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Crise à la FSEG: le choc des arguments des pro et anti doyen

La crise à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Tandis qu’un groupe d’enseignants accuse le doyen, le Pr Ousmane Papa KANTE, de pratiques anti-pédagogiques tout en réclamant sa révocation pure et simple, au même moment, un autre groupe d’enseignants se vante des prouesses du même responsable universitaire. Entre ces deux feux se trouvent les étudiants et leurs parents principales victimes de ce bras de fer qui perdure.

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Pour en savoir davantage sur les raisons de cette crise, notre équipe de reportage a jugé nécessaire de rencontrer les acteurs de cette crise, dont les perdants s’appellent les étudiants et le Mali.

À la FSEG, le porte-parole des enseignants contestataires est Tahirou SANGARE et celui des enseignants qui défendent les idéaux du Doyen, le Pr Ousmane Papa KANTE, est Adama KONE.

Interdiction de Pr permanents
Depuis quelques mois, des professeurs ne manquent pas d’exprimer leur colère contre Doyen de la FSEG pour les avoir congédiés du corps professoral dudit établissement pour fait de grève.
Sur le sujet, le Pr Tahirou SANGARE, dira que cela est devenu une habitude pour le Doyen Ousmane Papa KANTE, à chaque fois qu’il y a grève, il procède immédiatement au remplacement des Professeurs permanents par « ’des personnes de tout bord »’.
« Vous pensez qu’à l’Enseignement supérieur, l’enseignant est remplaçable », s’est interrogé Adama KONE ? Avant de confier que ce sont « les amis du Doyen et les amis de ses amis » qui sont appelés à remplacer des enseignants qui ont fait plus de 20 années de carrière.
« Il n’est pas possible d’avoir des enseignants valables comme ceux dont il empêchent de regagner les classes aujourd’hui. C’est simplement un sabotage de l’Enseignement que le Doyen qui est train de faire et le gouvernement le supporte en pensant qu’il peut l’aider à détruire le SNESUP. Le gouvernement sait pertinemment que ce Doyen n’honore pas la FSEG », a-t-il martelé.
Sur cette question, Pr Tahirou SANGARE a reconnu que les enseignants qui ont décidé d’aller en grève en ont le plein droit, tout en soulignant que le droit de travail a précédé le droit de grève.
« Nous n’avons pas grevé et nous n’allons pas grever, l’année ne sera pas blanche ; elle sera des plus studieuse », a déclaré Adama KONE.
Après la grève, a-t-il expliqué, des professeurs sont retournés à l’école et ont été accueillis à bras ouverts. S’agissant de la question de vacataires qui enseignent, il dira que dans n’importe quelle université, ceux-ci donnent les cours. « ’Ce sont les mêmes professeurs qui ont eu les mêmes formations, qui ont les mêmes titres, qui ont les mêmes diplômes et qui ont les mêmes bagages intellectuels que les permanents. Un vacataire à la FSEG peut être titulaire dans une autre Faculté. Avec le mot vacataire, l’on essaye de trouver la petite bête là où il n’y en a pas », a argumenté Adama KONE.
Concernant les sorties médiatiques des partisans du Doyen KANTE, le porte-parole des enseignants contestataires estime qu’elles consistent simplement à faire en sorte que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique signe les arrêtés d’heures supplémentaires du second semestre qui n’est pas encore fait.
Ainsi, il a vivement dénoncé le fait que le projet d’arrêté des heures supplémentaires soit transmis au cabinet sans les noms des professeurs titulaires.
À son avis, cette sortie médiatique est tout simplement une guerre des heures supplémentaires qui vise à exclure les permanents qui dénoncent les actes anti-pédagogiques du doyen. Des permanents qui ne veulent pas cautionner son faux et usage du faux, soutient-il.
Pour sa part, M. SANGARE estime que le Doyen d’une Faculté n’a pas besoin de présenter son bilan à la télé ; si toutefois celui-ci ne se reproche pas quelque chose.
Dans la cour de la Faculté des sciences économiques et de gestion, notre équipe de reportage a échangé avec une quinzaine d’étudiants sur le déroulement des cours et des examens.
Les examens oraux payants
Selon Tahirou SANGARE, professeur à la FSEG, les faits reprochés au Pr Ousmane Papa KANTE, à savoir la vente de notes, sont des actes anti-pédagogiques.
Aussi, a-t-il expliqué, le Doyen, pour soutirer de l’argent aux étudiants, a créé une 3e session en violation des textes de l’Enseignement supérieur. En effet, explique M. SANGARE, dans le système LMD actuel, l’étudiant, qui fait la session et l’examen de rattrapage, n’a plus de chance de faire un autre examen, la même année. La seule chance pour l’étudiant, dit-il, est que le corps professoral l’accepter au semestre suivant pour qu’il valide l’unité d’enseignement non validée avec la génération qui le suit.
“Contrairement à cette stratégie qui existe déjà, le système mis en place par le Pr Ousmane Papa KANTE consiste à ouvrir une 3e session payante pour les étudiants qui sont dans cette situation. La condition pour participer à ladite session est le payement de 10 000 FCFA par unité d’enseignement non validée. Un système que le doyen fait appeler examens oraux payants”, a critiqué Tahirou SANGARE.
Selon notre interlocuteur, plus de 500 étudiants étaient dans cette situation à la FSEG, cette année.
De même, il reproche au Doyen et ses collaborateurs, dont le Recteur de l’Université des sciences sociales et de gestion, le Pr Samba DIALLO, d’avoir encaissé plusieurs millions frauduleusement générés par l’organisation d’examens dits oraux payants.
“Le Recteur est complice de tous les problèmes qui sévissent à la FSEG. Lors des négociations du 12 juin, le Recteur et le Doyen ont tous reconnu leur faute devant la commission de réconciliation”, a déclaré M. SANGARE. Et d’ajouter que le Recteur a affirmé qu’il est complice de tout ce qui s’est passé et que si quelqu’un doit être sanctionné c’est bien lui.
Après avoir reconnu les reproches contre lui, précise M. SANGARE, le recteur avait accepté de suspendre le Doyen, conformément aux textes en vigueur, avant de se rebiffer. Il indique alors que c’est seul le ministre de l’Enseignement supérieur qui est habilité à pouvoir suspendre un Doyen.
À la date d’aujourd’hui, par la voix de M SANGARE, les enseignants contestataires de la FSEG ne réclament plus la suspension du Doyen KANTE, mais sa révocation pure et simple.
Selon leur porte-parole, tant que le Doyen KANTE n’est pas révoqué les enseignants contestateurs continueront à se battre pour le respect du droit jusqu’à la fin de son mandat en 2019. Selon les enseignants frondeurs, le doyen KANTE a largement montré ses limites pour la gouvernance de la FSEG et il doit partir.
Quant à Adama KONE, enseignant fidèle au Doyen Pr KANTE, il a rappelé que lesdits examens oraux payants, à l’origine du divorce entre le décanat et la FSEG et certains enseignants, ne sont pas une nouvelle création du Doyen KANTE. Mieux, a témoigné M KONE, tout se fait dans la transparence totale. Pour preuve : tous les supports juridiques des examens oraux payants sont conditionnés à la remise de quittances aux étudiants.
À en croire M. KONE, ce sont les étudiants qui avaient démarché l’administration de la FSEG pour qu’il y ait une 3e session de rattrapage pour leurs camarades qui n’avaient pas pu valider un certain nombre d’unités de valeur.
“Les examens oraux payants ont été organisés sur instruction du Recteur pour donner la possibilité aux étudiants qui n’ont pas beaucoup d’unité d’enseignement à valider”, a expliqué Adama KONE.
L’État, a déclaré Adama KONE, donne une enveloppe aux Facultés pour les frais de correction et de surveillance des examens. Une fois cette enveloppe bouclée, il n’y a plus d’argent pour faire face aux dépenses. C’est la raison pour laquelle, il a été décidé de faire contribuer les étudiants.
Il a rassuré que les montants perçus sont directement versés dans les caisses de l’État avec l’utilisation des quittances du Trésor. Après avoir fait la clé de répartition, a noté M KONE, une quote-part est revenue au Rectorat et à la Faculté qui ont reçu 6,5 millions de FCFA. Ces fonds, a-t-il révélé, étaient destinés surtout à l’équipement de la bibliothèque de la FSEG.

L’année universitaire
Sur la “’couleur de l’année”’, Tahirou SANGARE n’est pas allé par mille chemins. Pour lui, c’est une année blanche qui profile à l’horizon à la FSEG.
“À la FSEG, c’est une année blanche qui ne dit pas son nom. Politiquement, on n’a pas le courage de le dire, sinon en réalité, c’est une année blanche”, a déclaré Tahirou SANGARE. Comme preuve, il a indiqué que le semestre 1 pour l’année universitaire 2016-2017 n’est pas encore bouclé.
Selon ses dires, la session a été faite, mais l’examen de rattrapage n’est pas encore organisé.
“Le Doyen et son clan sont en train de faire la mascarade en sautant l’examen de rattrapage pour se lancer à l’organisation du semestre 2”, a critiqué M. SANGARE. Aussi, révèle-t-il, les générations qui doivent faire le semestre 3 et le semestre 4 sont en train de faire les deux semestres dans le désordre alors que les semestres ne doivent pas se chevaucher.
Il soutient fermement que c’est une année blanche qui s’annonce contrairement à ce que certains font croire en soutenant que cette Faculté est en avance par rapport aux autres.
“Tous les dimanches, des examens sont organisés ; et il n’y a pas de résultats. Le seul résultat proclamé est le semestre 1, dont l’examen de rattrapage n’est pas encore fait”, a-t-il précisé.
Sur la même question, à savoir la validation de l’année, Adama KONE dira que la situation à la FSEG est des plus tranquilles. Et pour cause ? Depuis le mois d’avril 2017, la Faculté s’est engagée dans la logique de ne point observer une seule minute de grève lancée par les syndicats enseignants.
“Nous avons travaillé d’arrache-pied et les résultats de la première session ont été proclamés. Les matières de la deuxième session sont en cours et l’ensemble des évaluations prendra fin d’ici au 30 novembre courant”, a noté avec fierté M. KONE. Et de rassurer : “toutes les matières sont enseignées sans exclusive et que le 1er semestre a été entièrement bouclé.
M KONE va plus loin en soutenant que si d’aventure la Faculté n’avait pas pu enseigner toutes les disciplines, l’administration ne parlerait pas de validation de l’année universitaire à la FSEG.
Selon lui, le challenge lancé par le doyen Ousmane Papa KANTE est en passe d’être levé avec satisfaction.

PAR MODIBO KONE

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