Depuis des années, la crise malienne ne connait plus de répit et ne fait que s’aggraver d’année en année. Plusieurs mesures voient le jour, mais leurs résultats restent escomptés.
Le Mali est devenu une zone tampon. Ce pays d’Afrique de l’Ouest reste confronté à une crise multiforme bloquant toutes ses voies de développement. La course aux intérêts privés ouvre la voie à toutes les dérives inimaginables.
De quelle crise souffre le Mali ?
Le nom commun à la jeunesse malienne constitue le chômage faisant aggraver l’état d’insécurité, donc des zones rouges. En quête d’emploi cette jeunesse désœuvrée n’hésite aucunement à sauter sur la première occasion en se retournant contre sa nation. Cela, à travers l’enrôlement des enfants par les groupes combattants. En effet, dans un rapport publié par l’UNICEF Mali et intitulé « Les risques et besoins de la protection de l’enfant au Mali », on peut lire à ce sujet : « Le recrutement par les forces armées est l’un des plus grands dangers pour les enfants depuis le début du conflit en 2013.Le Rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés au Mali recense près de 750 allégations concernant l’enrôlement et l’utilisation d’enfants par des groupes armés entre janvier 2014 et juin 2017 dont 284 ont été vérifiées. »
À côté de cela, trafic des stupéfiants ainsi que des êtres humains va également de mal en pis. « Le pays est devenu un point de transit pour les migrants, en raison du manque d’opportunités, de la présence d’ESNA, de personnes déplacées et de flux humains en provenance d’autres pays de la région, les possibilités de traite des enfants sont plus grandes », signale le même rapport qui déplore le fait que certaines femmes aient été obligées de se prostituer par des passeurs.
Tous ces faits touchent énormément cette jeunesse désœuvrée qui se livre à la consommation des psychotropes qui les conduit au radicalisme facilement.
Outre tous ces aspects, il convient de mentionner un autre phénomène majeur qui explique l’exacerbation de la crise malienne. Il s’agit de la corruption à grande échelle accompagnée par l’impunité. En effet, ce phénomène infeste tous les domaines. Conscient de cet état de fait, la course aux intérêts personnels s’est installée à tous les niveaux. Les vraies initiatives sont délaissées de côté une fois qu’elles entrent en collision avec les intérêts des décideurs.
Sur ce point spécifique, grâce à la crise sécuritaire malienne, combien d’ONG, d’organisations humanitaires, de militaires étrangers, de mouvements ou d’associations sont présents au Mali ? Lesquels ont la volonté réelle que cette crise prenne un jour fin, et qu’ils se retrouvent en état de parasitisme ? Ils sont rares. La crise les fait vivre, c’est leur gagne-pain. Dans la Loi finance 2019 du Mali, au titre des dépenses dans le domaine de l’ordre et de la sécurité, il y a eu une augmentation par rapport à 2019 : « Les dépenses de sécurité s’établiraient à
139,4 milliards de FCFA en 2019, contre 130,5 milliards de FCFA dans le budget 2018. » Le Budget de la mission onusienne au Mali, MINUSMA, s’élève à plus d’un milliard par an. Les membres de cette mission voudront-ils réellement que cette crise se termine et qu’ils soient privés de leurs gains ? Ce serait difficile.
Le Mali est infesté de vampires qui ne rêvent et ne jurent que pour leurs intérêts égoïstes et mettent tous les mécanismes en place pour pouvoir tenir la sonnette d’alarme allumée afin que les financements ne s’arrêtent jamais.
Se débarrasser des vampires
On pourrait vite conclure au pessimisme en soutenant que cette crise ne prendra jamais fin puisqu’il s’agit d’un conflit d’intérêts qui n’épargne aucune couche, aucun secteur. Cela serait trop dire. Il n’y a pas de problème sans solution. Mais faudrait-il qu’il y’ait d’abord une bonne volonté politique et sociale pour y arriver.
Pour désinfecter aujourd’hui ce pays des grands héros, nous n’allons pas jusqu’à autoriser la violence comme perspective. Cela, nous en avons assez usé. Il faudrait plutôt plus de pragmatisme que de discours de « non-sens ». D’ailleurs, la procédure pour y arriver est longue. Il faudrait attendre une autre génération de jeunes pour réussir le combat. Celle-ci doit être préparée pour cette bataille lourde dès maintenant.
Pour ce faire, il conviendrait de revoir le contenu de nos programmes éducatifs. Ce n’est pas pour rien que des intellectuels de l’Antiquité grecque, notamment Platon, ont insisté sur l’éducation du citoyen. Depuis le bas âge, les enfants sont soumis à des modules d’enseignement rude pour la prise en charge de leur cité (nation/pays). Le contenu des enseignements était scrupuleusement choisi.
Le Mali doit adopter pour le même principe. Mais en attendant d’en arriver là, il faudrait d’ores et déjà se tourner vers le développement industriel ainsi que la promotion de l’entreprenariat et la lutte contre l’impunité à tous les niveaux. Ce combat ne sera également une réussite que lorsque nous arriverons à mettre un terme au favoritisme pour nous tourner vers un système plus méritocratique, c’est-à-dire de procéder à la distribution des postes selon les compétences de tout un chacun et non pas par familiarité. Le favoritisme tue l’amour pour l’excellence et installe la médiocrité dans nos administrations et services publics.
Dans nos entreprises, il est grand temps qu’on songe à porter un regard plus positif sur les compétences nationales sans minimiser le rôle des étrangers dans le développement de notre nation.
Ces quelques mesures peuvent permettre de désinfecter le Mali des corrupteurs, des chômeurs ainsi que de bandits involontaires pour laisser place à la sécurité et au développement. Le Mali est un beau pays dont l’amour ne mérite pas d’être seulement sur les bouts des lèvres, mais doit être dans les cœurs.
Fousseni Togola
Source : Le Pays