L’apparition de la maladie à coronavirus au Mali en février dernier a créé beaucoup de difficultés au plan sanitaire. Les centres de santé ont été désertés par les patients par peur d’attraper la maladie ou d’être mis en quarantaine. Un tour d’horizon nous a permis de faire l’état des lieux.
Depuis l’apparition de la pandémie du coronavirus dans notre pays, le taux de fréquentation dans les centres de santé communautaires a baissé. Craignant d’attraper la maladie de la Covid-19 beaucoup de personnes souffrant d’autres maladies évoquent le risque d’infection pour mettre entre parenthèses leur suivi sanitaire.
Selon le représentant du Programme élargi de vaccination (Pev) au Centre de santé de référence de la Commune I (CS-Réf), une baisse de fréquentation a été constatée au début de l’apparition de la maladie à coronavirus.
“A l’apparition de la pandémie nous avons remarqué un faible taux de fréquentation de 10 % à notre niveau. Mais vers la fin du mois d’avril les choses sont revenues à la normale. Les gens se sont adaptés à la maladie parce qu’ils disent que ce n’est pas quelque chose qui va partir du jour au lendemain et maintenant nous avons un taux de fréquentation de 73 à 80 %”, indique Hama Guindo, infirmier d’Etat.
Aux dires de M. Guindo, de peur d’être suspectés de Covid-19, certains patients comme les personnes âgées préfèrent rester à la maison et se faire soigner. Concernant les mesures barrières, notre interlocuteur ajoute que toutes les dispositions sont prises pour éviter la propagation de la maladie. Par conséquent, l’infirmier d’état invite la population à aller se faire soigner car d’autres maladies sont plus mortelles que le coronavirus.
Mme Habibatou Kéita, agent de vaccination dans le même centre de santé abonde dans le même sens. Elle informe que le taux de vaccination contre le BCG et le tétanos avait diminué un moment. Certaines nouvelles mères, poursuit-elle, refusaient de venir faire vacciner leurs nouveau-nés sous prétexte de virus.
“Au début, c’est mon mari qui m’empêchait de venir faire vacciner mon enfant. Il avait peur des rumeurs disant qu’il y a un nouveau vaccin contre le coronavirus mais maintenant il a compris avec la sensibilisation même si j’ai raté la date de vaccination de mon enfant”, reconnaît Assan Diarra.
Malgré nos sollicitations, le médecin-chef du CS-Réf de la Commune I n’a pas voulu se prononcer. Mais du côté de l’Association de santé communautaire du Banconi (Asacoba), le même constat est fait sur la désertion des centres de santé en ce temps de Covid-19.
Une femme de plus de 60 ans a catégoriquement refusé d’aller se faire soigner quand elle a contracté une grippe.
“Quand j’ai eu la grippe, je me suis soignée avec le beurre de karité et de l’aspirine à la maison. J’avais eu peur d’aller à l’hôpital pour ne pas être suspectée et d’être confinée. C’est l’histoire de quarantaine qui nous fait peur. S’il faut laisser sa famille même une journée c’est difficile en plus tu seras stigmatisée et rejetée par la société”, avoue Bah Diarra.
Drissa Massa Sidibé, enseignant à l’Ecole de médecine, évoque dans un premier angle le comportement des médecins et de l’ensemble des agents de santé qui sont plus attentifs au dépistage des cas suspects et au respect des mesures barrières qui sont, entre autres, la prise de température, le port du masque, le lavage des mains, etc.
Dans un second temps, l’enseignant souligne le côté social de la maladie du coronavirus. A l’en croire, c’est l’arsenal de la maladie qui fait peur à la communauté d’où une baisse de fréquentation.
“Par rapport à la population qui nous consulte nous avons senti une baisse de 50 % de fréquentation. Cela est dû au fait que cette population se dit que lorsque tu as la fièvre on va te suspecter, t’isoler, on va te faire des prélèvements, tu seras stigmatisé. La Covid-19 est une maladie comme les autres du fait qu’il n’y a pas eu de médicament ou de vaccin.
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