Suivre un cours de l’Ecole normale supérieure ou encore de la faculté de droit depuis son canapé. Un rêve, pour beaucoup d’étudiants, qui devient réalité ce jeudi 16 janvier avec le lancement de la plateforme France université numérique, subtilement nommée FUN.
Douze millions d’euros ont été alloués au projet FUN par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso. Dès ce jeudi, huit cours seront mis en ligne, les huit premiers d’une série qui devrait rapidement se diversifier.
La France est en effet en retard sur ce qui se fait outre-Atlantique. Lancé en 2010 aux Etats-Unis, le site Coursera est devenu le plus grand amphithéâtre du monde avec 5 millions d’utilisateurs de tous les pays qui suivent conférences et leçons sur internet.
Julie a 29 ans et elle a justement suivi des cours en ligne de l’histoire du cinéma à Hollywood lorsqu’elle habitait aux Etats-Unis : « Moi ce que j’aimais, c’est l’accès à la culture et au savoir sans contraintes, depuis mon canapé, mon lit, mon bureau, à n’importe quel moment de la journée. Il n’y a absolument pas de limite. On peut avoir accès à la culture gratuitement. En un clic, on peut se lever un matin et se dire, tiens je vais faire des sciences humaines aujourd’hui. »
Critiques de certains enseignants
Si le principe a de quoi séduire étudiants et adultes qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur un domaine précis, il est déjà décrié par certains enseignants qui voient avec ces cours en ligne la porte ouverte aux diminutions d’effectifs et à l’homogénéisation des savoirs.
Pas de diplôme à la fin de cette formation en ligne, mais un certificat qui est lui, payant et pour le moment, pas encore vraiment reconnu. Jean Quétié est membre du bureau de la CGT de l’Ecole normale supérieure de Paris, il a participé à une tribune pour dénoncer ces cours en ligne. « Les cours vont être uniformisés au niveau des contenus d’enseignement, juge-t-il.Ensuite il est évident que le nombre d’enseignants va diminuer. Après il n’y aurait que des enseignants qui évidemment n’auraient plus la tâche d’être des enseignants mais d’être des répétiteurs en fait. »
Enfin ces cours en ligne achoppent aussi sur l’assiduité des élèves. Aux Etats-Unis, 90 % d’entre eux abandonnent avant la fin du cursus.
VU DES ETATS-UNIS : Coursera et Udacity, les modèles
« Je suis Peter Norwig, et j’enseigne la programmation informatique. Dans ce cours, vous allez apprendre à analyser un problème. » C’est aussi simple que ça, l’élève peut se connecter au site et recevoir un cours de programmation informatique, d’algèbre ou de psychologie.
Nombreux sont ceux qui fréquentent ces universités virtuelles, les fameux MOOC pour Massive Open Online Courses. Le site pionnier, Udacity, qui propose 25 cours différents, annonce 500 000 étudiants dans 200 pays. Avec plus de 5 millions d’élèves revendiqués, de 13 à 80 ans,Coursera est aujourd’hui leader dans ce domaine.
L’idée est venue d’un enseignant de l’Université de Stanford, elle a depuis fait des émules, et de nombreux établissements parmi les plus renommés aux Etats-Unis proposent désormais un enseignement gratuit à distance.
Enrichissement personnel
Le concept de départ était de procurer un enrichissement personnel, sans examen ni sanction. Les leçons, et la logistique, l’enregistrement des cours, sont financés par des mécènes, les professeurs se portent volontaires. Coursera espère également se financer en monnayant une licence, que d’autres établissements ou des entreprises pourraient acquérir. Aujourd’hui, certains de ses sites proposent des certifications, des diplômes moyennant une inscription symbolique.
Si l’idée de départ est généreuse – l’éducation doit être un droit et non un privilège -, les fondateurs le reconnaissent : il faudra une dizaine d’années avant d’établir un réel bilan.
rfi