Le Conseil National de Transition dans sa forme et son format actuels pose d’énormes problèmes. En effet, le nombre de ses membres et la clé de répartition proposée par les autorités ne répondent pas suffisamment aux critères de représentativité et d’inclusivité indispensables à la réussite de la mission assignée à cet organe législatif de Transition.
Le CNT est censé être le reflet du Mali dans toute sa diversité. A ce titre et au vu du contexte particulier dans lequel nous vivons, il doit réunir les principales légitimités du moment. Il s’agit de:
– la légitimité issue des urnes et territoriale
– La légitimité acquise par la rue (M5-RFP) et celle “de fait” faisant suite à l’arrivée des militaires sur le champ politique
– la légitimité sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse.
En ce qui concerne la légitimité issue des urnes et territoriale, elle répond à la nécessité de corriger l’injustice née des dernières élections législatives mais également des conséquences des évènements du 18 Août. Pour ce faire, le CNT doit non seulement comprendre les députés que je considère bien élus mais également les 31 qui ont été spoliés par la défunte Cour Constitutionnelle. Cela assurera une véritable représentativité sur l’entièreté du territoire NATIONAL à ce CNT. Chaque cercle du Mali et chaque commune de Bamako serait alors valablement représenté.
Ces élus de la Nation, ayant ou non passé le filtre de la défunte Cour Constitutionnelle représentent environ 145 personnes. Je tiens à préciser d’emblée que je ne suis pas intéressé par un poste au CNT.
A ces 145 élus, le CNT pourrait rajouter 145 autres sièges à répartir entre les deux autres sources de légitimité (celles de fait et celle sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse). Cela donnerait un total 290 membres.
La légitimité de fait est représentée, d’une part, par ceux qui ont battu le pavé durant des semaines au sein du M5-RFP et, d’autre part, par les militaires du CNSP.
La légitimité sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse, pour sa part, reviendraient aux autres acteurs qui doivent être impliqués dans le travail du CNT. Il s’agit, entre autres, des groupes signataires de l’accord de paix, des mouvements de l’inclusivité, des religieux, des jeunes, des femmes, des personnes à handicap, de la presse, de la diaspora ou encore des faitières des artisans et de la culture.
Bien évidemment, même si les membres du CNT joueront un rôle de député, ils ne doivent pas prétendre au même traitement que ceux-ci. En effet, en raison de leur nombre important passant de 145 à 290, les émoluments des membres du CNT pourraient être divisés par deux voire trois par rapport aux émoluments des anciens députés. Ainsi, le problème de la charge financière du CNT sur le Budget National serait résolu tout en garantissant une plus large représentativité en son sein.
Aujourd’hui, il n’y a pas lieu de s’enfermer dans le fétichisme des 121 membres annoncés. Si nous voulons éviter le risque d’une instabilité chronique durant cette Transition, nous devons accepter d’aller à ce compromis dynamique qui devrait satisfaire l’écrasante majorité des acteurs nationaux.
Aliou Boubacar Diallo
Président d’Honneur de l’ADP-Maliba