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Consommation du tramadol par les jeunes: l’OCS tire la sonnette d’alarme

À l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré, hier mardi 26 juin, la Journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic illicite des drogues. Placée sous le thème : « La problématique du trafic et de la consommation non médicale du tramadol au Mali », l’événement a été délocalisé, cette année à Kayes, en raison des quantités importantes de saisies de drogue et autres stupéfiants par les services de répression dans la région.

La cérémonie officielle, qui a eu lieu à la chambre régionale de commerce et d’industrie de Kayes, était présidée par le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le général Salif TRAORE ; en présence du directeur de cabinet du gouverneur de la région, Baye KONATE ; du directeur l’OCS, le colonel magistrat Adama TOUNKARA ; du Coordinateur ONUDC de Bamako, Ganda TRAORE, de la représentante du maire de la ville de Kayes, Mme Maccalou Mariam Seck N’DIAYE ; du procureur près de la Cour d’appel de Kayes, des représentants des organisations de la société civile, etc.
Après le mot de bienvenue de la première adjointe au maire de la ville Kayes, le Coordinateur ONUDC de Bamako, Ganda TRAORE, a salué l’initiative du ministre de la Sécurité pour avoir délocalisé cette cérémonie à Kayes. Il a souligné que l’ONUDC était engagé, depuis 2010 auprès du gouvernement du Mali dans la lutte contre la drogue et les stupéfiants, à travers des activités, des actions de renforcement des capacités des forces de sécurité, en termes d’équipements, mais également de formations.
Faisant l’état des lieux dans le Sahel, il a rappelé qu’en 2016, la police nigérienne avait découvert plus 7 millions de comprimés de tramadol. De même, en septembre 2017, plus de 3 000 000 de comprimés de tramadol emballés dans des cartons portant l’étiquette des Nations unies ont été interceptés au Niger dans un véhicule en provenance du Nigéria à destination du nord du Mali. Egalement, en début du mois de juin dernier, 35 conteneurs avec plusieurs centaines de tonnes de tramadol ont été saisies par la douane nigérienne.
Ce qui est beaucoup plus inquiétant pour l’ONUDC, c’est que le dosage des comprimés saisis, en Afrique l’ouest, est largement supérieur à 50 milligrammes habituellement vendus dans les pharmacies. C’est pourquoi, dans un communiqué en date du 11 décembre 2017, le représentant régional de l’ONUDC en Afrique de l’Ouest et du centre a tiré la sonnette d’alarme en ces termes : « L’augmentation de la consommation et du trafic de tramadol dans la région est réelle, préoccupante ».
Selon lui, plus de 75 % des 70 millions d’hommes et de femmes vivant dans le Sahel ont moins de 25 ans. Ce qui fait de la jeunesse sahélienne un marché privilégié pour les trafiquants de drogues. Aujourd’hui, il n’est pas rare de retrouver des comprimés de tramadol sur des suspects arrêtés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Pour le représentant de l’ONUDC, le problème majeur de cet antalgique est que son usage n’est pas interdit par les législations nationales des États du Sahel. Du coup, les acteurs ne peuvent que se focaliser sur la prévention et encourager les États à légiférer dans ce sens en vue de parvenir à la mise sous contrôle du produit.
Dans son discours, le ministre a rappelé que cette journée a été consacrée par les Nations unies en 1987 pour sensibiliser les populations sur les dangers liés à l’abus et au trafic illicite des drogues. Ainsi, cette année, les activités d’information et de sensibilisation ont été délocalisées à Kayes en raison de l’ampleur de la prise des comprimés de tramadol hors prescription médicale par les jeunes. Cet antalgique utilisé pour atténuer la douleur est en phase de devenir un problème de santé, à cause de sa consommation non contrôlée.
Cette consommation non contrôlée par individu modifie non seulement les fonctions physiques et psychologiques, mais aussi les réactions et les états de conscience des utilisateurs.
Ainsi, un individu sous l’emprise de cette substance peut mettre sa vie en danger et même celle des autres à cause des effets dépressifs ou hallucinogènes sur l’organisme. Ce qui s’explique parfois par le regain de violences constatées dans nos villes et nos campagnes, ces derniers temps. Une situation caractérisée par des braquages, des vols à main armée, des meurtres, des viols collectifs, etc.
En 2017, plus de 200 000 comprimés de tramadol ont été saisis, à Kayes avec plus d’une cinquantaine d’interpellations opérée par l’antenne régionale de l’OCS de Kayes. Kayes est une ville carrefour avec des frontières avec la Guinée Conakry, la Mauritanie, et le Sénégal ; mais aussi, la région abrite plusieurs sites miniers. C’est la raison pour laquelle, le ministre a invité les populations de la région de Kayes à être à l’avant-garde du combat contre ce fléau.
La conférence-débat, qui a suivi cette cérémonie officielle, a porté sur le sur thème de la journée avec des panellistes comme le Dr Dominique Arama de l’Ordre des pharmaciens et le médecin, lieutenant-colonel Ismaël MAKALOU de la DCSA. Aussi, une présentation sur les objectifs et les missions de l’OCS été faite par son directeur, le Colonel magistrat Adama TOUNKARA.
Dans l’après-midi, une cérémonie de destruction des produits stupéfiants saisis dans la région a eu lieu sur le site du barrage de Félou. Ce mercredi, il est prévu une marche de sensibilisation dans la ville de Kayes.

Par Abdoulaye OUATTARA,
Envoyé Spécial

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