La façade du siège du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) est en train de faire peau neuve dans une ambiance sereine. Les travaux administratifs s’y déroulaient normalement hier. Industriels et autres entrepreneurs faisaient des va-et-vient. Coiffé d’une casquette, sourire aux lèvres, la démarche rassurante, le président Mamadou Sinsy Coulibaly faisait quelques aller-retour entre son bureau et celui du secrétaire général, Modibo Tolo. Rien ne laissait paraître donc une situation conflictuelle dans cette organisation.
Pourtant, le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) semble se diriger inexorablement vers une crise électorale. Les hostilités ont commencé samedi dernier. Ce jour-là devait se tenir l’assemblée générale élective de renouvellement du bureau du patronat (20 membres) et du comité statutaire (sept membres). élection à laquelle la liste du président sortant était candidate pour un second mandat de cinq ans, contre celle du PDG du Groupe SAER Diadié dit Amadou Sankaré.
Mais avant le jour du scrutin, un avis du secrétaire général notifié aux deux candidats avait informé du report de l’élection prévue pour le 26 septembre. «Quand j’ai reçu les deux listes de candidature déposées les mêmes jours, j’ai constaté des noms qui revenaient sur les deux listes. J’ai adressé une correspondance aux deux têtes de liste pour attirer leur attention sur la situation. J’ai transmis la liste de Coulou à Diadié et vice-versa. Les personnes concernées ont alors commencé à écrire aux têtes de liste de les retirer de leur liste pour profit de l’un ou de l’autre. Une personne a demandé à être retirée des deux listes s’ils n’arrivent pas à s’entendre.
Nous nous sommes trouvés dans une situation où les deux listes étaient incomplètes (c’est-à-dire aucune liste n’avait obtenu 20 personnes nécessaires pour la composition du bureau», explique le secrétaire général, rencontré hier à son bureau au siège du patronat. Rappelons que l’article 11 du statut du CNPM stipule : «le bureau est composé de 20 membres. Le bureau comprend un président et les vice-présidents élus par l’assemblée générale…»
Face à cette situation, «j’ai fait un avis de report, et convoqué une réunion de bureau pour le mardi 29 septembre», rappelle Modibo Tolo. Qui ajoute que l’avis de report a été envoyé par voie d’huissier aux deux candidats et aux délégués. Le bureau du CNPM statuera aujourd’hui mardi et dictera la conduite à tenir, précise-t-il, ajoutant que seul le président du CNPM peut convoquer l’assemblée générale élective. Cependant, la liste de candidature de Diadié dit Amadou Sankaré a organisé et tenu son élection sans le secrétariat général, l’organisateur des élections. Les résultats de cette élection sont connus depuis samedi.
«Conformément aux statuts et règlements intérieurs du CNPM et suite à la décision du président du comité statutaire, l’assemblée générale élective du nouveau président du Conseil national du patronat du Mali s’est tenue ce samedi 26 septembre 2020 devant le siège dudit Conseil à l’ACI 2000 Hamdallaye, Bamako. Aux termes des opérations de vote et sur la base du procès-verbal, en présence des huissiers commissaires de justice, la présidente et les assesseurs ont déclaré la liste du candidat Diadié dit Amadou Sankaré élue pour cinq ans avec 89 voix sur 107 votants et une voix pour la liste du candidat Mamadou Sinsy Coulibaly», a publié dimanche celui qui s’identifie sur twitter comme Diadié dit Amadou Sankaré, PDG du Groupe SAER et président du Patronat du Mali.
Contacté dimanche tard dans la soirée, Mamadou Sinsy Coulibaly a confirmé le report de l’élection. «Cette élection est nulle et non avenue. Ça n’a aucun sens, c’est de l’usurpation de titre», a commenté le président sortant du Conseil national du patronat du Mali (CNPM). «Nous avons réuni toute la documentation nécessaire.
Seul le président du CNPM peut convoquer l’assemblée générale », souligne-t-il, rappelant que le comité statutaire donne son avis au président pour apprécier. «Il ne peut pas convoquer l’assemblée générale. Ils ne sont même pas membres du bureau. Personne ne peut donner mandat au secrétaire général d’organiser l’élection si ce n’est le président », rappelle Mamadou Sinsy Coulibaly.
Cela ressemble au début d’un imbroglio à la tête du patronat.
Affaire à suivre
Cheick M. TRAORÉ
Source : L’ESSOR