Cher grand-père
Encore une fois de plus ma lettre d’information sans censure. Ma 49ème. Cher grand-père, le Mali se “Covide” davantage. On n’est plus à 19 ou 20 mais à plus de 200 personnes “Covidées”. Nous attendons les 20 millions de masque pour les partager comme la richesse du Mali. Quelques individus et familles. Chacun aura ses 100 masques et zéro pour celui qui n’a pas les bras longs. C’est le Mali.
Cher grand-père, on a tenu les élections législatives sous la grande tempête Covid mais rassure-toi, les parapluies étaient là et bien dressés. Aucune goute de Covid ne devrait tomber sur quelqu’un. Inch’Allah ! Nous avons voté et aurons très bientôt nos députés “Corona” à l’hémicycle. Malheureusement grand-père, ceux dont on ne voulait plus dans l’Assemblée, les singletons et autres sont partis mais ceux qui s’apprêtent à venir ne sont pas les souhaités non plus. Ou bien, c’est le Mali ?
Grand-père, le général Moussa Traoré, le père fondateur du chaos malien, avait dit que le Mali n’était pas prêt pour la démocratie. Au constat de 30 ans après et nos comportements, j’avoue qu’on n’était pas prêt et me demande si on l’est toujours. Oui cher grand-père, si 30 ans après le citoyen lambda ne connait pas les 3 pouvoirs et leur limite, les institutions et leur mission, ses libertés et ses devoirs, c’est qu’on s’est précipité vers une fournaise qui nous violentera fort longtemps. C’est le constat, grand-père, de voir des innocents souffrir d’esclavagisme à Kayes, des innocents mourir sous des exactions militaires pour appartenance ethnique à Mopti et des voix de vote vendues à 2000 F CFA, moins cher qu’un poulet rôti. En 2020, 30 ans après ! Aucun droit, aucune liberté ! Je me demande si l’ont n’est pas en la période de Dah Monzon Diarra. Un enfer réel !
Cher grand-père, le chemin que le Mali a à faire en démocratie est très long. Une nation où les populations s’aiment, se développent et s’émancipent, peut perdurer mais un Etat qui n’existe que pour restaurer une prétendue souveraineté que par des armes sur des innocents, succombera à n’importe quelle tempête. Cher grand-père, pour dire que le chemin qu’emprunte le Mali dans la résolution de sa crise sécuritaire, le fragilise en son centre. Et si ton ennemi n’a pas pu te couper la tête, il cherchera à te couper les hanches. Il y’ a trop de frustrés à base ethnique au centre. Je ne cesserais de le dire car je sais ce que cela pourrait amener.
En attendant d’éduquer les Maliens sur le vote et la démocratie, d’adapter notre système d’éducation à notre étape d’évolution, le Mali continuera son tâtonnement entre misère, galère et guerre. Sinon j’aurais appris aussi que tout ça est un fait exprès pour que ceux qui sont au pouvoir y demeurent et les autres à attendre les élections pour prendre leur 2000 F. Donc grand-père, à toi je dis à mardi prochain, Inch’Allah et à nos élus, dans 5 ans comme d’habitude.
Lettre de Koureichy
Mali Tribune