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Crise socio-politique au Mali: la solution passe par la traque des délinquants financiers !

« Pour édifier un Etat démocratique et indépendant, une nation ne doit pas manquer d’implanter fermement les fondations d’une économie indépendante et pour ce faire, elle doit développer rapidement son économie. Sans les fondations d’une économie indépendante, nous ne pourrons ni acquérir ni l’indépendance, ni édifier notre État, ni vivre. » (Kim Il Sung).

 

Est-il besoin de dire que les premiers ennemis à la parade de tout développement réel et durable du Mali sont la corruption et la délinquance financière ! En guise de rappel, il convient de noter que la première République du Mali a opté pour une économie nationale, indépendante et planifiée. Comme pour dire que le régime de Modibo Keïta, pour édifier un Mali nouveau, avait entrepris de ne compter que sur nous- mêmes. C’est en cela qu’il convient de situer la volonté politique inébranlable du régime nationaliste de Modibo Keïta de s’investir corps et âme pour une industrialisation rapide et efficiente du Mali.

Pour réussir cette industrialisation du pays, Modibo a entrepris la modernisation à grande échelle de l’agriculture et de l’élevage. Cela était une impérieuse nécessité pour l’indépendance réelle de notre pays car un peuple qui a faim n’est pas un peuple libre (dit-on souvent).

Pour le besoin de la cause, le président Modibo a construit une vingtaine d’usines de transformation sur place de nos produits locaux. C’est là qu’on peut s’inscrire dans la dynamique d’une indépendance économique et donc politique. Cela est une évidence dans la mesure où la lutte contre toute dépendance économique est une chimère tant que l’on sera lié par les importations de produits fondamentaux.

C’est pourquoi Edgar Pisani avait averti: «Rejeter la dépendance économique et l’aliénation culturelle c’est n’importer que le strict nécessaire…». Mais ce n’est pas tout : pour réussir cette tâche, Modibo a entrepris d’instaurer la modestie du train de vie des gouvernants. C’est en cela qu’il convient de rappeler ces lignes du sieur Pisani. Il disait: «Un meilleur équilibre général suppose la réduction du train de vie des mieux pourvus». Fort malheureusement, des soldats apatrides ont tout simplement donné un coup d’arrêt à cette volonté nationaliste de Modibo Keïta de construire un Mali fort économiquement et donc indépendant vis-à-vis de la France coloniale. C’était le 19 novembre 1968. Une page de l’histoire de notre pays était tournée depuis ce jour.

En lieu et place de l’esprit de sacrifice et du combat patriotique, Moussa Traoré a orchestré un vide politique de dix ans. C’était pour tuer en notre peuple l’esprit révolutionnaire dont le seul gage était la défense des intérêts fondamentaux de notre peuple laborieux.

La suite, on la connaît: les graines de la gabegie, de l’escroquerie, du détournement de deniers publics, de l’affairisme semés par le régime insouciant de Moussa ont germé pendant que Alpha Oumar Konaré était aux affaires. Pendant dix ans, on a assisté au Mali à la sape de tous les secteurs de dignité de notre peuple travailleur.

À ce niveau, on peut dire avec juste raison que la démocratie au Mali est très mal partie. L’on comprend donc pourquoi le régime du général ATT, pour se livrer aux contes de fée pour amuser la galerie, a remorqué pratiquement toute la classe politique malienne. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que le gage de ces politiciens maliens n’était nullement de se donner corps et âme pour la construction nationale, mais bien au contraire pour épouser la corruption et la délinquance financière comme mode de vie.

Aujourd’hui, ces deux maux sont à la parade de notre développement national. Pratiquement, tous les politiciens sont trempés jusqu’au cou dans la recherche d’intérêts sordides privés, foulant donc au pied la probité morale et le sens élevé de la défense des intérêts nationaux.

L’on comprend donc pourquoi au Mali aujourd’hui le sens élevé de la dignité et de l’honneur ont disparu au profit du jeu favori de ceux qui ne peuvent vivre que de la politique malveillante qui se résume dans les coups bas, les sales besognes, les malversations financières, la corruption, le népotisme, l’affairisme, le blanchiment d’argent. Une question fatidique se pose donc à un moment où rien ne va dans notre pays: comment venir à bout de la crise socio- politique qui mine dangereusement l’avenir immédiat de notre peuple ? Comme on le dit souvent, aux grands maux, il faut les grands remèdes ! Nul doute aujourd’hui que les masses laborieuses du Mali souffrent dans leur chair et dans leur conscience les affres de la corruption et de la nauséabonde délinquance financière.

Si sous le régime de Alpha Oumar Konaré, les chiffres faisaient état de vingt et un milliardaires dont quinze haut fonctionnaires, si avec ATT ces chiffres ont presque doublé, on ne sait plus sous IBK jusqu’où s’est envolé le vautour de cette délinquance financière qui assassine froidement les pauvres et fortifie une bourgeoisie vagabonde dont le gage était et reste la spoliation de ceux dont le seul crime est de naître dans le vestibule de la pauvreté humiliante.

Aujourd’hui, il n’est point besoin de dire que la corruption et la délinquance financière constituent les deux maux qui tuent l’espoir en ce peuple travailleur. Il faut dire qu’en toute vérité, bien de ceux qui demandent aujourd’hui le départ du président sont, dans leur écrasante majorité, comptables de la déchéance économique, morale et financière que vit le peuple laborieux du Mali.

En tout état de cause, beaucoup d’acteurs de la contestation d’aujourd’hui ont participé de près ou de loin à la calamiteuse gestion de nos affaires par les régimes dits démocratiques (s’ils en sont un seul instant !). C’est au regard de la pourriture nationale que notre peuple s’est levé comme un seul homme pour dire à Moussa Traoré que trop c’est trop, d’où l’unique cri de cœur que l’on entendait dans les rues, à l’école, dans les stades et même dans les cuisines: ‘‘An tè korolen fê fo koura’’. Ce qui signifie que notre peuple avait soif du kokadjè qui était et qui reste le seul moyen de traquer tous les déprédateurs du tissu socioéconomique national.

L’on comprend donc que c’est la trahison de cette cause populaire qui a plongé notre pays dans cette gestion catastrophique dont il reste victime.

Il ne faut donc pas se voiler la face, le problème va bien au-delà de la personne du président de la République. C’est tout le système qui est en cause car bien de gens malveillants ont profité de la ‘‘démocratie’’ malienne pour se sucrer, s’enrichir sur le dos des contribuables maliens.

Pour en savoir davantage, il importe de se reporter sur les résultats des enquêtes contre l’enrichissement illicite du Vérificateur général. Les dossiers qu’il monte doivent être portés à la connaissance de ces contribuables maliens. Le combat véritable aujourd’hui c’est la traque de la délinquance financière et de la corruption qui gangrènent mortellement la vie de nos femmes et de nos enfants.

Seulement par cette traque, il est possible de redonner confiance à ce peuple travailleur qui n’a que trop souffert. Son indépendance réelle passe nécessairement par l’édification d’un État démocratique, fort et responsable, totalement à l’antipode de la corruption et de la délinquance financière. Il faut ramener les Maliens à vivre uniquement de leur sueur en vue de servir utilement le Mali. C’est à ce seul prix (non le changement des hommes à la tête de nos affaires qui pour la plupart sont pourris) que l’on peut réussir la fondation d’une économie indépendante au service des travailleurs du Mali.

Kim Il Sung avait fait de cette tâche son cheval de bataille. Il disait: «Pour édifier un État démocratique et indépendant, une nation ne doit pas manquer d’implanter fermement les fondations d’une économie indépendante et pour ce faire, elle doit développer rapidement son économie. Sans les fondations d’une économie indépendante, nous ne pourrons ni acquérir ni l’indépendance, ni édifier notre État, ni vivre.»

Pour servir utilement notre peuple et édifier un État démocratique crédible (bien loin de l’affairisme politico- religieux que l’on connaît aujourd’hui), il est indispensable de mener la traque de la corruption et de la délinquance financière.

Seulement ainsi le Mali retrouvera sa place véritable dans le concert des grandes nations du monde. Seulement ainsi, on servira dignement notre système éducatif national qui jusqu’ici reste le dernier souci de nos gouvernants. C’est dire que les révolutions de palais ne peuvent servir utilement le Mali. Il faut une refondation de ce pays et la naissance du Malien nouveau digne d’envie.

Fodé KEITA

Source : l inter de Bamako

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