Dans les sotrama, les rues, les bureaux, un peu partout, on crache sans sourciller. C’est le Ramadan ! Alors on crache et on crache aussi fortement et abondamment possible : Patch ! Patch ! Khâkh ! Teuf ! Khâkh ! Teuf ! entend-on à longueur de journée.
C’est à croire que cracher à tort et à travers est une recommandation pour le jeuneur, un signe extérieur de distinction du bon musulman resté fidèle à ses principes religieux en ce mois béni de Ramadan.
Cracher en pleine rue et sans aucun souci pour les passants ou les voisins, se fait d’ailleurs en dehors du Ramadan. Le jeûne devient alors un prétexte pour tacitement justifier l’intolérable, voire l’inacceptable.
Nul ne peut justifier cette pratique du crachat fréquent et abondant par la religion qui recommande la propreté et l’hygiène. Non la saleté. S’il y a lieu de cracher, il faut le faire discrètement et en prenant soin de ne pas indisposer les autres. Malheur à celui qui cherche la bénédiction divine en indisposant ses voisins et proches.
Transformer les trottoirs et autres espaces publics en des crachoirs à ciel ouvert pose même un grave problème de santé publique, surtout en cette période où le Mali se trouve menacé par plusieurs épidémies, aussi dangereuses les unes que les autres. Elles sont en train de sévir dans des pays voisins : la fièvre Ebola est en train de faire des ravages en Guinée voisine et le choléra s’est signalé au Bénin où un bilan officiel d’une dizaine de morts a déjà été publié en fin de semaine dernière.
C’est sans compter avec des maladies qui se transmettent rapidement par les crachats, comme la tuberculose pulmonaire et d’autres infections pernicieuses au sujet desquelles les pouvoirs publics ne cessent de mener des campagnes coûteuses de prévention. Sans compter les sommes faramineuses dépensées pour la prise en charge des malades.
C’est pour rappeler que la sensibilisation des populations sur ce danger du crachoir public à ciel ouvert devrait aussi faire partie des préoccupations. En ce mois de Ramadan, même les dé-jeuneurs – qui se cachent pour s’empiffrer – s’y mettent pour mystifier leur entourage, après avoir fait le détour dans un restaurant discret où ils ont bien rempli leur panse. De qui se moquent-ils?
Dieu est certes patient. Mais de là à mettre à l’épreuve son omniscience et omniprésence pour se livrer à de pareils actes, il y a un pas qu’il faut se garder de franchir.
En effet, on peut prétendre se jouer de la vigilance des humains que nous sommes, mais Dieu qui sait tout et voit tout réserve un châtiment exemplaire aux faux dévots, ces hypocrites qui pensent que par la ruse ils obtiennent tout ce qu’ils veulent.
Rappelons-nous qu’Allah, le Tout-Bon et le Tout-Puissant entend nos pensées comme le ferait pour nous un grondement du tonnerre et il voit ce que nous avons dans le cœur comme nous nous regardons dans un miroir. Ce qui veut dire que nous devons nous garder d’être habités par le Diable dans nos pensées et d’avoir de mauvaises intentions cachées.
Alors, que les faux dévots et dé-jeuneurs continuent leur festival en riant sous cap, lorsqu’ils se trouveront face à la Géhenne promise à tout mécréant, ils n’auront même pas le temps de regretter leurs actes.
Se repentir pendant qu’il est temps, c’est ce qu’il faut aux hypocrites et le mois béni de Ramadan est une opportunité extraordinaire qu’il ne faut pas rater car jeuner ce n’est pas seulement mourir de faim comme le ferait un gréviste de la faim. Mais le jeûne est un ensemble de règles qui constituent un excellent outil d’éducation. A bon entendeur…
Baba DIARRA
SOURCE: Zénith Balé du 22 juil 2014.