L’organisation des cours à distance au Mali n’a pas fini de faire réagir les Maliens. Sur la question, les avis sont divers.
Les cours à distance à travers la télé, les radios ou l’internet ont commencé dans notre pays, la semaine dernière. Coronavirus oblige. En attendant la réouverture des classes, nos autorités ont mis en place cette méthode pour assurer la continuité pédagogique.Durant 3 mois (avril, mai, juin), ces cours, selon les responsables éducatifs, serviront à maintenir le niveau des élèves, à les occuper pendant tout le temps de la fermeture des écoles.
Dans un pays comme le nôtre dont la majorité n’a pas accès à l’électricité ou à l’internet, comment ce mode d’enseignement peut-il être une alternative pour l’année scolaire déjà perturbée par la situation des enseignants ? Qu’en pensent nos compatriotes notamment les élèves et les parents ? Nous les avons rapprochés.
Avec le bras de fer qui existe entre le Premier ministre Boubou Cissé et les enseignants depuis des mois, cette questionreste la seule que se posent nombreux de nos compatriotes que nous avons interrogés.Mais notre gouvernement a l’air optimiste face à cette situation et le coronavirus vient de leur donner un espoir. Cette maladie extrêmement contagieuse a désactivé le sens de réflexion du gouvernement.
Pour sauver l’école malienne dont les portes sont fermées depuis plus de 6mois d’une année blanche ou facultative, le gouvernement malien opte pour des cours à distance que chaque élève des classes d’examen doit suivre sur l’ORTM1 et2.Avec de tels propos, on peut bien remarquer que l’État n’a pas conscience des difficultés que traversent la plupart de ses compatriotes.Tous les Maliens n’ont pas accès à la télévision et ceux qui se trouvent dans cette situation sont censés faire quoi ?
Une élève du lycée privé Hamady N’diobdy de Sénou, Fatoumata Haidara nous a fait part de son avis sur cette nouvelle méthode du gouvernement. Cette dernière suit ses cours à distance depuis le démarrage du programme. Selon elle, les professeurs derrière l’écran sont rapides et les cours ne se passent pas comme en classe.Donc elle comprend moins. Et durant toute la semaine, les cours diffusés ne concernaient que les élèves de la 9e année. Elle pense qu’une année blanche serait le mieux appropriée. Puisque bientôt les examens seront organisés alors qu’ils n’ont rien fait et ne comprennent rien à ce qui se passe derrière leur petit écran.
Quant à Fatoumata Maiga, une femme au foyer,résidant aussi dans le même secteur, pense que les cours à distance ne sont pas une bonne initiative au Mali. Les moyens ne permettent pas aux autorités de mieux organiser ces cours.« À mon avis, beaucoup d’élèves ne sont pas au courant de cette nouvelle méthode d’apprentissage. Je dirais que c’est dû au fait qu’il y’a beaucoup de nouvelles chaines de télévision. Les enfants ne regardent pas les chaines nationales ORTM1 et 2, et n’ont pas non plus de temps pour suivre les informations à la radio. Pour moi, ce n’est pas quelque chose de sérieux. S’ils décidaient, de sauver cette année ça serait catastrophique. Les enfants n’ont presque pas étudié cette année », indique-t-elle.
Fatoumata Maïgapense que pour le bien des élèves,le gouvernement ne doit plus compter sur cette année scolaire, car il est impossible de la sauver. Ce n’est pas le même avis pour ce jeune lycéen, Mahamadou du lycée privé SalamaMaiga de Sénou. Ce dernier pense que cette année peut être sauvée et qu’en aucun cas elle ne doit être blanche. Cette année, pense-t-il, doit être prolongée, mais les cours à distance ne sont pas une solution au Mali. « Tout le monde n’a pas de télé chez lui, ça aurait été une bonne chose si tous les élèves avaient les moyens de suivre ces cours. Mais hélas ! », a-t-il dit.
Après on s’est tourné vers Mamadou Kanta,professeur du lycée privé La Sagessede Yirimadio. En tant qu’enseignant, il pense que les élèves ne sont pas en mesure de bien comprendre ces cours même s’il avait les moyens de le suivre tous. Une leçon qui est expliquée des heures et avec beaucoup de difficultés est dispenséeen 10 ou 15 min.C’est trop rapide pour les enfants et c’est ce qui est le problème. Si le gouvernement tient tant à sauver cette année alors qu’il change de stratégie, préconise-t-il.
Cette année peut être sauvée si les autorités décidaient de la prolonger jusqu’au mois d’août. Le Mali en tant qu’un pays démocratique, le gouvernement devait inviter les représentants de ces personnes-là pour un dialogue. Les parents d’élèves, les élèves et les enseignants, car cette situation les concerne d’autant plus que les membres du gouvernement. Mais il n’est pas trop tard, les dirigeants peuvent toujours revoir leurs décisions avant qu’il ne soit trop tard.
OumouKouttoum Cissé, stagiaire