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Crise socio-politique et sécuritaire : IBK peut-il réconcilier ?

Réconcilier, Rassembler et Mobiliser les Maliens sont entre autres les maîtres mots du discours du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, depuis son accession à la magistrature suprême. Mais au-delà du discours, IBK est-il en mesure de réconcilier les Maliens ? Si sa personnalité est de nature à rassurer, certains actes posés çà et là par le président le sont moins.president ibrahim boubacar keita rpm koulouba investiture 4 septembre francois hollande

Juste après son élection à la présidence de la République, Ibrahim Boubacar Keïta s’est adressé aux Maliens en promettant d’être « le père de la réconciliation nationale ». Cette réconciliation nécessite à tous points de vue des sacrifices, des actes de courage et un moral d’acier. Mais, depuis son investiture, le chef de l’Etat multiplie les actes qui ne donnent aucune chance à la réconciliation. E qui, au contraire, exacerbent la haine et provoquent l’ire de bon nombre de Maliens.

Quand on parle de réconciliation, il ne s’agit pas seulement du Nord. Il faut aussi  réconcilier le sud pour les douloureux évènements survenus après le coup d’Etat du 22 mars 2012. Il faut réconcilier les forces armées et de sécurité. Et même les différents présidents de la République qui, de toute évidence, ont des choses à se reprocher.

Loin de vouloir mettre de l’huile sur le feu, il est important de rappeler que le camp d’IBK en veut à Alpha Oumar Konaré, pour avoir empêché, selon eux, leur mentor d’accéder à la magistrature suprême en 2002. Pendant les dix dernières années, les partisans du nouveau président ont étalé sur la place publique, les divergences entre IBK et AOK. N’est-il pas temps d’enterrer la hache de guerre ?

S’agissant d’ATT, IBK n’a pas manqué d’occasions pour critiquer le bilan de son prédécesseur. Un bilan dont il est lui aussi comptable pour avoir participé pendant les dix dernières années à la gestion du pays. En critiquant ce bilan, IBK, lui-même, a contribué à instaurer un climat de méfiance entre lui et Amadou Toumani Touré.

Le 4 septembre dernier, lors de son investiture, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta qualifiait l’ancien dictateur, Moussa Traoré, de « Grand Républicain », en présence de nombre de démocrates présents dans la salle. Dois-je conclure que Mountaga Tall, Oumar Mariko, Soumaïla Cissé et bien d’autres n’étaient pas gênés par cette soudaine « réhabilitation » de GMT. Que dire des parents des victimes de la répression de mars 1991. Pardonneront-ils à IBK d’avoir remuer le couteau dans la plaie ?

Aussi, en choisissant IBK comme président de la République, les Maliens aspirent au changement des hommes et du système. Mais à l’annonce du gouvernement de Oumar Tatam Ly, la déception fut grande. La plupart de nos compatriotes ne se retrouvent pas dans la composition du premier gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta. Vouloir faire du neuf avec du vieux est un acte qu’on reproche au chef de l’Etat. Et certains de ses partisans ne seraient pas prêts à le tolérer, encore moins à lui pardonner.

Toujours concernant le gouvernement, le choix de Zahabi Ould Sidi Mohamed à la tête de la diplomatie malienne et du général Moussa Sinko Coulibaly à l’Administration territoriale, n’est pas une décision pouvant favoriser la réconciliation nationale.

Le premier est connu pour avoir été un des ennemis de la République pendant les années 1990 et n’ayant jamais fait officiellement son mea-culpa. Au nom de quoi, IBK a mis la diplomatie malienne entre les mains d’un ancien « hors la loi » ?

Quant au second, IBK sait pertinemment que son choix n’augure rien de bon entre lui et la classe politique, dont une frange importante, notamment le FDR, voit dans cette reconduction une volonté manifeste de l’administration IBK de tripatouiller les prochaines élections législatives.

Ibrahim Boubacar Keïta est, aujourd’hui, le président de la République en exercice. C’est à lui que revient la responsabilité de poser des actes favorisant la réconciliation nationale. Il doit agir dans le sens d’une véritable réconciliation. Avant d’entamer quelles que actions que ce soit, IBK doit donner le bon exemple à son peuple. C’est seulement après un acte courageux (du genre unir ses prédécesseurs autour de lui) qu’il pourra entreprendre de réconcilier les communautés du nord, le nord et le sud, la classe politique, l’armée … et la nation malienne.

Le président IBK doit d’abord pardonner, lui-même, à ses prédécesseurs (Alpha et ATT) comme Dioncounda l’a fait à ses agresseurs du 21 mai 2012.

 

Idrissa Maïga

Source: L’Aube

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