« Si la Corée du Sud ose tenter d’utiliser ses forces armées contre la Corée du Nord ou de menacer sa souveraineté et sa sécurité (…) nous n’aurons aucune hésitation à anéantir la Corée du Sud en mobilisant tous les moyens et les forces » en notre possession, a prévenu le dirigeant nord-coréen, à l’occasion d’une visite d’usines militaires.
Nouvelle sortie agressive du dirigeant nord-coréen en ce début d’année. Après avoir appelé à une dissuasion nucléaire renforcée, Kim Jong Un a répété qu’il n’hésiterait pas à « anéantir » la Corée du Sud, le « principal ennemi » du pays. Des propos rapporté ce mercredi par l’agence de presse officielle du pays KCNA.
Dans le détail, le dirigeant nord-coréen a déclaré en premier lieu que la priorité de Pyongyang doit être de « renforcer les capacités militaires d’autodéfense et la dissuasion nucléaire en premier lieu », d’après l’agence.
« Si la Corée du Sud ose tenter d’utiliser ses forces armées contre la Corée du Nord ou de menacer sa souveraineté et sa sécurité (…) nous n’aurons aucune hésitation à anéantir la Corée du Sud en mobilisant tous les moyens et les forces » en notre possession, a aussi prévenu le dirigeant nord-coréen.
« Le moment historique est enfin venu où nous devrions définir la Corée du Sud comme l’État le plus hostile à la Corée du Nord », a encore assuré Kim Jong Un, qualifiant la Corée du Sud de « principal ennemi ». Mais la Corée du Nord ne déclenchera pas « unilatéralement » un conflit, a un peu nuancé le numéro un nord-coréen selon KCNA. Le pays n’a « pas non plus l’intention d’éviter une guerre », a-t-il ajouté à ce sujet.
Mobilisation militaire
Ces mots ont été prononcés lundi par le leader nord-coréen à l’occasion d’une visite de plusieurs usines de munitions, en compagnie de hauts responsables du parti et de l’armée. Des images diffusées par les médias d’Etat montrent le dirigeant vêtu d’une longue veste en cuir noir, debout devant ce que les analystes ont considéré être des lanceurs de missiles balistiques à courte portée, censés être à capacité nucléaire.
Ces déclarations font également suite à de récents exercices d’artillerie à munitions réelles par l’armée nord-coréenne près de la frontière maritime contestée, qui ont donné lieu à des ordres d’évacuation et des contre-exercices. Lors de cet exercice, la Corée du Nord a tiré plus de 200 obus d’artillerie à proximité de deux îles frontalières sud-coréennes (Yeonpyeong et Baengnyeon) qui ont dû être évacuées, selon un responsable de l’armée sud-coréenne.
Ces manœuvres débutées vendredi dernier représentent l’une des plus importantes escalades des tensions entre les deux parties depuis 2010, lorsque Pyongyang avait bombardé l’île de Yeonpyeong, faisant quatre morts.
Le durcissement de la Corée du Nord
Selon Hong Min, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale, ces mots du leader nord-coréens marquent un changement dans la politique nord-coréenne et laissent présager que Pyongyang adoptera à l’avenir une « position beaucoup plus dure » à l’égard de Séoul. « C’est la première fois que le Nord qualifie le Sud d’ ”ennemi principal”, ce qui signifie que l’approche de la Corée du Nord à l’égard de Séoul évolue vers un mode ultra agressif », a-t-il ajouté auprès de l’AFP ce mercredi.
Montée des tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Sud
Le 18 décembre dernier, a été opéré un tir de « Hwasong-18 », le missile balistique intercontinental (ICBM) le plus puissant de l’arsenal nord-coréen, capable d’atteindre les Etats-Unis. Ce tir a fait partie de l’un des nombreux essais menés par la Corée du Nord au cours de l’année 2023.
C’est dans ce contexte de regain de tensions entre Washington et Pyonyang que s’est tenue jeudi 28 décembre 2023, la réunion plénière du comité central du Parti des travailleurs de Corée, grand-messe annuelle du parti unique au pouvoir en Corée du Nord. À cette occasion, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a ordonné « à l’Armée populaire, à l’industrie des munitions, aux secteurs des armes nucléaires et de la défense civile d’accélérer les préparatifs de guerre », selon l’agence d’État KCNA.
Ces derniers mois, les tensions se sont exacerbées entre la Corée du Nord (alliée à la Russie et à la Chine) et la Corée du Sud (soutenue par les Etats-Unis et le Japon). Les forces armées américaines ont ainsi envoyé en Corée du Sud ces derniers mois le sous-marin à propulsion nucléaire USS Missouri, le porte-avions USS Ronald Reagan et un bombardier stratégique B-52, provoquant à chaque fois la colère de la Corée du Nord.
Les États-Unis et la Corée du Sud ont, en outre, participé à la deuxième session du Groupe consultatif nucléaire, en juillet 2023, à Washington, axée sur la dissuasion nucléaire en cas de conflit avec le Nord. Avant la rencontre, le ministre sud-coréen de la Défense avait alors menacé Pyongyang de « destructions effroyables », si elle s’engageait dans des actions « imprudentes », qui « détruisent la paix » dans la péninsule coréenne.
Efforts d’apaisement anéantis
Les deux Corées avaient entamé en 2018 un processus de rapprochement, caractérisé par trois rencontres entre Kim Jong Un et le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in. Mais les relations entre les deux Corées se sont détériorées jusqu’à atteindre un point bas cette année, après que le lancement d’un satellite espion par Pyongyang a poussé Séoul à suspendre partiellement un accord militaire de 2018 visant à désamorcer les tensions.
Pour rappel, les deux pays sont toujours techniquement en guerre depuis la fin du conflit en 1953 qui s’est conclu sur un armistice et non un traité de paix. Depuis plus de 70 ans, la péninsule connaît une alternance de périodes d’aggravation des tensions et de relative détente. Leurs relations sont actuellement au plus bas depuis des décennies.