La Plateforme contre la Corruption et le Chômage (PCC) a organisé une conférence le samedi au Conseil national du Patronat du Mali (CNPM) pour informer le public sur les causes et conséquences de la corruption et du chômage au Mali. Selon le président de la PCC, ce sont 250 milliards de nos francs qui sont détournés chaque année soit l’équivalent de 350 000 emplois sur 5 ans dans un pays où le taux de l’employabilité n’atteint pas les 3 %.
C’est une véritable hémorragie financière qu’a dénoncée la PCC au cours de cette conférence d’information. Pour son président, le Pr. Clément Dembélé, le Mali est pris en otage par une bande de délinquants bien organisés qu’il faudra déraciner. A ses dires, pour ce faire, la méthode est très simple car elle repose sur le peuple qui doit prendre son destin en main en se mobilisant pour dénoncer et imposer sa volonté aux autorités. “Il faut que chaque Malien se rende compte que c’est son avenir qui est bafoué, son destin pris en otage par une minorité de bandits organisés. Donc il faut des mobilisations pour mettre fin à ce fléau”.
De ce fait, la Plateforme envisage d’entreprendre plusieurs actions dont l’organisation d’un sit-in le vendredi 14 juin prochain, à 14h, devant l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI), pour démontrer que l’on ne peut plus continuer à vivre dans cette situation, a indiqué Clément Dembélé. “L’OCLEI n’arrive pas à faire appliquer la Loi du 27 mai 2014 relative à la déclaration des biens par les élus, les fonctionnaires et toute autre catégorie concernée. Donc nous voulons à travers notre sit-in, exiger l’application de cette Loi signée par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, le 27 mai 2014”, a regretté le président de la PCC pour qui, s’il y a une véritable volonté politique, l’on peut bien lutter contre la corruption qui est loin d’être une fatalité à ses yeux. “Il est très étonnant de voir que les lois sont là, les organismes aussi mais rien n’est fait”, déplore-t-il.
Excédé par le phénomène, le Pr. Clément Dembélé fait savoir qu’il y a un lien entre la corruption et le chômage au Mali. “Tant que l’on continue à détourner 250 milliards de F CFA, il y aura toujours des chômeurs au Mali parce que les problèmes de manque d’infrastructures routières, de manque d’eau potable, d’insuffisance alimentaire, de santé ainsi que le chômage sont liés à la corruption”.
Dans son explication, il a cité entre autres l’impunité, la complicité en bande organisée, la détérioration des valeurs culturelles en faveur d’une société de paraitre, la cupidité et l’avarisme sans limite comme les causes de la corruption au Mali qui a pour conséquences la misère, la vulnérabilité face au terrorisme, la délinquance juvénile…
Pour éradiquer le fléau, la Plateforme contre la Corruption et le Chômage, en plus de dénoncer pour faire appliquer les lois contre la corruption et l’enrichissement illicite, envisage également d’organiser des sit-in, des marches en plus de vouloir proposer des moyens et méthodes tout en renforçant les actions de veille citoyenne.
En indiquant se baser sur les rapports de la Banque mondiale, de l’Afrobaromètre, de l’Agency Transparency, du Bureau du Vérificateur Général, etc., le Pr. Clément Dembélé affirme que ce sont 250 milliards de F CFA qui sont détournés chaque année au Mali. Ce qui correspond, à ses dires, à l’équivalent de 350 000 emplois sur 5 ans dans un pays où le taux de l’employabilité n’atteint pas les 3 %, dit-il. “En luttant contre le détournement de 250 milliards de F CFA par an, l’on peut permettre, en 5 ans, à 1 750 000 Maliens de vivre décemment et d’avoir accès aux services sociaux de base” a-t-il conclu.
Alassane Cissouma
Mali Tribune