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Covid-19 : Les temps sont durs pour les petits importateurs

Le commerce import-export a été sérieusement impacté par la crise sanitaire. C’est encore plus difficile chez les petits commerçants, privés de voyage à l’étranger

 

Le Mali fait face à une recrudescence des cas de Covid-19 ces derniers temps. Les autorités ne cessent de multiplier les initiatives pour renverser la tendance, notamment par la fermeture des établissements publics et privés, et la distribution massive des masques à travers le pays. Il faut rappeler que le virus a fait son entrée dans notre pays le 25 mars 2020, et depuis, tous les secteurs de l’économie sont en train d’en faire les frais. En effet, la fermeture des frontières aériennes et terrestres pendant plusieurs mois a sérieusement impacté le commerce import-export. De nos jours, bien que les frontières sont rouvertes, de nombreux commerçants ont du mal à tirer leur épingle du jeu. Certains ont vu leurs chiffres d’affaires chuter de façon considérable. D’autres ont simplement fait faillite. C’est le cas de la commerçante Penda Diallo. Elle importait des marchandises de plusieurs pays de la sous-région (Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso, Togo). Ce commerce lui permettait de vivre décemment.

Mais aujourd’hui, les temps sont vraiment difficiles pour la commerçante. «Mon business s’est arrêté à cause de la Covid-19. Cette maladie a eu des conséquences catastrophiques sur mes activités. Je me débrouillais en allant acheter des articles divers dans les pays de la sous-région pour venir les revendre. Depuis que je suis revenue de Lomé en mars dernier 2020, je n’ai plus voyagé à cause de la Covid-19. Car, pendant un bon moment, les frontières sont restées fermées et quand elles ont été rouvertes, cela a trouvé que mes stocks étaient épuisés. Après j’ai utilisé tout mon argent dans les dépenses de la famille. Actuellement, je n’ai plus de fonds pour redémarrer mon commerce», confie celle qui voyageait souvent avec plus de 750.000 Fcfa pour acheter ses articles.
Aujourd’hui, Penda compte sur l’aide des autorités pour reprendre son activité. «L’état peut aider les petits commerçants comme nous. Un moment, on en parlait et nous avions l’espoir de recevoir quelque chose du gouvernement. Mais nous ne désespérons pas. Les autorités peuvent toujours se manifester», espère la commerçante
Koniba Keïta ressent, elle aussi, les effets de la Covid-19. Avec un chiffre d’affaires d’environ trois millions, elle importait des articles bon marché du Burkina et de la Côte d’Ivoire. «Les sacs, les bijoux, les habits constituaient la majeure partie de mes articles. Mais depuis l’apparition du coronavirus, je n’ai plus voyagé. Et cela a durement affecté mon commerce», explique-t-elle.

Pour s’en sortir tant bien que mal, la commençante Koniba Keïta essaye de travailler avec ses fournisseurs étrangers sur le réseau social WhatsApp. «Grâce à WhatsApp, je suis en contact avec des commerçants de BoboDioulasso et d’Abidjan. S’il y a de nouveaux articles, ils m’envoient les images que je partage avec mes clients. Une fois que ces derniers font leurs choix, j’envoie de l’argent à mes livreurs qui, à leur tour, me font parvenir les commandes», indique-t-elle.

Selon la femme d’affaires, cet envoi n’est pas aussi facile qu’on le croit. «C’est tout un tas de calvaires pour que les commandes arrivent. Souvent il est difficile de trouver de bons cars de transport. La plupart traînent sur le trajet et du coup les marchandises prennent assez de temps avant de nous parvenir», déplore-t-elle.
Néanmoins Koniba Keïta se débrouille pour que son activité ne s’arrête pas. «Ce n’est vraiment pas comme avant. En plus de toutes ces tracasseries pour avoir les articles, il n’y a pas assez de clients. Les commandes ont baissé. En outre, parmi mes rares clients, il y en a qui prennent les articles à crédit et ne payent pas à temps. Car c’est tout le monde qui est affecté par cette pandémie», dit elle, tout en invitant les autorités à appuyer les commerçants dans leur activité.

Le commerçant Tahirou préfère ne pas prononcer le mot Covid-19, car cette maladie a sérieusement «gâté» son business. « Je suis très découragé. Il n’y a plus de clients. Regardez ma boutique, je n’ai plus assez d’articles, c’est pourquoi les clients se font rares», raconte ce jeune homme qui se rendait à Lomé (Togo) pour acheter les habits et les chaussures. «Je n’ai pas assez de fonds. Je me débrouillais pour aller prendre mes articles dans la sous-région. Avec la Covid-19, je n’ai plus cette opportunité. Et cela joue durement sur mon chiffre d’affaires », se plait-il.
«Avant, on faisait beaucoup de bénéfices. Car en voyageant, on avait l’opportunité d’apprécier les articles avant de les acheter. On pouvait marchander à souhait pour avoir plus de bénéfices. Maintenant on se limite à passer des commandes à travers des images qu’on nous envoie. On n’a pas d’autre choix que de les acheter sans être en mesure de constater leur qualité. Et cela impacte beaucoup sur nous », explique Tahirou.

À ses dires, certains commerçants dans ces pays envoient des images d’articles de qualité à nos commerçants. Mais une fois qu’ils reçoivent l’argent, ils envoient des produits piratés. «Là où je suis, j’ai cessé de commander les pagnes Wax. Car, à chaque commande, on m’envoie du local. Tu commissionnes un intermédiaire, il achète des choses qui font son affaire. Il s’en fout de la qualité. Vu que tu ne peux pas te déplacer, tu es obligé de te contenter de ces articles pour ne pas arrêter ton commerce. Et quand les clients achètent et qu’ils trouvent que ce n’est pas de la qualité, ils ne reviennent plus» dit-il. En plus de ce problème, Tahirou souligne aussi que le transport des marchandises n’est pas chose facile en cette période de crise sanitaire. D’après lui, les transporteurs n’acceptent pas de prendre les colis. Mais ceux qui sont d’accord demandent aux propriétaires des prix exorbitants.

Aminata Dindi SISSOKO

Source : L’ESSOR

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