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Contestation politique : Me Mountaga Tall œuvre-t-il pour une nouvelle insurrection populaire ?

Depuis un peu plus d’un mois, on assiste à une radicalisation de certains partis politiques à la suite de la question de la relecture de la charte des partis politiques

A la faveur de cette relecture, un regroupement hétéroclite de partis politiques a vu le jour sous la houlette Maître Mountaga Tall, président inamovible du CNID-Fasow Yiriwa Ton. Dès lors, les menaces et les intimidations se sont multipliées à l’endroit des autorités.

 » Respect de la constitution »!   » Non à la dérive » !  » Oui à la démocratie, à la République et à l’Etat de droit  » ! ;  tels sont les quelques slogans que scandent les partis politiques regroupés au sein de l’IPAC (Initiative des partis sur la charte), un regroupement piloté par l’enfant toucouleur de Ségou, Mountaga Tall, Ba Mountaga pour les intimes.

En effet, dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation tenues en fin d’année 2021, relatives aux partis politiques, le gouvernement a décidé de démarcher les formations politiques en vue d’une relecture de la loi qui les régit. En mars 2025, des partis sous la houlette de Maître Tall se sont réunis pour faire des propositions qui ont été remises au gouvernement. Des propositions qualifiées par le gouvernement de « généralités sans proposer de modalités opérationnelles concrètes », d’où l’application d’un principe juridique légitime, qui est le parallélisme des formes et des compétences. Un principe qui permet au gouvernement de soumettre les propositions des partis politiques et des organisations de la société civile à l’appréciation des Forces vives de la Nation à l’intérieur du pays et des Maliens établis à l’Extérieur, car ce sont ces mêmes acteurs qui ont adopté les recommandations des ANR en décembre 2021. Cette décision du gouvernement n’a pas, du tout, été appréciée par les partis politiques qui se sont regroupés ; bisous la dénomination de l’Initiative des partis politiques sur la charte (IPAC). Dès lors, Tall s’est cru doté d’une mission divine pour empêcher la tenue de la consultation des forces vives de la nation. Deux points de presse ont été organisés dans le seul mois d’avril 2025 pour indiquer non seulement que les partis politiques de l’IPAC ne participeront pas à cette consultation, mais aussi qu’ils ne reconnaîtront pas les recommandations issues de ce forum. C’est l’occasion pour Maître Tall de rebondir sur la scène politique, comme un phœnix qui renaît de ses cendres, afin de s’imposer en leader suprême d’une contestation politique pouvant aboutir à l’accession au pouvoir tant rêvé.

Pour beaucoup d’observateurs de la scène politique nationale, le comportement de l’enfant de Ségou n’est pas surprenant. Il a été de tous les mouvements insurrectionnels de changement de pouvoir pendant ces trois dernières décennies.au Mali.

L’un des  plus jeunes leaders lors de l’insurrection de 1990-91

En 1990-91, il a été l’un des acteurs les plus jeunes du mouvement insurrectionnel qui a mis fin au régime de parti unique de feu Général Moussa Traoré. Malheureusement, celui-ci chuta lorsqu’il avait fui le pays pour, dit-il, des raisons de sécurité comme si les autres acteurs, qui sont restés dans le pays, n’étaient pas en danger. D’ailleurs pour justifier son acte, il n’hésita pas à accepter un débat, à  la veille des élections générales de 1992, avec feu Mamadou dit Maribatrou Diaby, président de PUDP ( Parti pour l’unité, la démocratie et le progrès) connu pour être non seulement le moins lettré des chefs de partis politiques, mais aussi le plus acerbe dans les débats. Au cours de ce débat, Tall a voulu justifier sa fuite du pays en sortant de son sac, en pleine émission, des douilles de balles qu’il prétend avoir ramassées au niveau de son domicile. En riposte, Maribatrou a, tout simplement, dit : quelqu’un qui fuit son pays, quand ça ne va pas, ne peut pas être un bon dirigeant s’il est élu à la tête du pays. Et d’enfoncer le clou en affirmant que le père et le grand-père de Tall ont été des gens qui ont, tous, fui quand ça n’allait pas dans le pays. Ce débat a, lourdement, pesé  dans l’échec de Mountaga Tall à la présidentielle de 1992.  Ce qui fera qu’il sortira 3è de l’élection présidentielle remportée par Alpha Oumar Konaré. Déçu de son résultat, il ne donnera aucune consigne de vote ni pour Alpha, ni pour feu Tieoulé Mamadou Konaté arrivé comme 2è au premier tour. Dès lors, il se positionne comme chef de file de l’opposition de fait  avant qu’il ne soit relégué au second, sinon au troisième plan par feu  Tieoulé Mamadou Konaté dans le cadre d’un regroupement politique dénommé le Front de sauvegarde de la démocratie (FSD) composé de son parti, du MPR ( Mouvement patriotique pour le renouveau de Choguel Maïga) nouvellement créé. En 1994, à la suite d’événements estudiantins violents, ne serait pas étranger, le président Alpha forme un nouveau gouvernement dans lequel Tall fait entrer deux cadres de son parti. Insatisfait de cette entrée, il décida de retirer ceux-ci de l’équipe gouvernementale peu de temps après. C’est dans ce contexte qu’arrive la fin du premier mandat d’Alpha. La préparation des élections lui donnera une autre occasion de vouloir prendre le leadership d’une contestation. L’issue des législatives de 1997 Dont les résultats ont été rejetés par la majorité de la classe politique, constituera un nouveau regroupement appelé le Collectif des partis politiques de l’opposition (COPPO).

Dans le COPPO, il œuvra en vain pour faire chuter  le régime d’Alpha Oumar Konaré

Malheureusement encore, l’enfant toucouleur de Ségou sera relégué de nouveau au second plan face à des dinosaures comme feu Almamy Sylla (Président du rassemblement pour la démocratie et le progrès RDP) qui prendra la tête du mouvement de contestation contre Alpha. Pour être vu davantage, il accepte de faire un débat télévisé face à Maître Kassoum Tapo, président de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Lors de ce débat, il s’est fait avoir comme dans celui d’avec feu Mamadou dit Maribatrou Diaby. En direct sur la TV nationale, Mountaga Tall a reproché au patron de l’organisation des élections que les cartes d’électeurs circulent et se vendent comme du petit pain. En réponse, Maître Tapo a rétorqué qu’au regard de la loi qu’il peut le faire arrêter instantanément pour complicité de vol et recel. Quelle humiliation pour quelqu’un qui est du domaine judiciaire.

Malgré cette humiliation, il continue en compagnie de ses collègues du COPPO à donner du fil à retordre à Alpha en boycottant toutes les élections, en organisant des meetings, des marches, etc.

Nonobstant, cette farouche opposition à son régime, Alpha fera organiser toutes les élections y compris la présidentielle qu’il remportera des le 1er tour face à feu Mamadou dit Maribatrou Diaby qui a subitement quitté le COPPO. Durant ce second mandat, Mountaga Tall n’a jamais reconnu Konaré comme Président de la République. Il invitait toujours les maliens à appeler le président Alpha « Monsieur Alpha Oumar Konaré » au lieu de « Monsieur le Président de la République ». Pour mettre fin à l’anarchie que le COPPO a installé dans le pays, le pouvoir d’alors interpella les leaders. C’est dans ce contexte que Mountaga Tall se retrouva en prison à Kita. Il y restera quelques temps avant d’être élargi tout comme ses autres collègues du COPPO. Lorsqu’Alpha s’est débarrassé, en 2000, de son Premier ministre, feu IBK, grâce à qui la situation politique s’est stabilisée, il a cru encore trouver l’occasion de rebondir sur la scène politique. Ainsi avec celui-ci et biens d’autres leaders politiques, ils dormiront le regroupement politique « ESPOIR 2002 ».

ESPOIR 2002 lui permettra de revenir dans l’hémicycle

Ensemble, ils se lancent à la conquête du pouvoir. A l’issue des élections générales, Mountaga devient l’un des vice-présidents de l’assemblée nationale dirigée par feu IBK. C’était à l’époque où feu Général Amadou Toumani Touré était Président de la République, dont le régime chuta, quelques mois avant la fin de son second mandat, le 22 mars 2012,  à la suite d’une mutinerie dans le camp de Kati. Après des consultations, il a été décidé d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel. C’est lors des campagnes de l’élection présidentielle dont Maître Tall est candidat que les maliens vont découvrir qu’il a un second prénom « Cheick » comme pour suivre les traces de son compagnon politique, Choguel qui lui aussi ajouta à son prénom celui de son grand-père maternel « Kokalla ». Au second tour, il rejoint feu IBK qui remportera largement l’élection présidentielle en 2013. Celui-ci lui fera entrer dans son gouvernement comme ministre et même porte-parole du gouvernement à un moment donné. Peu de temps après, il est viré du gouvernement, comme tant d’autres à l’image de son compagnon de lutte de longue date, Choguel Maïga. Malgré cela, il ne rechigne point. Il va rejoindre feu Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition. Quelques temps après, en compagnie d’autres leaders politiques et de la société civile, il entreprit d’organiser un mouvement insurrectionnel pour déloger feu IBK de son trône. C’est ainsi que verra le jour le Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).

Au M5-RFP, il n’a pas pu être le n°1 tel qu’il le voulait

Le M5-RFP, mouvement hétéroclite, finira par faire tomber le régime de feu IBK. Auréolé de cette victoire, il a cru, certainement, qu’il allait être au premier plan dans la nouvelle gouvernance du pays. Mal lui en a pris quand les jeunes officiers se sont tournés vers l’autorité morale qu’était l’imam Mahmoud Dicko qui, a pesé lourd dans la désignation du Président de la transition et la nomination du Premier ministre. A la rectification de la trajectoire de la transition qui a permis au Général d’armée Assimi Goita d’être le président de la transition, le président du Cnid-Fyt a, a une fois de plus, eu l’occasion que son jour est arrivé. Malheureusement non, car c’est son compagnon de lutte, Choguel Maïga qui a été nommé Premier ministre.  Le gouvernement de celui-ci a subi un changement qui a vu sortir tous ceux qui y étaient dedans au nom du M5-RFP. Furieux de voir son représentant éjecté de l’équipe gouvernementale et reprochant, certainement à Choguel de n’avoir rien fait pour éviter cela, il va, en compagnie d’autres camarades de luttes, créer une autre tendance du M5-RFP. Au lieu de prendre la tête de cette dissidence du mouvement, il a préféré, Choguel à la primature. Au limogeage de celui-ci, il a, certainement,  pensé que c’est à son tour de s’installer à la primature. Encore malheureusement non ! Car c’est le Général Abdoulaye Maïga qui été nommé Chef du gouvernement. Depuis, il a fait « profil bas » en attendant. La question de la relecture de la charte des partis politiques a été l’occasion pour  lui de sortir de son silence pour mener une lutte à l’allure de la préparation d’une insurrection populaire.

En somme pendant plus de 30 ans, Mountaga Cheick Tall a été dans tous les mouvements insurrectionnels de changement de pouvoir sans parvenir à en être le leader suprême, ce qu’il a toujours voulu.

En tout cas, il doit savoir que 2025 n’est pas 1990-91 ou 1997, ou 2000, ou encore 2018 et que Assimi n’est pas Alpha, ni ATT, ni IBK.  Il se susurre qu’il était absent du meeting raté du samedi, 03 mai 2025 au Palais de la culture. Les habitudes ont la vie dure. Sûrement qu’il a pris la tangente comme en 1990-91.

Arouna Traoré

Source : Nouveau Réveil
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