La lutte contre la corruption est en train de prendre une nouvelle tournure dans notre pays. Après l’arrestation de plusieurs hauts placés dans des affaires de corruption, les deux dernières semaines ont été marquées par la mise sous mandat de dépôt de plusieurs responsables impliquées dans la gestion controversée des fonds Covid-19 et dans l’organisation du dernier concours d’entrée à la fonction publique entaché de fraudes.
Pour permettre à la Justice de mener librement son travail, le Président de la transition, le Colonel Assimi GOÏTA, a abrogé, lors du conseil des ministres du mercredi dernier, les décrets de nomination des personnes arrêtées dans l’affaire du fonds Covid-19 et celles impliquées dans la fraude lors du dernier concours de la fonction publique. A travers cet acte, le Président de la transition se débarrasse des ‘’personnes sales’’ conformément à sa déclaration selon laquelle « nul n’échappera à la justice pour sa proximité avec moi ».
Le Conseil des ministres du mercredi 14 février 2024 a procédé à l’abrogation des décrets de nomination de certains agents du ministère du Travail, de la fonction publique et du dialogue social et du ministère de la Santé et du développement social.
En effet, le ministre du Travail, de la fonction publique et du dialogue social a proposé au conseil des ministres l’abrogation de certains décrets portant nomination au ministère du Travail, de la fonction publique et du dialogue social.
Cette décision fait suite à la découverte d’un vaste réseau de fraudes ayant entaché la crédibilité du concours de recrutement dans la Fonction publique de l’Etat, exercice budgétaire 2023.
Ainsi, le conseil des ministres sous la présidence du Président de la transition, le Colonel Assimi GOITA, a procédé à l’abrogation des décrets de nomination des agents concernés.
Aussi, le ministre de la Santé et du développement social a proposé au conseil des ministres l’abrogation des décrets portant nomination au sein de son département de certains agents impliqués dans la gestion du fonds Covid-19.
Le conseil des ministres a accordé une oreille attentive à cette sollicitation en abrogeant les décrets de nomination de certains directeurs généraux du ministère de la Santé et du développement social, poursuivis par la justice dans le cadre de l’affaire relative à la gestion du fonds COVID-19.
A travers l’abrogation de ces décrets, le gouvernement donne corps à l’engagement du Président de la transition contre la corruption.
On se rappelle que lors de la cérémonie de présentation des vœux 2024, le Colonel Assimi GOÏTA a tenu un discours fort contre la corruption. Il a réaffirmé son engagement à lutter contre la corruption et à protéger la liberté d’expression.
Le Colonel Assimi GOITA a clairement déclaré : « Nul n’échappera à la Justice pour sa proximité avec moi ». Il a également souligné que la corruption était un problème qui touchait tous les Maliens, y compris les plus modestes.
« Ce qui frappe le plus le citoyen c’est la corruption au niveau des bureaux », a-t-il regretté.
En recevant les vœux de nouvel an du Président de la transition, les familles fondatrices de Bamako, les leaders religieux et les forces vives ont encouragé les autorités transitoires à continuer la lutte contre la corruption. Ils ont notamment salué la fermeté dont a fait preuve la Justice dans le dossier d’EDM, qui a conduit à l’arrestation de plusieurs personnes.
Aussi, en recevant le Rapport du Bureau du Vérificateur général, le Président Assimi GOITA s’était adressé au VEGAL en ces termes : «Votre rôle est indispensable dans le processus de lutte contre la corruption et la délinquance financière dans la mesure où il constitue le point de départ de toutes les autres actions à mener dans ce sens».
Il a également rassuré que cette lutte sera menée jusqu’au bout, avant d’ajouter qu’il n’interviendrait pas en faveur de personne, y compris les membres du gouvernement.
« Je n’interviendrai auprès de la Justice pour libérer une personne parce que c’est un ami ou un parent. Tous les Maliens sont égaux devant la loi », a-t-il mis en garde, ajoutant que sans ce combat, il n’y aura pas de stabilité dans le pays.
Ainsi, pour conjurer ce phénomène qui gangrène notre société dans tous les secteurs, le Colonel GOITA préconise un retour aux valeurs sociétales.
« Il faut savoir dire non, se dire que ma dignité et mon honneur ne me permettent pas de faire ça », a-t-il conseillé, tout en sollicitant l’implication des chefs religieux et des légitimités traditionnelles afin de renverser la tendance.
« Sous cette transition, nous avons ouvert tous les dossiers des personnes qu’on croyait intouchables », a relevé le Président.
Au passage, il a cité l’affaire de l’avion présidentiel et de la LOPM, le dossier de la zone aéroportuaire, l’affaire des billets parallèles du train, l’affaire des transitaires, le dossier des logements sociaux de Samanko dans le Mandé…
Pour gagner la guerre contre ce fléau du siècle, le Président Assimi a encouragé les Maliens à dénoncer auprès de la Justice où des services de la présidence les cas de corruption s’ils ont des preuves.
En tout cas, l’abrogation de ces décrets est un signal fort que personne ne peut commettre un acte de corruption et prétendre se soustraire des mailles de la Justice à cause de son poste ou de sa proximité avec un haut placé. Toute personne impliquée dans une affaire de corruption sera purement et simplement démise de ses fonctions pour se défendre devant la Justice comme un citoyen ordinaire.
Au regard de ce qui précède, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le Mali Kura est en train de progresser dans le chantier de la lutte contre la corruption lentement, mais sûrement.
PAR MODIBO KONÉ