Le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC) dans son nouveau rapport publié à Dakar ce lundi 3 juin 2024, affirme que neuf pays africains figurent parmi les dix crises de déplacement de populations «les plus négligées» dans le monde. Ce classement annuel de l’ONG norvégienne relève que notre pays est passé de la 7e à la 4e place de ce classement funeste. Cette régression pourrait être une conséquence du retrait de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali, souligne le rapport.
L’ONG publie chaque année une liste fondée sur trois critères : le niveau de volonté politique de la communauté internationale, de couverture médiatique et de financements humanitaires.
C’est la cinquième fois que le Mali figure parmi les pays dont les crises sont peu prises en compte. L’instabilité politique, des déplacements massifs des populations et une crise alimentaire, maintiennent le Mali sur cette liste.
Il perd trois points et se classe donc à la 4e position après le Burkina Faso, le Cameroun et la RD Congo. Cette régression pourrait être une conséquence du retrait de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali, souligne le rapport.
Cependant le document indique que « le nombre de personnes en besoin d’aide humanitaire à la fin de l’année 2023 est tombé à 7,1 millions, contre 8,8 millions en 2022. Soit une diminution de 1,7 millions de personnes ». Cette diminution a été en partie motivée par la nécessité de redéfinir les priorités de l’aide humanitaire en raison du manque de financement poursuit le texte.
Hausse de l’insécurité alimentaire
Le rapport souligne aussi que l’impact du changement climatique est également un facteur clé de la mobilité humaine. Il a conduit à une augmentation de l’insécurité alimentaire. Selon les derniers chiffres en 2023 ; 2,5 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire.
Les niveaux de financement étaient également faibles. Seulement 31 % des fonds nécessaires pour acheminer l’aide humanitaire ont été mobilisés en 2023, soit moins de la moitié de ce qui a été réalisé l’année précédente.
Cette situation pourrait provoquer en 2024 une hausse de l’insécurité alimentaire, une intensification des affrontements armés et le déplacement des populations.
Soutenir les sans-abris
Pour Maclean Natugasha, Directrice Pays de NRC-Mali, « il est nécessaire de soutenir les sans-abris et les personnes dans l’urgence humanitaire afin de soulager leur souffrances ». C’est ce qu’elle préconise pour relever les défis liés à ce classement.
Comme en 2022, le Burkina Faso se trouve en première position du classement, avec «un record de 707.000 nouveaux déplacements et des centaines de milliers de personnes privées de toute aide», selon NRC. «La couverture médiatique a chuté car l’accès est devenu plus difficile pour les journalistes et les organisations humanitaires», alors que le montant des financements humanitaires n’atteint que 37% des besoins, précise l’ONG.
La situation s’est notamment aggravée dans les pays du Sahel dirigés par des régimes militaires qui ont pris le pouvoir par des coups d’Etat et rompu certains accords avec des partenaires occidentaux.
Après le Burkina Faso, le Mali arrive en 4e position (7e en 2022), devant le Niger (5e) qui fait son entrée dans le classement.
Les pays d’Afrique centrale demeurent parmi les plus négligés, selon NRC.
Le Cameroun est deuxième de la liste (8e en 2022), avec près d’1,1 million de déplacés et un demi-million de réfugiés résidant sur son territoire. La République démocratique du Congo où «plus de 25 millions de personnes ont continué à faire face à de multiples situations d’urgence’’, figure en troisième position (2e en 2022).
Le Soudan du Sud (7e).
La République centrafricaine (8e) et le Tchad (9e) sont également cités, alors qu’ils étaient absents du classement en 2022.
Le Honduras (6e), confronté à «une explosion de violences, au crime organisé et à la présence de gangs», est le seul des dix pays situé hors du continent africain.
«Dans le monde entier, il y a eu un déficit record de 32 milliards de dollars dans les budgets consacrés à l’aide, laissant 57 % des besoins humanitaires non satisfaits en 2023», indique NRC. «La négligence politique internationale, la couverture médiatique limitée, la lassitude des bailleurs et les besoins humanitaires de plus en plus importants contribuent à une tendance plus large à la négligence», affirme l’ONG. «La société elle-même est dans un état de lassitude face aux crises», dit-elle.
Par Abdoulaye OUATTARA