La section ADEMA-PASJ France a fait part de ses impressions sur la crise socio-politique du Mali à travers un communiqué de presse à la fin de la semaine dernière. Dans cette communication, cette section ne fait aucun doute sur l’existence d’une crise multidimensionnelle (sécuritaire, politique, économique, sociale, culturelle… etc.) que traverse le Mali depuis plusieurs années. Bien que reconnaissant la diversité des origines de cette crise, la section ADEMA-PASJ France note que « la plus visible et palpable est la faillite des hommes et des femmes politiques traditionnels. »
En effet, selon l’ADEMA-PASJ France, la confiance a été rompue entre le peuple et ses représentants. Il ne se reconnait plus en ses élus parce que ceux-ci ne travaillent plus à la résolution des difficultés auxquelles il est exposé, explique-t-on dans le communiqué. Aux dires de cette section, les élus « ne se préoccupent que de leurs conforts égoïstes et personnels au mépris de l’intérêt général, faisant ainsi mauvais usage du suffrage du Peuple ».
L’arrogance, la corruption, le népotisme, le détournement des deniers publics, l’impunité ont été les signes annonciateurs de cette situation qui prévaut aujourd’hui, indique-t-on. C’est le résultat d’un malaise généralisé, estime-t-on. Selon cette section, au Mali, il existe désormais une justice à deux vitesses : celle pour les pauvres et les faibles et celle pour les riches et les puissants. « Des dossiers judiciaires compromettant des dignitaires et acolytes sont classés sans suite », écrit-on dans ce communiqué dans lequel il est souligné que ces « élites », qui nous gouvernent, ont tout appris sauf les Devises de nos ancêtres. Elles ont toutes les qualités sauf le courage, le patriotisme, la probité et la morale. »
À en croire la section ADEMA-PASJ France, ceux qui gouvernent le Mali aujourd’hui sont comparables à « des loups qui se couvrent de peaux de mouton afin de déjouer la vigilance du troupeau de moutons ». Ils sont musulmans ou chrétiens en apparence, mais leurs comportements sont en total déphasage avec les principes desdites religions, déplore-t-on. Ils ont sacrifié les vertus chères à leurs ancêtres : mériter la confiance des autres (Danaya), tenir sa parole (koumakan), honorer ses promesses ou son engagement pris (lahidoukan) et rester fidèle à son serment (kalikan).
Depuis dix ans, la bonne gouvernance, la bonne gestion des affaires publiques et du dénier public sont devenues des rêves pour les Maliens, indique-t-on. À ceux-ci s’ajoute l’insécurité qui ne fait que s’aggraver depuis 2012 en compromettant l’intégrité du territoire, explique-t-il.
« Quand nous constatons, combien de monde avait contribué deux fois à l’élection d’IBK à la présidence de la République du Mali, et quand nous voyons combien de monde avait participé à la gestion du pays depuis cette date, nous assistons aujourd’hui à d’énormes foules mobilisées dans les rues de Bamako et dans les capitales régionales pour dénoncer les dérives et les injustices du pouvoir, malgré tout, nous aurons toujours du mal à avoir des personnes dignes de confiance in fine », fait-on remarquer.
Fidèle aux principes fondamentaux d’un état de droit, de démocratie, du respect du bien public et « le Servir et non se Servir », la section Adema France se dit favorable au « vent nouveau qui souffle sur le pays tout entier et par ricochet le Mouvement de contestation et de révolte populaire contre le pouvoir et la non-gouvernance au Mali ». À en croire cette section de l’ADEMA, le Mali a besoin d’une réforme profonde et courageuse. Pour y réussir, il se dit favorable à la voie empruntée par le M5-RFP : obtenir le changement sans violence et sans effusion de sang. À ce titre, il fait des propositions à son nouvel allié : la dissolution de l’Assemblée nationale, la démission des conseillers de la Cour Constitutionnelle, la composition d’un gouvernement d’Union Nationale de Transition avec la participation de la Diaspora, la Création d’une Constituante (Structure de Transition) composée des représentants de toutes les couches socio-professionnelles et de la diaspora, un Premier ministre avec des Pouvoirs élargis et bien définis, placé sous l’autorité du Président de la Constituante, éviter une humiliation au président de la République en le maintenant dans une fonction honorifique jusqu’à la fin du mandat.
« Tout au long du processus engagé, il faut encore une fois prouver au monde que nous sommes un grand Peuple et une vieille Civilisation, rompus à régler nos problèmes pacifiquement malgré leur acuité », invite-t-il.
Ce gouvernement de transition aura la lourde tâche de rouvrir tous les dossiers de justice « en souffrance dans les tribunaux ou classés sans suite ». En plus, il travaillera à l’organisation du referendum. Le mandat de ce gouvernement prendra fin « après l’organisation et la tenue d’élections présidentielle et législative crédibles, transparentes et libres ». Parlant des élections législatives, la section ADEMA France recommande également « une loi électorale instituant le scrutin législatif uninominal à deux tours et mettre fin au scrutin de listes et aux alliances contre nature. Il faut instituer une circonscription, un député ou instaurer le scrutin à la proportionnelle plus juste et plus équitable », propose-t-on.
Fousseni Togola