Le vendredi 5 février dernier, le Gouvernement, à travers le ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, a publié un communiqué pour exprimer son indignation et son inquiétude par rapport à un acte posé par la CMA tendant à transgresser le cessez-le-feu, conclu entre les parties et donc les clauses les engageant à conserver leurs positions et une flagrante violation des dispositions des articles 17, 25 et 29 de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, relatives aux questions de défense et de sécurité.
Le Gouvernement rappelle que les parties signataires de l’Accord se sont engagées avec l’adoption de la nouvelle Feuille de route du 18 décembre 2020, à conduire conjointement la réorganisation et le redéploiement des Forces armées et de sécurité reconstituées ainsi que les opérations de Démobilisation, de Désarmement, de Réintégration et d’intégration des ex-combattants.
Selon Bamako, cette décision unilatérale de la CMA est de nature à susciter des interrogations et des suspicions au moment où les parties se sont engagées à tenir une concertation au niveau décisionnel pour finaliser la phase d’intégration du dernier groupe des ex-combattants issus des bataillons du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) dans les Centres de formation.
“Face à cette situation, le Gouvernement invite la Médiation Internationale à se pencher sur la question conformément aux dispositions des paragraphes 7 et 9 du Pacte pour la paix au Mali et invite la CMA à réviser sa position”, a dit le communiqué.
“Aussi, condamne-t-il fermement cette décision qui fragilise le processus de paix dans un contexte de recrudescence des attaques des groupes terroristes dans la zone concernée ou se déroulent les opérations MALIKO et ECLIPSE en collaboration avec les forces partenaires notamment Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel. Elle est également de nature à compromettre les résultats probants obtenus sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel”, a-t-il signalé. Et de réaffirmer la détermination constante du Gouvernement de la République du Mali à poursuivre la mise en œuvre de l’Accord et lancer un appel à toutes les parties prenantes à maintenir les concertations de haut niveau entre les responsables politiques et militaires, dans le cadre de la mise en œuvre dudit Accord, en vue d’aplanir les obstacles qui retardent encore le déploiement des premières unités de l’Armée reconstituée dans toutes les régions concernées et de manière plus générale.
Quelle réaction de moquerie de la CMA à travers un nouveau communiqué !
En se moquant davantage des autorités de Bamako, la Coordination des Mouvements de l’Azawad a réaffirmé ses ambitions à travers un nouveau communiqué le même jour dans lequel elle dit avoir découvert avec désolation et surprise, via les réseaux sociaux et sur l’ORTM, un communiqué émanant du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Mali, datant du 05 février 2021 contenant des fausses informations par rapport à la création d’une nouvelle zone militaire de la CMA dans le Gourma.
“La CMA s’insurge contre de telles allégations fondées sur des passions et sous la pression de la rue au détriment de la vérité du terrain et apporte un démenti formel à ce communiqué, quant à la nouveauté de la création de la zone militaire”, s’est-elle moquée.
“La Coordination des Mouvements de l’Azawad exprime toute son indignation, son étonnement et sa préoccupation face à des telles réactions pour les moins surprenantes et non constructives du gouvernement au moment où les parties prenantes au processus de paix se préparent avec l’aide de la communauté internationale à tenir une rencontre de niveau décisionnel et une autre rencontre du CSA pour une première fois à Kidal”, a indiqué ce communiqué.
“La CMA rappelle que la zone dite de Gourma n’est pas une création nouvelle, depuis la signature du cessez-le-feu du 23 Mai 2014 et bien avant la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, cette zone militaire existait et relevait de la zone de haoussa (rive gauche du fleuve de Gao). La seule nouveauté est que la zone devient autonome vis à vis du haoussa et dépend directement de l’état-major général de la CMA”, a tenté d’expliquer la CMA.
Selon elle, cette réorganisation s’inscrit dans le cadre de la redynamisation de la CMA en vue de protéger et de sécuriser les populations de cette zone laissées pour compte et pour mieux coordonner avec les forces internationales et nationales y compris les FAMAs et la plateforme.
“Les FAMAs ont maintes fois et de façon répétitive violé le cessez-le-feu en faisant des opérations militaires et des patrouilles unilatérales procédant aux fouilles et aux arrestations des paisibles citoyens Azawadiens dans des zones sous son contrôle, en occupant le terrain en dehors des mécanismes de L’APR/d’Alger sans que cela suscite ses réactions, la dernière en date concerne l’incursion des FAmas à Razelma sans concertation et sans préavis” a–t–elle tenté de se justifier.
Boubacar DIARRA
Source: Le Soir de Bamako