Question pour un champion : sur une échelle de 10, à quel niveau situerez-vous la qualité de l’alimentation du Malien au quotidien ? Loin d’être saugrenue, cette question revêt un caractère d’urgence sanitaire nationale. Aujourd’hui, nous sommes pris par une frénésie de consommation tous azimuts, mais personne ne prend le temps de voir la qualité de ce que nous consommons, préférant s’en remettre aux possibilités offertes par le pouvoir d’achat de son portefeuille et aux arguments de commerçants ne reculant plus devant rien. A l’arrivée, tout le monde traine une maladie d’origine inconnue, avec un fort contingent d’hypertendus, de diabétiques et de personnes souffrant d’insuffisances rénales. Mais attention, là aussi les erreurs de diagnostic et une sur médication tuent plus que la maladie elle même.
L’on décrie régulièrement le boucher ou le boulanger qui transporte la viande ou le pain sur des motos, des denrées stratégiques et sensibles sans aucune protection. L’on dénonce aussi les vendeuses au marché qui étalent des produits impropres à la consommation ou les superettes qui falsifient les dates de péremption. Mais le mal est beaucoup plus profond qu’il ne nous est donné de l’observer. Une ignorance qui fait encore plus de ravages terribles. Pour le cas du pain, s’il ne s’agissait que du seul problème de transports à ciel ouvert… N’essayer surtout pas d’aller faire un tour au fond des boulangeries, à l’heure ou on pétri la pate et le conditionne avant que le tout ne passe au four.
Les conditions d’hygiène sont tellement exécrables que cela vous enlèvera toute envie de consommer cette denrée tellement prisée sous nos cieux. Pour la viande, les services vétérinaires sont aux abonnés absents. Il n’est pas rare que l’on puisse retrouver de la charogne sur les étales exposées aux nuées de mouches chargées de particules. Que cela ne vous révulse surtout pas pour vous dirigez vers la volaille. Car à ce niveau aussi, des individus sans vergognes payent des jeunes pour leur ramener des poulets morts ramassés, afin de les faire rôtir et les revendre à prix d’or. Avant, l’on vantait beaucoup la qualité de la pomme de terre locale ou des tomates et salades venant du maraicher du coin. Mais çà, c’était avant, car de nos jours, ces produits auront perdu de leur saveur et de leur qualité nutritive.
La plupart de nos légumes poussent désormais grâce à l’apport d’eaux usées, chargées de nitrate voire de dioxine. Pour ne rien arranger, ils sont aussi gorgés d’engrais chimiques à quantité pour qu’ils poussent vite et prennent des formes attrayantes. Comme un malheur ne vient jamais seul, les engrais et autres fertilisants utilisés sont aussi de qualité douteuse. Attirés par les milliards qui gravitent autour de ce marché oh combien juteux, des cartels se sont formés, souvent avec des personnes ou des sociétés qui n’ont absolument rien à voir avec le secteur. Puisqu’il semble y avoir à boire et à manger, on cherche encore plus de gain en introduisant des produits dangereux sur le marché local.
Tant pis pour les dégâts causés sur les cultures et le manque à gagner pour les paysans et l’économie nationale, l’essentiel étant ailleurs puisque les fraudeurs et leurs protecteurs s’en sont mis plein les poches. De vous à moi, il y a vraiment de quoi vous couper l’appétit. Car dans un pays ou la majorité des citoyens courent, à longueur de journée, derrière sa dépense quotidienne, ne sachant pas de quoi demain sera fait, accepter de vendre de tels produits n’est rien d’autre qu’un acte criminel. Car si se nourrir n’est pas évident pour tout le monde, se soigner est encore une chose quasi impossible pour l’immense majorité. Qui plus est, la qualité de bon nombre de médicaments est aussi douteuse. Des pilules amères à avaler, sans que cela n’incite les services techniques à sévir…
Maliden
La rédaction
