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CONTRIBUTION : Qu’en penses-tu, Seïdina Oumar Dicko ?

Dans les salons feutrés de la capitale, les restaurants chics, les arbres à palabres à l’intérieur du pays, dans les transports publics, dans les lieux de culte jusque-là réservés au recueillement, mais aussi dans les bars qui ne désemplissent pas malgré la crise, les  » grins  » qui, comme l’Agora ( ndlr : théâtre situé derrière l’ Acropole à Athènes, lieu politique du Ve siècle av JC pour discuter des affaires de la cité, premier lieu d’exercice de la démocratie) sont des lieux du savoir réunissant quotidiennement les gens de même affinité, il n’est question que de remaniement et de renouvellement de l’équipe de mission et surtout de constitution d’une équipe restreinte prête au combat dès ce mois de janvier 2020. Mais où en sommes-nous avec les indicateurs du remaniement ?

 

En attendant le Gouvernement resserré de l’après- DNI, longtemps annoncé pour janvier, c’est l’heure du bilan pour de nombreux ministres qui, tout comme disent les sages bambaras friands de paraboles, sont  » le malade qui ne croit plus en Dieu « . C’est dire qu’ils ne sont pas convaincus qu’IBK les reconduira dans un gouvernement amputé de moitié. Alors il n’est pas rare de voir de longs entrefilets dans la presse sur telle prouesse réalisée grâce à un ministre ou de constater les nombreux déplacements proactifs ponctués de slogans destinés aux travailleurs méritants ou menaçant les traînards, histoire de susciter ou de maintenir la flamme qui a brillé pour eux depuis leur dernière nomination.

Pour les plus nantis ce sont les communicants locaux et étrangers qui sont sollicités pour les mettre en valeur, selon certaines sources bien introduites. Un de nos confrères révèle, ainsi, récemment des sondages formatés (ndlr : qui rappellent étrangement l’affaire des études d’opinions commandées par l’Élysée sous Nicolas Sarkozy en 2008 et qui ont débouché sur une investigation, toujours en cours, sur la régularité des marchés passés avec les sondeurs et sur d’éventuels faits de favoritisme). Ces sondages, selon le journal d’investigation, créditent des taux bolcheviques au PM Boubou Cissé, le plaçant même au-dessus du président IBK et de son opposant historique, Soumaïla Cissé.

Un sondage qui laisse pantois, en effet, même les moins sceptiques, alors qu’aucun résultat ne le sous-tend. Sur ces entrefaites et comme pour donner raison au journal d’investigation, on apprend aujourd’hui que  » Baromètre Mali « , un instrument de veille, selon ses promoteurs, a procédé, le samedi 4 janvier 2020, au cours d’une conférence de presse, à la proclamation de la liste des Maliens et des étrangers résidant au Mali qui ont le plus marqué l’opinion nationale par leurs efforts en faveur du développement du Mali. Dans la catégorie du ministre de l’année, c’est le Premier ministre Dr Boubou Cissé qui a été désigné comme  » meilleur ministre  » parmi les cinq candidats.

Les déclarations macroéconomiques sur les taux d’inflation maîtrisés, le bon niveau de l’économie qui tourne autour d’un taux de croissance soutenu de 5 % depuis 2012 ne trompent personne, Les paniers de la ménagère restent désespérément vides, les salaires et les pensions, dès le jour de leur paiement, sont totalement grevés par les charges. S’y ajoutent les tensions sociales dans des secteurs vitaux comme l’éducation, la santé, les banques pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, le pays n’a jamais été aussi exsangue du fait des attaques terroristes sur plus du 1/3 du territoire national que ces dernières années. L’insécurité s’est généralisée, y compris dans la capitale où l’on ne compte plus les crimes du fait du grand banditisme.

C’est dans ce climat de terreur que s’est tenu le DNI du 14 au 22 décembre dernier, qui a retenu 4 recommandations, dont la diminution du train de vie de l’Etat, repris en écho par les syndicalistes qui répondaient à la trêve sociale réclamée par le président de la République dans son adresse à la nation de la St- Sylvestre.

Le pouvoir n’est- il pas désormais à l’épreuve de la foi ? Il ne reste, effectivement, aux Maliens sceptiques et atomisés par les difficultés que d’avoir foi dans les déclarations officielles qui insistent sur le retour possible de la paix, la reprise en main des FAMas qui traquent les terroristes désormais et gagnent du terrain, le retour de l’abondance grâce à une bonne pluviométrie et un meilleur encadrement du monde rural, l’annonce de la volonté ferme du président d’appliquer toutes les résolutions et recommandations du DNI qui a sauvé l’année 2019 et ouvert de bonnes perspectives pour 2020.

Le pouvoir, au sortir du DNI, a donné foi en une renaissance et une refondation possible du Mali. Reste à savoir s’il résistera à ses propres péchés mignons d’antan comme le clientélisme, le fait partisan, la gabegie et l’impunité en laissant les juges aux « mains propres » poursuivre leurs actions salvatrices.

Rien n’est moins sûr. Si l’on se réfère aux dernières décisions du Conseil des Ministres, le pouvoir semble se complaire dans les défis et le déni. wait and see !

senamarou@yahoo.fr

Source: l’Indépendant

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