La décision de suspension du financement des États unis à l’Organisation mondiale de la santé peut avoir des conséquences sur les pays à faible revenu. Contre toute crainte, rassure l’OMS.
« J’ordonne à mon administration de suspendre le financement pendant qu’un examen est mené pour évaluer le rôle de l’Organisation mondiale de la santé dans la grave mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus ». Voilà la décision de Donald Trump, président des États-Unis d’Amérique lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, le mardi 14 avril 2020. Cette décision de suspension du financement américain à l’OMS peut être lourde en conséquence sur les pays à revenu faible. Car d’après les dires de Trump, les États unis à lui seul financent cette Organisation à plus de 400 millions de dollars par an. C’est le grand bailleur de fonds de l’OMS.
Ce à quoi les pays à faible revenu peuvent s’attendre
Cette décision du président américain, si elle venait à se concrétiser, peut avoir de fortes conséquences sur les pays à faible revenu engagés dans la lutte contre la pandémie du coronavirus.
En effet, ces pays pourront s’attendre à une rupture de médicaments essentiels pour la prise en charge des malades. Ce qui pourrait engendrer des morts en grande pompe. Outre cet aspect, il faudrait souligner également qu’en cette période de Covid-19, l’OMS vient en appui à beaucoup de ces pays à travers des dons d’équipements de protection au personnel de la santé, la fourniture d’avis experts pour la bonne gestion de cette crise mondiale. Mais si la décision américaine se concrétise, cette Organisation onusienne serait en mal de poursuivre son assistance. Parce qu’elle se verrait dans l’obligation de diminuer l’effectif de son personnel de travail.
Conscient des conséquences que peut avoir cette décision en cette période de guerre contre le Covid-19, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a fait comprendre lors d’un point de presse, le mardi 14 avril 2020, que « [ndlr] ce n’est pas [ndlr]le moment de réduire les ressources pour les opérations de l’Organisation mondiale de la santé ou de toute autre organisation humanitaire dans la lutte contre le virus. »
Ce que Trump reproche à l’OMS
Le locataire de la Maison-Blanche critique la gestion de la pandémie du coronavirus par l’Organisation onusienne de la santé. À l’en croire, elle a « manqué à son devoir fondamental ». Cela, par le fait qu’elle n’a pas bien évalué la pandémie lorsqu’elle est apparue en Chine. « Si l’OMS avait fait son travail pour faire venir des experts médicaux en Chine pour évaluer objectivement la situation sur le terrain et pour dénoncer le manque de transparence de la Chine, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts », a-t-il expliqué aux journalistes.
Cette accusation du président américain suscite pourtant une certaine interrogation. Nous savons que la Chine a pris toutes ses précautions à l’interne pour contrer la maladie et éviter sa propagation. Les experts de l’OMS n’ont eu l’autorisation d’embarquer en Chine pour enquêter sur la maladie que le 10 février 2020. Ce qui semble être la voie normale, puisque nous ne pensons pas que l’OMS ait le droit d’obliger ses pays membres à autoriser son intervention sur leur sol pour des fins d’enquête.
Sûrement que les décès aux États unis liés au Covid-19 mettent le chef d’État hors de lui-même. Surtout qu’il avait lui aussi été critiqué d’avoir agi tardivement pour la bonne gestion de cette maladie dans son pays.
L’OMS rassure
Au cours d’une conférence de presse virtuelle à Genève le mercredi 15 avril 2020, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a affirmé : « Nous regrettons la décision du Président des États-Unis d’ordonner l’arrêt du financement de l’OMS. »
Toutefois, il rassure que l’Organisation va évaluer les risques de cette suspension sur leurs activités et voir comment éviter qu’elle les impacte négativement. L’objectif est d’éviter toute interruption dans le travail de l’OMS en cette période de pandémie du Coronavirus.
Fousseni Togola
Source : LE PAYS