L’opération permettra notamment à l’Etat d’identifier l’effectif de ses fonctionnaires et contractuels. Et de moraliser un important poste de dépenses.
Le mois tire vers sa fin et comme cela est de coutume à cette période, la plupart des agents de l’Etat n’ont qu’une priorité à l’esprit, tenir en attendant que les salaires ne viennent regarnir les poches. Sauf que cet Octobre ci ne sera pas tout à fait semblable aux autres.
Avis à ceux – certainement peu nombreux – qui l’ignorent encore, la paie de ce mois-ci ne sera pas perçue comme celle des mois précédents. Non seulement le salaire sera versé en cash, mais encore il ne sera perçu par les fonctionnaires (et les contractuels) qu’après que ceux-ci aient satisfait certains préalables en fournissant les documents administratifs exigés à la caisse.
Telle est la procédure instaurée par le gouvernement à travers le ministère du Travail, de la Fonction Publique et des Relations avec les Institutions dans le cadre d’une vaste opération de contrôle physique des ressources humaines de l’Etat. Opération qui commence aujourd’hui, sera d’envergure nationale, s’étendra tout au long du dernier trimestre de l’année 2014 et concernera tous les départements ministériels.
C’est donc une épée de Damoclès qui va rester suspendue pendant une douzaine de semaines au-dessus des éventuels instigateurs et bénéficiaires, coupables de s’être fourvoyés dans la création d’emplois fictifs. Les premiers résultats de ce contrôle physique sont vivement attendus par les pouvoirs publics qui ont d’ores et déjà lancé un avertissement clair : les anomalies seront sanctionnées proportionnellement à la gravité de la faute commise.
La vérification ainsi lancée n’est pas inédite. Par le passé, d’autres contrôles ont dévoilé des emplois fictifs en nombre assez conséquent et qui rapportaient à des comptables et régisseurs de services publics des sommes coquettes.
L’opération qui démarre s’impose logiquement. Au moment où le pays bataille pour sortir de la tête de l’eau et où des partenaires techniques et financiers s’affirment demandeurs d’une gestion rigoureuse, le gouvernement a tout intérêt à mettre de l’ordre dans les finances publiques et à combattre ceux qui ont tendance à considérer l’Etat comme une vache à lait.
Sont concernés par la vérification physique des effectifs tous les agents émargeant au budget de l’Etat, c’est-à-dire les fonctionnaires civils et militaires ainsi que les contractuels de l’Etat. Sans oublier les fonctionnaires des collectivités territoriales émargeant sur le budget de l’Etat.
Selon le service de communication du ministère chargé du Travail, le contrôle physique permettra à terme de maîtriser les effectifs et d’obtenir des statistiques fiables sur la masse salariale. Il servira aussi à localiser géographiquement les agents de l’Etats afin de mieux lutter contre la fraude amenée par l’inscription agents fictifs et les situations irrégulières.
Le gouvernement identifiera de manière très fine les emplois tenus et, a contrario, les abandons de poste. Il aura aussi à sa disposition à la fin du processus une base de données précise sur le niveau d’exécution des cadres organiques. Ce qui lui permettra grâce aux données récoltées de mieux définir les besoins de l’Etat en ressources humaines.
DE GROS SOUCIS
Autre avantage notable, l’opération permettra d’orienter la politique du gouvernement sur la gestion efficace des ressources humaines, la création d’emplois et la modernisation de l’administration publique et des collectivités territoriales. L’opération permettra enfin de réparer une anomalie qui étonnera certainement le grand public.
Nombreux sont en effet les agents émergeant au budget d’Etat qui ne disposent pas de dossiers physiques au niveau des archives de la Fonction publique. Le directeur national de la Fonction physique et du personnel a averti que le nouveau système de gestion du personnel doit être impérativement mis à jour. Or, les résultats d’une première opération de collecte de données a révélé que 10 000 agents fonctionnaires et contractuels ne disposent pas de dossiers physiques.
La tâche à mener est loin d’être facile. Mais les organisateurs, qui se sont préparés en conséquence, n’ont aucun doute sur le bon déroulement de l’opération. Celle-ci se déroulera selon un chronogramme déjà communiqué différents départements ministériels. La présence de tous les agents est garantie par avance, personne ne pensant à se mettre en danger par la non perception du salaire.
Avant de percevoir leur dû, les fonctionnaires et les contractuels de l’Etat auront à présenter aux contrôleurs un certain nombre de pièces administratives qui sont une pièce d’identité en cours de validité, l’acte de recrutement, la décision de mise en congé de formation pour ceux qui sont en formation à l’extérieur, le certificat de vie individuelle ou collectif des enfants et l’acte de mariage.
Pour le mois d’octobre, première phase de ce contrôle physique, sont concernés les agents du secteur de la sécurité et de la protection civile sur toute l’étendue du territoire. A eux s’ajoutent tous ceux en service dans les cabinets, les Secrétariats généraux et les services centraux des départements ministériels de tous les secteurs.
Le ministre du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les institutions compte sur la mobilisation et la disponibilité de tous pour la bonne réussite de l’opération, a rapporté son attaché de presse. Qui n’a pas jugé utile de préciser que cette disponibilité et cette mobilisation seront fortement encouragées par le désir de s’éviter de gros soucis de salaire.
A. M. CISSÉ
Source: L’Essor