De nouveaux tests de dépistages du coronavirus, appelés « tests antigéniques », arrivent en France, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran, mardi 8 septembre. « Cette semaine, en Ile-de-France, nous devrions commencer à déployer des tests antigéniques, qui sont des tests rapides, (…) On a 15, 20 minutes à attendre et on a le résultat », a-t-il déclaré sur France Inter.
Le ministre va un peu vite en besogne. Ces nouveaux tests ne seront pas accessibles massivement, et pour cause : ils sont en cours d’évaluation. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en a commandé 100.000 et attend leur livraison.
- A quoi sert ce nouveau test ?
Le nouveau test rapide antigénique remplit le même objectif que le test qui aujourd’hui fait référence, le RT-PCR : il permet de savoir si l’on est contaminé par le coronavirus à un instant t.
Il faut donc le distinguer du test sérologique qui, lui, détecte si l’organisme a produit une défense immunitaire, et donc permet de dire si l’on a été infecté par le Covid-19 par le passé.
- Quel sont ses avantages ?
Les résultats du test rapide antigénique (TRA) sont connus en 30 minutes, précise l’AP-HP, contactée par « l’Obs ». Alors que le RT-PCR nécessite une analyse lourde en laboratoire pour détecter le matériel génétique du coronavirus, le test antigénique est beaucoup plus simple à réaliser. Il fonctionne par des réactions chimiques ou enzymatiques qui colorent un révélateur.
Attention, l’AP-HP souligne que, comme c’est le cas avec tous les « TROD » (tests rapides d’orientation diagnostique), si le résultat est positif, il doit impérativement être confirmé par le test de référence, le RT-PCR.
- Est-il réalisé lui aussi par un prélèvement dans le nez ?
Oui. Le test rapide antigénique (TRA) nécessite un prélèvement naso-pharyngé. Il est réalisé à partir de prélèvements par écouvillon, comme le RT-PCR (le RT-PCR sur échantillon salivaire n’est pas encore jugé assez fiable).
- Pourquoi ce nom, antigénique ?
Tandis que le test RT-PCR procède par analyse moléculaire afin de rechercher l’ADN du virus, le test antigénique recherche une des protéines du virus, l’antigène – d’où son nom. C’est d’ailleurs sur les antigènes que se fixent les anticorps que l’on produit lors de la réaction immunitaire. Ce type de test est plus facile à mettre en œuvre auprès du grand public, mais plus complexe à développer pour les laboratoires pharmaceutiques.
- Ce nouveau test est-il fiable ?
On ignore encore son degré de fiabilité – d’où l’évaluation à laquelle procède l’AP-HP. Au cours de l’été, l’établissement a apprécié deux tests de marques différentes :
« L’un des deux a montré une meilleure sensibilité, même si elle reste inférieure à la méthode de référence, le RT PCR ».
Le RT-PCR est en effet considéré comme la « Rolls Royce » des tests, pour avoir prouvé son efficacité sur d’autres virus. Cette efficacité reste toutefois relative, nous explique-t-on à la Haute autorité de santé (HAS). Elle est de l’ordre de 70% en conditions réelles, notamment car il peut y avoir des erreurs humaines de manipulation lors du prélèvement, si le laborantin ne va pas au fond du nez ou si le patient bouge. Si l’on se fie à l’expérience sur les autres virus, le test rapide antigénique (TRA) devrait être moins fiable encore.
- S’il est moins fiable, quel est l’intérêt de ce nouveau test ?
Le test rapide antigénique est adapté aux opérations massives de dépistage. Il permet de détecter beaucoup plus de personnes et beaucoup plus vite : le rendu des résultats en 30 minutes permet ainsi d’isoler les cas contaminants et d’aller plus rapidement tracer leurs contacts, souligne l’AP-HP. C’est un outil particulièrement intéressant pour trier les personnes probablement contaminées, par exemple dans les aéroports ou à l’accueil des hôpitaux. Il peut aussi être utile pour les personnes qui doivent se tester régulièrement –notamment celles qui travaillent en contact avec du public.
Le RT-PCR, lui, reste le test diagnostic de référence pour les personnes qui présentent des symptômes ou les cas contacts de Covid avérés. Les deux dispositifs peuvent donc être complémentaires.
- Quand pourra-t-il être utilisé massivement ?
Pas avant que la phase d’évaluation soit achevée. « L’AP-HP démarre cette semaine une évaluation de la faisabilité des nouveaux tests en conditions réelles », précise l’établissement.
« En parallèle, un protocole d’essai clinique sera déposé aux autorités compétentes (CPP, ANSM et CNIL) pour une étude en double systématique TRA+PCR sur environ 800 personnes. Pour les besoins de cette évaluation, chaque prélèvement naso-pharyngé sera systématiquement testé par les deux méthodes. »
L’AP-HP espère que ces travaux permettront de déployer le test de dépistage à grande échelle à partir de mi-septembre. La Haute autorité de santé souhaite elle aussi aller le plus vite possible :
« Une fois que nous aurons toutes les données, l’autorisation pourra être délivrée en quelques jours. »
Face au virus, la recherche médicale poursuit sa course contre la montre.