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Coup de froid supplémentaire sur l’axe Paris-Bamako

La mise en cause par l’ambassadeur Toumani Djimé Diallo de la légion étrangère comme facteur comptable dans l’émergence d’un  » sentiment anti-français  » au Mali est tout à la fois surprenante, maladroite et lourdement préjudiciable aux intérêts stratégiques du Mali.

 

Elle est surprenante parce que, jusque-là, ce corps de l’armée de terre française, présent au Mali à la faveur du lancement de l’Opération Barkhane en 2014, n’avait été cité dans aucune affaire de mœurs. Ç’eût été le cas, les détracteurs de la présence militaire française au Mali et au Sahel, derrière lesquels se profile l’ombre des groupes djihadistes qui ont tout intérêt à ce que cesse cette présence, ne se seraient pas privés de le faire monter en épingle, à travers les media et les réseaux sociaux.

C’est le plus haut représentant du Mali dans l’hexagone qui fait la mise en accusation de la légion étrangère devant la très influente commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat en ces termes :  » Par moments, dans les Pigalle de Bamako, vous les retrouvez (ndlr : les légionnaires) tatoués sur tout le corps, en train de rendre une image qui n’est pas celle que nous connaissons de l’armée (française). Ça fait peur, ça intrigue « .

Plus loin il ajoute :  » Ils sont connus pour être âpres à la bataille, âpres au combat, mais ils sont aussi âpres au gain… Il y a des débordements qui posent problème « . Plus loin encore, il enfonce le clou :  » Certains font n’importe quoi dans les rues de Bamako, ce n’est pas bon pour l’image de la France « .

» Pigalle de Bamako « ,  » tatouages « ,  » âpres au gain », seigneurs de la rue. Voilà de braves garçons officiellement dédiés à la lutte contre l’abject terrorisme transformés en vulgaires voyous soucieux de plaisir charnel, de bon temps, d’argent (de quelle couleur et de quelle provenance ?)

Réponse cinglante de l’état-major des armées françaises :  » Les légionnaires n’ont ni quartier libre ni temps de repos hors des bases opérationnelles  » de Barkhane situées au nord du Mali. Et du ministère français de la Défense :  » Il n’y a quasiment plus de soldats français stationnés à Bamako « .

Maladroite, la déclaration de notre ambassadeur en France l’est en ce qu’elle renforce la propagande antifrançaise des terroristes comme l’a relevé avec raison un officiel français, ajoute du blé au moulin des détracteurs de la présence militaire française au Sahel, porte un coup rude aux efforts de rétablissement de la confiance entre dirigeants français et ceux du G5 Sahel entrepris depuis le sommet de Pau en janvier 2020.

Quelle confiance le président Emmanuel Macron pourrait avoir encore en son homologue malien IBK, sachant que Toumani Djimé Diallo est un ami personnel et un confident de très longue date de ce dernier ?

Il faut se rendre à l’évidence : après la violente campagne anti-française qui a jeté de l’ombre sur l’axe Paris- Bamako et qui tendait, ces temps-ci, à être reléguée au passé, c’est un coup de froid supplémentaire et inattendu qui vient affecter la relation entre le Mali et son principal partenaire au triple plan sécuritaire, économique et culturel.

Ce serait faire preuve d’un optimisme béat que penser qu’il ne laissera pas des traces douleureuses pour notre pays.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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