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Crise au nord : La guerre de Kidal n’aura pas lieu

Au moment où je trace ces lignes, je suis très attristé de confesser que mon pays, le Mali, a perdu la guerre de la communication dans la gestion de la crise qui l’oppose au MNLA et ses alliés narcoterroristes qui avaient nourri le dessein funeste de réduire la République en un sultanat moyenâgeux.

Kidal est toujours sous contrôle du Mouvement national de libération de l’Azawad, le MNLA. wikipedia

Kidal est toujours sous contrôle du Mouvement national de libération de l’Azawad, le MNLA.
wikipedia

Quand deux à trois apatrides s’époumonaient dans les médias européens à vendre cette cause illégitime, illégale, illusoire et ubuesque, nous Maliens, pour notre part, restions désespérément absents du terrain de la communication comme si nous étions tétanisés par les événements.

Le préjudice causé au Mali par notre manque de réactivité collectif est inestimable et irréversible. Ceux d’en face ont eu beau jeu de vendre à la communauté internationale que nous étions de viles esclavagistes et des « génocidaires »  façonnés à la sauce de la « Radio des Mille Collines » qui voulaient rayer les hommes bleus du désert de la surface de la terre. Même l’assassinat froid et méthodique de plus d’une centaine de nos militaires du camp d’Aguelhok n’a pas contribué à ouvrir les yeux des Occidentaux sur la nature criminelle du projet du MNLA & Co.

 

La question qu’il faut se poser : faut-il passer par pertes et profits tous ces crimes de guerre, crimes contre l’humanité, de sédition, de rébellion et de destruction massive des infrastructures socio-économiques et culturelles de notre pays ? Que non !

 

Le temps viendra où chacun répondra de ses actes et paiera au Mali et à la justice internationale le prix de ses errements. Notre devoir est de documenter les crimes commis et de réunir les preuves – des plus petites aux plus grandes – pour la tenue d’un « procès de Nuremberg des tropiques ». Faisons confiance à la justice des hommes et de Dieu et allons de l’avant sur la voie du règlement politique de la crise.

 

A ce propos, je vais vous décevoir : les militaires maliens n’entreront pas à Kidal pour casser du Touareg. Ils piaffent d’impatience d’en découdre pour prouver au Mali et au reste du monde que les grandes gueules du MNLA ne sont, en réalité, que des tigres en carton. Mais il n’en sera rien !

 

La grande Armée du Mali gardera les armes au pied. Il en va de son honneur, car elle ne saurait canaliser la hargne vengeresse de ses troupes. C’est l’honneur du Mali qui est en cause, un Mali qui a peiné à donner la réplique à la propagande du MNLA et de ses soutiens tapis dans les médias et dans les associations/organisations de défense des droits de l’Homme toujours promptes à pointer les prétendues représailles et les exactions de l’Armée contre les populations qu’elle est supposée protéger.

 

Il en va ensuite de l’honneur de nos alliés de la Misma et du Tchad qui ne souhaiteraient pas que leur engagement dans les sables mouvants maliens soit entaché de quelque crime de guerre dont ils auraient à avoir honte ou à répondre.

Enfin, il est de l’honneur des troupes Serval, donc de la France, que la guerre au Mali reste « propre » et que l’issue de l’engagement consacre le professionnalisme de nos « cousins » français accourus au bord du fleuve Niger pour payer une partie de leur dette de sang en reconnaissance du sacrifice des  « tirailleurs sénégalais » lors de la Grande Guerre.

 

Au regard de ce qui précède, la probabilité est nulle de voir un engagement militaire à Kidal, d’être exposé aux images de reddition par la force de Kidal et des irresponsables qui y paradent au grand dam de leur propre population.

 

Dans cette analyse, un autre événement majeur mérite d’être pris en compte, c’est la tenue le 15 mai dernier à Bruxelles de la conférence internationale des donateurs pour le développement du Mali à l’initiative conjointe de la France et de l’Union européenne. En une journée, trois milliards et poussières d’euros de contribution ont été annoncés à ce téléthon d’un genre tout particulier.

 

Victoire éclatante de notre diplomatie et preuve supplémentaire de la solidarité et de la grande mobilisation de la communauté internationale pour remettre à flot notre pays ! C’est un vrai Plan Marshall qui est en train de se mettre en place, mais qui a besoin d’être conforté par notre volonté commune de privilégier un règlement politique de la crise au détriment de la voie des armes.

 

Les va-t-en-guerre des deux camps ont tort et n’auront pas à en découdre au regard des pressions de toutes sortes qui sont exercées sur  les protagonistes. Il est temps que les extrémistes des deux camps comprennent cette évolution dans la crise et que les personnes de bon conseil œuvrent à les mettre en minorité. L’heure est venue pour que la voix de la raison puisse enfin être audible et que s’éteigne, à jamais, celle de la passion qui nous conduit droit à un suicide collectif. Ce suicide, il est évitable, et nous devrions tous, chacun dans le rôle qui est le sien, travailler à cette fin.

 

Aujourd’hui, la communauté internationale veut que nous lui donnions un gage de notre détermination et de notre engagement à construire la paix et le développement au profit de l’ensemble des Maliens, sans considération de leur ethnie, de leur religion, de leur mode de vie et de leur appartenance géographique. C’est le sens de la mise en place de la Commission dialogue et réconciliation que nous avons tous intérêt à soutenir et à supporter.

La sympathie de la communauté internationale est un formidable essai qu’il faut transformer au profit de la reconstruction de notre pays. Chaque fille, chaque fils du Mali doit opérer en lui-même une rupture dans le sens de travailler à consolider durablement les fondements du Mali nouveau. Car c’est de cela qu’il est question et nous ne devrions pas nous lasser de le rappeler.

 

Il est temps de retrousser nos manches pour travailler dur, et renoncer définitivement à notre mentalité atavique d’assistés, d’insatisfaits, de pleurnichards, d’enfants gâtés de la République et de rentiers. Prouvons-le, dès à présent, en nous inscrivant sans calcul dans le processus électoral en cours de maturation.

 

L’élection présidentielle doit se faire en juillet prochain. J’en ai l’intime conviction, elle se fera, non sans des difficultés objectives. D’ailleurs, les difficultés ne sont-elles faites pour être surmontées ? Le défi n’est pas au-dessus de nos moyens. Il faut y croire et mettre à contribution notre intelligence collective pour résoudre la quadrature du cercle.

 

Pour une fois, soyons responsable et sortons des petits calculs d’épicier qui ne font que nous éloigner des solutions à portée de main. Notre pays vit une situation anormale que ne nul n’a le droit d’ignorer. A Bruxelles, des milliers de milliards de F CFA sont tombés sur notre pays. Mais cet argent est virtuel. Nous n’en verrons la couleur que si nous acceptons d’aller à des élections propres et unanimement reconnues comme telles par les observateurs du monde entier dont les valises sont déjà bouclées pour débarquer dans notre pays. Il faut se convaincre que le monde entier nous pousse à aller aux élections cet été et qu’il serait suicidaire, pour quelque raison que ce soit, de trainer les pieds ou de manifester quelque mauvaise foi. La sanction, je n’ose pas l’imaginer, serait brutale et catastrophique pour notre pays. Pour nous-mêmes et pour la postérité, nous avons le devoir d’éviter un tel scénario.

 

Après les élections que nous saurons réussir, même péniblement, il faut continuer de mériter de la confiance de la communauté internationale en mettant en place des procédures très transparentes de gestion des subsides qu’elle nous octroie. Chaque centime dépensé doit être justifié, motivé et traçable. Les passes, les retro-passes, les bakchichs, les dessous de table et toutes les petites combines entre copains et coquins seront bannis à tout jamais de nos procédures pour faire place à la transparence la plus absolue.

Tout citoyen malien ou citoyen du monde doit pouvoir suivre en temps réel les mécanismes de décaissement, les procédures d’affectation des ressources, d’attribution des marchés aux différents prestataires de services. En outre, des critères et indicateurs de performance devront être mis en place pour attester de l’efficacité et de l’efficience des aides. Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, l’argent récolté à Bruxelles et effectivement engrangé doit pouvoir créer les conditions de la durabilité du take off de notre économie.

Ce n’est pas la mer à boire ; il faut simplement plus de raison, moins de passion et davantage de rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat pour l’avènement du Mali nouveau que nous appelons de tous nos vœux.

N’golo Diarra

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