Le livre intitulé «Dunmanu, Eloquents instruments de musique Bo» de l’Abbé Hassa Florent Koné est sur le marché depuis le samedi 26 mai 2018, date de sa dédicace. C’était au Cercle Mess des Officiers, sis à Badalabougou en présence de l’éditeur, M. Ismaël Traoré, des éditions «La Sahélienne» et un public, amoureux de la culture Bwa, venu pour la cause.
Le livre de 209 pages, fruit de 22 ans de recherches, présente un inventaire exhaustif et minutieux des instruments traditionnels de musique ainsi que des résultats de recherche sur l’origine et la trajectoire de certains patronymes Bwa. Chercheur averti et rigoureux, l’auteur n’en est pas moins un musicien avéré, qui essaie d’éduquer à l’esprit des musiques traditionnelles africaines. Dunmanu, ou tam-tam d’aisselle qui parle, cet ouvrage particulièrement riche et documenté sur les savoirs et savoirs faires musicaux des Bwa constitue une réponse à l’urgence de la conservation du patrimoine culturel de ce peuple à cheval sur le Mali et le Burkina. Florent Koné refuse l’anéantissement de nos cultures et de notre identité culturelle africaine en ce siècle de la mondialisation et des TIC.
Pour M. Ismaël Traoré, directeur des éditions «La Sahélienne», cet ouvrage, extrêmement important dont il serait souhaitable de vulgariser, est le résultat des valeurs fondatrices et de références d’un travail de fond. M. Traoré a invité la Nation malienne à honorer l’auteur pour l’œuvre accomplie. Car, dit-il, jamais avant lui, un travail de fond n’a été effectué sur les instruments de musique traditionnels Bwa.
Pour l’auteur, le Dunmanu est un tambour d’aisselle chez les Bwa. Il est capable de dire beaucoup de choses comme reprendre les paroles de l’homme. «Tout ce que vous dites, le tam-tam d’aisselle peut le répéter», a expliqué le Dr l’Abbé Hassa Florent Koné. Et d’ajouter «tous les instruments de musique chez les Bwa ont un sens qu’il faudra décoder». Ainsi, le Tambourin chez les Bwa est utilisé pour faire les annonces du chef de village et d’autres informations et le long Tambourin pour les travaux champêtres et féliciter ceux qui sont braves, qui ont réussi et qui font partie de ceux qui doivent être considérés.
Quant au Balafon des Bwa, il est sacré et ne se joue que lors des décès, funérailles. Le Koro des Bwa est utilisé lors des mariages et un autre à corde est utilisé par les jeunes garçons pour leur déclaration d’amour. Aussi, les jeunes filles, chez les Bwa, ont leur instrument de déclaration d’amour. Au total, c’est une trentaine d’instruments de musique qui sont expliqués dans l’ouvrage, certains typiquement Bwa et d’autres venus d’ailleurs, comme les Senoufos, les Bambaras, les Peulhs et autres. Le document retrace également l’origine et la manière de confection des instruments.
Notons enfin que l’auteur, recteur du Grand Séminaire de Bamako et chargé de cours de communication à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest ; Unité Universitaire de Bamako, Hassa Florent Koné est prêtre de San depuis 1996. Passionné de communication traditionnelle africaine, en particulier de langage musical et artistique africain, il a fréquenté l’Institut Pontifical de Musique Sacrée de Rome (PIMS) et l’Institut Pontifical Saint Anselme de Liturgie de Rome (PIL) où il a fait une maitrise en théologie sur le thème de l’art et l’architecture des églises en contexte africain, et un doctorat en théologie sur le thème de la musique sacrée en dialogue avec les richesses expressives de la musique du style oral des Bwa.
Dieudonné Tembely
Source: infosepte