La médiation entamée au soir du 25 mai entre le Vice-président de la transition et la délégation de la CEDEAO, avec à sa tête le médiateur Goodluck Jonathan n’est pas encore à son épilogue. Mais, dans l’ensemble, la vie reprend dans la capitale et les régions du Mali. Pendant que la carte de la diplomatie se joue à Kati, la population se livre à des débats sans fin et parfois sans connaître les dessous de cette nouvelle crise. En réalité, elle est dans une posture où elle ne peut qu’attendre les déclarations officielles. Des décisions qui donneront une nouvelle tournure à la page politique ouverte depuis le coup d’état du 18 août 2020 au Mali, avec la démission d’Ibrahim Boubacar Keita de ses fonctions de Président de la République un jour plus tard.

 

Avec ou sans loupe, le mode opératoire est resté pratiquement le même, à quelques exceptions près. Grèves incessantes, et d’ailleurs prolongées malgré la démission du gouvernement, grande marche annoncée pour début juin, nouveau gouvernement « élargi », avec une durée de vie d’à peine une heure, et le coup de grâce, avec l’autorité suprême et le chef du gouvernement transportés à Kati par des militaires en fonction, suivie le lendemain d’un message annonçant leur destitution sur la chaîne nationale.

Par ailleurs, la grève des travailleurs qui a paralysé plusieurs secteurs d’activités a été levée le 25 mai 2021 après la destitution du Président de la Transition Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane, par le Vice-président de la transition Assimi Goita, militaire en fonction. Simple coïncidence? L’on se rappelle que quelques jours avant, le 17 mai 2021, un message du Ministère du Travail et de la fonction publique appelait à travers son secrétariat général les différents secrétaires généraux des mouvements syndicaux « à bien vouloir surseoir » à leurs différents mots d’ordre de grève, « en l’absence d’interlocuteur pour engager l’État ». Ce qui n’avait pas empêché la deuxième phase de grève de l’UNTM, qui devait s’étendre du 24 au 28 mai. Quelques heures après la destitution de Bah N’Daw et de Moctar Ouane, dans un communiqué, l’UNTM levait immédiatement son mot d’ordre « considérant l’absence d’interlocuteurs fiables ».

C’est donc du haut de son commandement que Assimi Goita a fait lire, dans un flash à la télévision nationale, la communication qui donne sa version des  faits dans cette nouvelle crise institutionnelle que traverse le Mali depuis le 23 mai 2021, date à laquelle les 25 membres du nouveau gouvernement ont été connus. Dès l’entame du communiqué, le désormais ex Premier ministre de la transition est indexé: « (…) le gouvernement dirigé par Monsieur Moctar Ouane s’est montré incapable de constituer un interlocuteur fiable, susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux », faisant référence aux grèves et manifestations politiques en boucle dans le pays. Pourtant, ces mouvements n’ont pas cessé de rythmer le quotidien des Maliens, depuis le régime dissous après le coup d’État de 2020 jusqu’à cette transition toujours en quête d’affirmation politique et de « confiance ».

Idelette BISSUU