Le FMI approuve une aide de près de 900 millions de dollars pour la Côte d’Ivoire
Le Fonds monétaire international a annoncé vendredi avoir approuvé le versement d’une aide d’urgence de 886,2 millions de dollars en faveur de la Côte d’Ivoire pour combattre l’épidémie de coronavirus. « L’impact économique attendu de Covid-19 sera considérable, et les perspectives à court terme se détériorent rapidement », souligne l’institution dans son communiqué. Pour autant, le Fonds estime que les autorités ivoiriennes « ont riposté promptement à la pandémie en s’appuyant sur un plan médical d’urgence et un plan ambitieux de politiques économiques visant à apporter un soutien ciblé aux populations vulnérables et entreprises touchées par la pandémie ».
« L’appui d’urgence du FMI au titre de la Facilité de crédit rapide et de l’Instrument de financement rapide aidera les autorités à combler les besoins urgents de financement budgétaire et de balance des paiements », a commenté Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint du FMI cité dans le communiqué. Il estime que cela aidera en outre « à catalyser » les financements supplémentaires des autres partenaires au développement. « Des financements supplémentaires sont essentiels pour combler l’écart de financement restant et préserver les acquis considérables de développement que la Côte d’Ivoire a réalisés au cours de la dernière décennie », ajoute le dirigeant.
Au Sénégal, polémique sur le transport de l’aide alimentaire
Plus de 145 000 tonnes de riz sont distribuées par les autorités sénégalaises en direction des ménages les plus vulnérables pendant la crise du coronavirus. Mais la polémique monte sur l’acheminement des stocks, le marché ayant été obtenu par l’entreprise UDS, dirigée par l’homme d’affaires et député Demba Diop Sy. L’activiste Guy Marius Sagna dénonce une forme de « corona-business » rendu possible par la loi d’habilitation votée le 1er avril permettant à Macky Sall de légiférer par ordonnance et donc aux députés d’obtenir des marchés publics sans dérogation de l’Assemblée nationale.
Le ministre du Développement communautaire Mansour Faye rejette ces accusations. « Je ne connais pas Demba Diop Sy. C’est l’entreprise UDE que je connais, qui a été soumissionnaire et qui a bénéficié effectivement d’un quota de transport en région. »
Dans une interview diffusée ce vendredi soir par RFI et France 24, le président Macky Sall annonce par ailleurs qu’un comité de pilotage sera mis en place dans le pays. Il sera dirigé par une personnalité indépendante et le Parlement, l’opposition et la société civile seront représentés. « Tout sera extrêmement clair et transparent au Sénégal, non seulement sur les aides, mais aussi sur l’appui à la diaspora et l’accompagnement de la résilience économique des entreprises », déclare le président sénégalais.
Le président Paul Biya coupe court aux rumeurs sur son absence
Après une absence prolongée de plusieurs semaines, le président camerounais Paul Biya est réapparu publiquement ce jeudi 16 avril, à l’occasion d’une rencontre avec l’ambassadeur de France, Christophe Guilhou. Coupant court aux spéculations qui allaient bon train sur son état de santé. Un tweet en milieu d’après-midi a annoncé cette rencontre. « Je viens de recevoir l’ambassadeur de France. Au menu de notre échange, la gestion de la pandémie du Covid-19 au Cameroun, en France et dans le monde », écrit le président camerounais. Quelques heures plus tard, la vidéo de cette audience est diffusée à la télévision nationale. Avec ce petit commentaire de l’ambassadeur sur le perron du palais présidentiel : « Je l’ai retrouvé alerte, comme toujours ».
Les autorités camerounaises ont par ailleurs indiqué hier soir le prolongement de la fermeture des établissement scolaires et universitaires. La rentrée scolaire est désormais prévue pour le 1er juin. Un calendrier susceptible d’être réajusté en fonction de l’évolution de l’épidémie dans le pays.
- Le coronavirus pourrait entraîner 27 millions d’Africains dans la pauvreté extrême
La Commission économique de l’ONU sur l’Afrique publie ce vendredi un rapport sur les conséquences économiques de la crise du coronavirus sur le continent. Les experts estiment que 27 millions de personnes pourraient entrer dans une situation de pauvreté extrême en raison de la crise sanitaire mondiale. Pour aider les pays africains à faire face à la situation, la Commission demande la mise en place immédiate d’un dispositif de protection de 100 milliards de dollars.
Selon le rapport, l’Afrique est particulièrement vulnérable à la propagation de l’épidémie en raison de sa démographie : 56 % de la population urbaine vit dans des bidonvilles surpeuplés, et seulement 34 % des foyers ont accès aux produits d’hygiène de base pour se laver les mains. Sans aucune mesure de protection, l’épidémie pourrait, selon les experts, causer la mort de 300 000 personnes sur le continent.
- Human Rights Watch s’inquiète des conditions des prisonniers en RDC
Malgré la libération de près de 2 000 prisonniers par les autorités congolaises depuis le début de la crise sanitaire, l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch regrette des mesures insuffisantes pour assurer la sécurité des détenus face à l’épidémie de coronavirus. « Il va falloir libérer encore plusieurs milliers de détenus pour que l’impact soit réel, estime Lewis Mudge, son directeur pour l’Afrique centrale. 71 % des prisonniers au Congo n’ont jamais été jugés ou sont encore en détention provisoire, c’est incroyable. »
Human Rights Watch dénonce également les conditions de détention des prisonniers, alors que les visites des familles et des avocats ont été interdites.
« On comprend les inquiétudes de possible transmission de virus, mais cela ne peut pas marcher dans un contexte où les prisonniers dépendent complètement des repas apportés par les familles. Et même en temps de pandémie, les détenus doivent pouvoir communiquer avec leurs avocats. Le gouvernement doit rapidement réfléchir à des solutions mise à disposition de téléphones, par exemple », déclare Lewis Mudge.
- Dans plusieurs pays, la société civile dénonce des violences pendant le couvre-feu
Au Congo-Brazzaville, un couvre-feu a été instauré dès le 31 mars, mais depuis quelques jours, des commerçants dénoncent le pillage de leurs magasins. Certains soupçonnent les forces de l’ordre d’être responsables. « Il y a bien des cas de vols. Au quartier Ngamakosso devant des boutiques qui ont été cambriolées, on a retrouvé les empreintes des rangers. Au moment où il y avait des policiers tout le monde était dans sa maison observant le couvre-feu. Alors ! Qui a volé ? », dénonce un boutiquier sous couvert d’anonymat. Le Premier ministre Clément Mouamba a déclaré de son côté que tout agent qui serait responsable de cambriolages serait immédiatement radié.
Au Togo également, les villes de Lomé et de Sokodé sont soumises à un couvre-feu de 20h à 6h, pour empêcher la propagation du coronavirus. Mais des bavures policières sont régulièrement dénoncées par la population. Le collectif des associations contre l’impunité au Togo souhaite porter plainte. « Nous pouvons vous dire que ces bavures sont avérées. Nous gardons espoir que la justice fera son travail et que ces personnes vont pouvoir répondre de leurs actes. Dans tous les cas, le ministre de la Sécurité a rassuré les populations : ces actes de violences et de bavures ne resteront pas impunis et les auteurs seront condamnés ,» a déclaré Me Claude Kokou Amégan, le président du collectif.
Au Gabon, l’armée a été appelée en renfort pour aider policiers et gendarmes à faire respecter le couvre-feu dans la capitale Libreville et dans ses environs. De 19h30 à 6h du matin, personne n’est autorisé à circuler dans les rues. Notre correspondant a suivi une patrouille pendant une soirée.
En Guinée, le président Alpha Condé s’inquiète de la gestion de la crise
Lors d’une rencontre au palais présidentiel avec le corps médical, l’ANSS (agence nationale de sécurité sanitaire) et l’OMS, le président Alpha Condé a exprimé sa colère sur la gestion de la crise en Guinée. « On ne nous dit pas la vérité, sincèrement, et notre situation va empirer. Il faut mettre toutes nos forces médicales en action, que ce ne soit plus seulement un groupe. Toutes les personnes qui peuvent travailler, nous devons les mettre au travail. Sinon, on va vers une catastrophe. On a commencé avec un cas, puis deux, puis trois, et aujourd’hui on en est à 400 cas ! La façon dont nous gérons n’est pas bonne », a déclaré Alpha Condé au cours de cette rencontre. En Guinée, 438 personnes ont été testées positives au coronavirus, et le virus a coûté la vie à une personne.
En Centrafrique, inquiétudes sur la gestion des fonds dédiés au coronavirus
La Coalition d’opposition et d’autres personnalités questionnent l’utilisation et la gestion des fonds d’aides des institutions internationales alloués à la lutte contre le Covid-19. « Est-ce que l’Etat compte mettre en place une structure censée gérer de façon correcte et équitable tous ces dons ? Est-ce que ces sommes vont servir dans un fond commun mis en place pour aider sur toute l’étendue du territoire ou bien cela va servir des buts électoralistes ? Donc oui on reste vigilants », déclare le député Jean-Pierre Mara.
Les détenus de trente établissements en Algérie mobilisés pour la fabrication de masques
L’administration pénitentiaire algérienne a décidé d’« ouvrir des ateliers de couture pour la confection de 200 000 masques par les prisonniers de 30 établissements pénitentiaires, à travers le pays, en vue de répondre à leurs propres besoins et à ceux des tribunaux », a déclaré jeudi soir le directeur général de l’administration pénitentiaire Faiçal Bourbala à l’agence de presse officielle APS. Les détenus participeront à ces ateliers sur la base du volontariat.
Faiçal Bourbala a également annoncé le lancement prochain d’une deuxième opération « englobant la confection de tenues et combinaisons de protection en faveur du personnel médical, avant de procéder à la fabrication de cabines de désinfection, prévue au niveau de trois établissements. »
Pour l’heure, aucun cas de coronavirus n’a été enregistré parmi les 58 000 détenus dans les prisons algériennes. Pour limiter la propagation de la maladie dans les établissements pénitentiaires, le ministre de la Justice a notamment suspendu les visites des familles des prisonniers et ordonné la mise en quarantaine de tous les nouveaux détenus pour une durée de 14 jours.
142 personnes jugées pour des violences pendant le confinement au Nigeria
Ce vendredi, 142 personnes accusées de meurtres, cambriolages, possession illégale d’armes et troubles à la paix publique ont été présentées devant un tribunal de l’Etat d’Ogun. Les suspects sont notamment accusés d’avoir terrorisé des habitants et des automobilistes lors de vols à main armée, selon le porte-parole de la police, Abimbola Oyeyemi. « Ils ont également violé l’ordre de confinement du gouvernement en se déplaçant sans autorisation », a-t-il indiqué.
Au Nigeria, un confinement total a été imposé dans plusieurs localités, dont Lagos, l’Etat d’Ogun et la capitale fédérale Abuja. Jeudi soir, l’Etat de Kano était à son tour confiné, pour une durée de sept jours.
Pour Oby Ezekwesili, la Chine doit indemniser l’Afrique
L’ancienne vice-présidente de la division Afrique de la Banque mondiale, Obiageli « Oby » Ezekwesili demande dans une tribune publiée par le Washington Post que la Chine prenne ses responsabilités dans la crise mondiale du coronavirus. Pour la Nigériane, également co-fondatrice de l’ONG Transparency International, les autorités chinoises, qui ont « échoué à gérer de manière transparente et efficace » la crise sanitaire, doivent maintenant indemniser les pays africains.
« La Chine doit se montrer responsable en reconnaissant son manque de transparence sur le Covid-19. Le gouvernement doit mettre en place un panel d’experts indépendants pour évaluer sa réponse à la pandémie. La Chine et le reste des pays membres du G20 doivent aussi engager des discussions avec l’Union africaine pour instaurer des mesures de réparations. Il est temps que les économies les plus riches se montrent capable d’agir pour le bien des plus pauvres et vulnérables. La Chine doit payer », écrit Oby Ezekwesili dans cette tribune.
Au Soudan, le gouverneur de Khartoum congédié
Le gouverneur de Khartoum a été congédié par le Premier ministre Abdallah Hamdok ce jeudi. Il avait refusé d’appliquer l’interdiction des prières collectives en raison des mesures de confinement. Le général Ahmed Abdoun avait défié les autorités civiles, en objectant par lettre que celles-ci n’avait pas l’autorité d’interdire les rassemblements du vendredi et du dimanche dans les mosquées. Le chef du gouvernement n’a donc pas hésité.
Le même Conseil des ministres, présidé par Abdallah Hamdok, a aussi sévèrement mis en garde les partisans de l’ancien président Omar el-Béchir. Ces derniers ont, pour la troisième fois en une semaine, manifesté jeudi dans la capitale pour exiger la démission du gouvernement, et ce malgré l’interdiction des rassemblements pour des raisons sanitaires.
Au sortir du Conseil, le ministre de l’Industrie Madani Abbas Madani a demandé aux forces de sécurité de « traiter ces hors-la-loi avec fermeté ». « Ils ne devraient pas être autorisés, a-t-il dit, à occuper les espaces de liberté que le peuple soudanais a arraché à l’ancien régime pour subvertir la voie démocratique. »
A ce jour, le Soudan a dénombré 32 cas de Covid-19 sur son territoire. Et à compter de ce samedi, la capitale Khartoum est totalement confinée pendant trois semaines.
Au Malawi, le confinement suspendu par une décision de justice
Le confinement, qui devait commencer ce samedi 18 avril pour une durée de trois semaines au Malawi, a été suspendu par une décision de justice ce vendredi en fin d’après-midi. La HRDC (Coalition pour la défense des droits humains) avait déposé un recours pour demander cette suspension, dénonçant le manque de mesures prises par le gouvernement pour aider les plus vulnérables à faire face à l’impact économique du confinement.
Depuis jeudi, des commerçants protestent dans plusieurs villes du pays contre le confinement. Sur leurs pancartes, ils expriment leur peur de ne plus pouvoir nourrir leur famille : « Le confinement est plus toxique que le coronavirus », ou « Nous préférons mourir du coronavirus plutôt que mourir de faim », écrivent-ils.
Le footballeur El-Hadji Diouf distribue du matériel sanitaire au Sénégal
Beaucoup de sportifs africains et notamment des footballeurs se mobilisent pour aider leur pays à lutter contre la pandémie et ses effets. C’est cas de Didier Drogba, Samuel Eto’o, Sadio Mané ou encore El-Hadji Diouf. Le Ballon d’Or Africain 2001 et 2002 soutient la population sénégalaise notamment via des dons de matériels sanitaires. « Ma femme est partie dans des quartiers défavorisés pour donner du gel, des masques et du savon. Le confinement aujourd’hui, c’est très dur dans les pays africains, car les Africains vivent au jour le jour. Mais il faut féliciter les Sénégalais, parce qu’ils ont tous compris, la population sénégalaise joue le jeu », a déclaré le footballeur à RFI.
Les milliardaires africains participent à la lutte contre la pandémie, mais au niveau national
Lors de l’épidémie d’Ebola, les milliardaires africains avaient largement contribué à financer l’effort de l’Union africaine. Mais cette fois, les dons de dizaines de millions de dollars déjà annoncés sont destinés uniquement à des fonds nationaux. C’est le cas par exemple au Nigeria, où une coalition du secteur privé contre le Covid-19, pilotée par Dangote et le groupe bancaire Access Bank a promis près de 57 millions de dollars pour le pays.
Mobilisation aussi en Afrique du Sud : le magnat des mines, Patrice Motsepe, la famille Rupert qui gère un important fonds d’investissement et la famille Oppenheimer, à la tête du premier groupe diamantaire mondial, De Beers, ont promis, pour la nation arc-en-ciel, un total de 163 millions de dollars. Au Zimbabwe, Strive Masiyiwa règle une partie des salaires du personnel soignant, leur fournit protections et assurance. Mais jusqu’ici, le rôle de premier philanthrope du continent revient à quelqu’un qui doit peu à l’Afrique, le chinois Jack Ma, fondateur du géant du commerce en ligne Alibaba et classé vingtième fortune mondiale.
L’Union africaine a créé un fonds spécial, avec pour objectif de réunir 400 millions de dollars. Il devrait servir à financer en priorité la réponse sanitaire, puis les économies. Mais selon une source au sein de l’organisation panafricaine, la plupart des grandes fortunes se contentent pour l’instant de communiquer sur d’éventuelles promesses de dons, pas encore concrétisées.
Source: Rfi.fr