Face au coronavirus, les entreprises se ruent sur l’activité partielle. Ce dispositif permet aux entreprises touchées par une baisse d’activité d’éviter d’avoir à licencier tout ou partie de leur personnel. Pour de nombreuses entreprises, le Coronavirus est déjà synonyme de bouleversement économique. Les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de l’évènementiel mais aussi du transport aérien, sont touchés de plein fouet par l’épidémie, et déjà des entreprises ont commencé à demander à bénéficier du mécanisme dit de chômage partiel.
Ce dispositif, dont le nom a été transformé, il y a dix ans en « activité partielle », permet aux entreprises touchées par des problématiques conjoncturelles et de baisse d’activités de compenser la perte de revenus occasionnée pour les travailleurs. Et ce afin de passer un cap et d’éviter d’avoir à licencier tout ou partie de leur personnel.
Le chômage partiel en forte progression face à la pandémie du coronavirus
Pénalisées par la propagation du nouveau coronavirus, de plus en plus d’entreprises ont recours au chômage partiel pour leurs salariés, un dispositif que l’exécutif entend améliorer malgré son coût important. « Pour préserver l’emploi, il faut du chômage partiel, sinon les entreprises vont mettre la clé sous la porte », prévient Sidi Traoré, chargé de Marketing et des relations publiques au CICB.
Pour lui, les mesures idoines ont été prises au niveau du Centre international des Conférences de Bamako. Il s’agit entre autres de l’utilisation des gels hydro-alcooliques au niveau des entrées du Centre, la suspension des activités et la mise en congé technique du personnel non essentiel du CICB en congé technique. Toutefois, a-t-il fait savoir, les réservations continuent tout même au niveau du CICB, en attendant des lendemains meilleurs pour le redémarrage des activités.
Au niveau de l’hôtel de l’Amitié, où plusieurs grands événements ont été annulés, les employés sont encore en activité mais pour combien de temps, s’interroge Amadou Cissé, responsable des relations publiques. Car selon lui, si la situation doit perdurer, elle aura des conséquences sur certains emplois au sein de l’hôtel. Personne n’est prêt à relever les défis que le coronavirus peut imposer, les opérateurs du secteur hôtelier malien encore moins. Ils ont été surpris et ont du mal non seulement à sortir la tête de l’eau mais surtout à faire la démonstration qu’ils ont une vision claire et nette de ce que leur réserve l’avenir.
Cependant, face à la suspension de vols dans certains pays européens et l’annulation des réservations d’hébergement qui se traduiront par une réduction substantielle des recettes, les hôtels sont au pied du mur. Entre interrogations et incertitudes, les hôteliers sont résignés, voire condamnés à recourir à un plan visant à déceler les pistes pouvant potentiellement leur permettre d’atténuer l’impact de la pandémie du coronavirus sur leurs opérations et de rebondir dès que la situation s’éclaircira.
L’hôtel Radisson Blue refuse de donner gain de cause au coronavirus en cédant à la fatalité et à la panique. L’optimisme repose sur le principe que toute situation dramatique impose la recherche de possibilités alternatives. « L’hôtel va continuer à opérer comme d’habitude, car la clientèle ne va jamais baisser de 100% à 0% », affirme le directeur Marketing de l’hôtel.
Dans l’immédiat, certains secteurs sont déjà massivement impactés : les transports aériens, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration et toute l’industrie dite culturelle et récréative. Les pertes de chiffres d’affaires sont déjà très élevées pour certains secteurs : le risque de destruction d’emplois et de faillites est bien réel pour certaines entreprises, petites ou grosses, aujourd’hui sur le pied de guerre.
Le monde du spectacle vivant très inquiet
Depuis que l’interdiction de suspendre la tenue des regroupements importants au Mali (conférences, colloques, symposiums, festivals, etc.) jusqu’à nouvel ordre a été décidé par le Gouvernement le 17 mars dernier, les annulations ou reports de spectacles et concerts se multiplient dans le pays. Une situation qui inquiète les professionnels du spectacle. Les artistes, comédiens, techniciens et les promoteurs sont dans l’angoisse d’annulations probables de spectacles et de représentations.
Les mesures prises par le gouvernement contre la pandémie du Coronavirus ont contrarié les artistes et autres opérateurs culturels. Parmi les mesures annoncées, figurent l’interdiction des événements culturels et toute activité populaire à caractère festif comme les concerts, les festivals, les émissions grand public pour les chaines de télévision. Les artistes se plaignent du fait que plus d’une trentaine d’événements étaient programmés comme le Festival international « les Nuits du Wassulu », ont été annulés à cause de cette situation.
Dans un entretien avec nos confrères du journal ESSOR, Abdoul Berthé, le promoteur du festival international « les Nuits du Wassulu» a du mal à encaisser le coup. « Nous avons été obligés de reverser l’argent que nous avions reçu des partenaires car notre festival a été annulé ». Déplore-t-il ajoutant que sa structure a mis environ 16 millions de FCFA dans la campagne de communication et autres activités préparatoires.
Le directeur du Festival de Sélingué (un des plus grands festivals au Mali), se trouve dans la même situation. Salif Telly estime que les pertes sont énormes pour sa boîte. « Nous avons travaillé pendant toute une année pour mettre en place notre activité. C’est un coup dur aussi bien pour les organisateurs que pour les artistes. C’est difficile pour le moment d’évaluer les pertes car plusieurs millions sont déjà investis pour l’organisation ». Dit-il.
Dans le milieu des acteurs culturels, l’heure est donc à la déprime. Ils réclament au gouvernement des mesures d’accompagnement pour leur permettre d’éviter la faillite. La question était au centre d’une rencontre organisée, par la Fédération nationale des artistes du Mali (FEDAMA). Son président, Alioune Ifra N’Diaye, pense qu’il faut créer un fonds d’urgence pour venir en aide aux acteurs culturels pris au piège du coronavirus. Selon lui, les artistes et les opérateurs culturels ont connu le même sort en 2013 avec l’état d’urgence.
« Ils ont perdu énormément d’argent et des contrats qui ont été résiliés avec les partenaires potentiels », rappelle-t-il, ajoutant qu’après la diffusion de la lettre circulaire du ministère de la Culture par rapport au report et à la suspension des activités culturelles et artistiques, la FEDAMA a saisi les artistes pour évaluer les pertes et proposer au gouvernement un plan de remboursement pour permettre au monde de la culture de survivre à la pandémie du coronavirus.
A y de voir de près, le COVID-19 impose à la fois au monde entier une crise sanitaire et financière. Il reste à savoir si l’Afrique parviendra à éviter les contaminations massives à cette infection virale. Dans le cas contraire, les conséquences risquent d’être difficiles à gérer, alors que de nombreux pays du continent pâtissent de systèmes de santé fragiles et ne disposent d’aucune marge de manœuvre budgétaire.
Le FMI a annoncé début mars qu’il allait mobiliser 50 milliards de dollars (43,5 milliards d’euros) pour lutter contre le nouveau coronavirus. Cette somme est destinée aux pays émergents et à faible revenu pour répondre à leurs éventuels besoins, dont 10 milliards seront disponibles à taux zéro pour les Etats les plus pauvres.
Paul Y. N’GUESSAN
Source: Bamakonews