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Cour d’assises : Et le doute profita à l’accusé !

À cause du lien qui les unit au pays natal, il accepte participer à une histoire dont il ignorait le fond. Il a fini par se
retrouver au cachot et être jugé avant de retrouver l’air libre

 

X est un ressortissant nigérian qui a été jugé par la Cour d’assises de Bamako pour son implication présumée dans une histoire de « Traite de personnes et pratiques assimilées ». Ce trentenaire est suspecté d’avoir fait venir des jeunes filles du Nigeria en leur promettant de les envoyer à l’étranger où elles pourront être employées comme coiffeuses dans des salons de coiffure et/ou serveuses dans des restaurants. Mais c’était dans l’intention d’utiliser ses compatriotes dans la prostitution au Mali.
Nos sommes courant 2019. X, qui réside au Nigeria, contacte deux jeunes filles, des compatriotes à lui sur place. Il leur a fait une proposition qui leur a semblé alléchante. Aux deux filles, avec le plus grand sérieux du monde, le jeune homme a clairement expliqué qu’il veut les envoyer en Chine pour qu’elles travaillent dans la restauration ou la coiffure. Dès le départ, l’homme s’est montré convainquant face à ses « partenaires » quant à la véracité de ce projet. Ils se sont séparés avec l’espoir de se revoir très rapidement.

Il en sera ainsi quelques jours plus tard. Le trio s’est de nouveau rencontré pour organiser le départ des filles au Mali d’abord, pays où elles ne seront qu’en transit avant de mettre le cap sur l’Empire du Milieu.
Dans la foulée, l’homme leur a confectionné de fausses pièces d’identité. Mais avant leur arrivée au Mali, les deux filles sont passées par Cotonou (Bénin) où les attendait un complice. Ce dernier avait la charge de les conduire au Mali. Avant qu’elles n’embarquent pour ce pays, leur chef leur a remis un numéro de contact téléphonique. Histoire de parer à toute éventualité dès leur arrivée à Bamako. Puis, les deux filles ont été confiées au convoyeur du car d’une compagnie de transport de la place. Jusque-là, tout s’est passé comme sur des roulettes.

Mais chemin faisant, les choses ont basculé. Les jeunes filles ont suspecté quelque chose d’anormal dans ce voyage. Une suspicion qui s’avèrera. Avant, elles ont décidé de se révolter pour dénoncer les organisateurs de ce voyage. Elles ont contacté les forces de sécurité du poste frontière où elles ont brièvement expliqué leur histoire. C’est comme cela que les policiers ont pris leur affaire en main. Ces derniers ont immédiatement mis un dispositif en place afin d’appréhender la personne chargée d’accueillir les deux Nigérianes à leur décente du car. De file en aiguille, avec la collaboration des victimes, les limiers ont mis la main sur O, le complice chargé d’accueillir les deux Nigérianes.
S’en est suivie une procédure judiciaire jusqu’à ce que ce jeune homme se retrouve entre les mains de la justice pour répondre des accusations plus haut citées. Une fois à la barre, face aux juges, celui-ci a nié toute participation à l’organisation de ce voyage. Il a affirmé n’avoir jamais eu une discussion avec X, le principal organisateur de ce voyage d’un autre type. Pis, il ajoutera, que son compatriote ne lui a jamais fait cas de l’arrivée prochaine des jeunes filles dont il est question.

« La seule discussion que nous avons eue, c’est quand il m’annonçait qu’il sera au Mali avec sa femme. Il m’a juste demandé si je pouvais l’héberger dans une de mes chambres. Il m’a demandé cela parce qu’il savait que j’ai deux chambres. Et j’ai accepté sans problème pour la simple raison que c’est une connaissance à moi. Mieux, parce que nous sommes tous du même pays, le Nigeria », s’est défendu l’inculpé.
Celui-ci a détaillé la façon obscure dont son compatriote l’a impliqué dans cette affaire pour se retrouver entre les mains de la police, alors qu’il n’y est pour rien. Comme le principal organisateur du voyage des deux filles était absent, ce fut une brèche ouverte pour la défense qui s’y est engouffrée. Et apparemment le dossier était truffé de zones d’ombre. Une situation qui semble avoir profité à l’accusé. Celui-ci a d’ailleurs toujours clamé son innocence soutenant s’être fait prendre dans une histoire pour laquelle il n’est pour rien. « Je ne suis au courant de rien dans cette histoire. Tout ce dont j’ai besoin aujourd’hui, c’est de rentrer chez moi, car ma famille a besoin de moi », répètera-t-il sans cesse.
Le ministère public a tranché dans le sens du doute qui « profite toujours à l’accusé ». Ainsi, aux termes d’un procès qui semblait à sens unique, les cris du cœur de l’inculpé ont partiellement fait l’unanimité chez les juges. Celui-ci a tout simplement été acquitté.

Rokiatou TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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