Depuis que le président français a convoqué ou invité (selon le côté ou on se place) les chefs d’Etats du G5 Sahel, nous avons réagi le plus souvent avec nos cœurs et notre orgueil de Maliens.
Descendants de Soundiata, de Firhoun, de Babemba etc., nous pensons que la manière de faire du Président Macron n’était pas la mieux indiquée; parfois même on pense au retour de la Françafrique.
C’est vrai, au prime abord, les propos du Président Macron font mal à notre orgueil; mais doit-on analyser ces propos avec notre fierté seulement ?
Le Président IBK doit partir ; pour le Mali il avalera encore beaucoup de couleuvres, le pauvre ; il est venu au mauvais moment.
Aujourd’hui, au lieu de faire parler nos cœurs passons aux actes. C’est la seule cause noble pour soutenir le président de la République car, il a besoin de sentir le peuple avec lui, tous les reproches que l’on fait à la France se font par les réseaux sociaux, combien de Maliens sont connectés ?
Si la France plie bagage aujourd’hui, combien serons-nous à nous mettre à la disposition de l’armée et du pays ? Nous avons pris le mauvais pli ; parler est devenu le propre du Malien or, parler ne résoudra pas ce problème. Combien de fonctionnaires ou de retraités, combien de paysans sont-ils prêts à donner le quart de leur salaire pour les uns, et des céréales et des animaux pour les autres au profit de notre armée ? C’est vrai que ce que nous recevons parait insuffisant, mais pour le Mali, quel sacrifice serait trop grand? Nous, fils de pauvres, du lycée aux études supérieures, le Mali nous a pris en charge ; Il est temps de donner en retour tout ce que nous pouvons en nous mettant tous debout sur les remparts. Les mariages pompeux, les boîtes de nuit, les bars et dancings doivent être mis en veilleuse. Chacun de nous peut mourir demain mais le Mali ne doit pas. Donc, si nous sommes prêts à ce sacrifice IBK n’ira pas à Pau. Je sais que l’on me rétorquera que c’est la mauvaise gouvernance; mais soyons honnêtes. IBK n’est pas l’Alpha et ne sera pas l’Omega des problèmes du Mali; le Général Moussa Traoré s’est exprimé sur les causes des faiblesses actuelles de l’armée malienne; il sait de quoi il parle. Alors mettons nous en tête que le Mali vaut mieux que chacun de nous pour ne pas faillir.
Et puis, il faut comprendre Macron, car cette intervention est venue après que lui-même ait été tancé par le Président des USA qui a qualifié l’économie française d’économie de désespoir dont les gilets jaunes sont la preuve.
Mais si Macron veut faire de nos présidents ses souffre-douleurs, il se trompe.
Aucun autre mandat ne lui sera donné tant qu’une évaluation objective des missions n’aura été faite.
En effet, il faut que l’on sache ce que Serval, Barkhane et la Minusma ont posé comme actes dans l’atteinte des objectifs qui leur étaient assignés; si cette évaluation est positive, alors on va devoir revoir ce qui n’a pas été fait conformément aux intérêts du Mali. Après ça, on va procéder au renouvèlement de leurs missions pour un Mali un et indivisible.
La France, le peuple français ne sauraient être nos ennemis, nous avons des parents qui y vivent dans la quiétude et nous n’avons jamais attaqué un Français dans la rue.
Seulement, nous voulons que les gouvernants de la France sachent que nous nous battons pour le Mali. Il est incompréhensible qu’avec tous les moyens dont disposent les troupes françaises, elles ne voient jamais arriver le danger et s’entêtent à sortir Kidal du giron malien.
Quant à M. le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, il faut qu’il sache que les Maliens comprennent français et qu’il doit plutôt condamner le nain intellectuel qui a tenu ses propos inadmissibles à Kidal pour mériter de la confiance placée en lui par les Nations unies.
C’est pour dire ça à M. Macron qu’IBK doit se rendre à Pau et rester en phase avec son peuple.
Me Harouna Keïta
Avocat au Barreau du Mali
Le Prétoire