pour le développement. Déjà en cinq ans, le festival enregistre d’importantes réalisations. Nous allons soutenir la volonté des autorités communales pour l’atteinte des objectifs”, disent-ils.

Eu égard aux acquis tels que le renforcement du tissu social, la réalisation d’infrastructures sociales de base, et au nombre de participants qu’il mobilise, le Festival Bélénitougou, apparaît aujourd’hui comme le premier festival rentable des cercles de Koutiala, Bla et San. La 5e édition a été celle des innovations. “Un changement dont la cadence sera maintenue”, ont promis le président de l’ADS, Markatié Daou et ses collaborateurs.

Bréhima Sogoba

L’indicateur du Renouveau

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