Abraham Lincoln disait: «On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais pas tout le peuple tout le temps».
Il convient de rappeler que le Mali vit dans le marasme socio- économique, politique et culturel, depuis l’ère Moussa Traoré. En effet, le régime Moussa qui avait promis au peuple malien monts et merveilles pour justifier son forfait contre la première République, s’est illustré avec brio par son incapacité à servir honorablement le peuple travailleur du Mali. Il a même travaillé à fonder les bases de la sape de notre dignité d’homme: la gabegie, la surfacturation, le népotisme, la corruption, l’achat des consciences, se sont érigés en mode de gestion de nos affaires.
Au bout de vingt-trois (23) ans de dictature militaro-udépémiste, notre peuple s’est rendu à l’évidence que sa dignité a été polluée et vilipendée par l’apache régime de Moussa Traoré. Il a réalisé qu’il faut des hommes pour sauver l’avenir.
Debout comme un seul homme, le peuple malien qui s’est organisé en mouvement démocratique a eu raison du général assassin Moussa. C’était le 26 mars 1991.
La suite, il faut le dire, a été une véritable farce: un procès s’est tenu, le 04 juin 1992, pour condamner le Général en vue de le protéger de la vindicte populaire. Les deux (02) questions posées à savoir: «Qui a tiré ?» et «Qui a donné l’ordre de tirer ?»n’avaient pas pour but de faire éclater la vérité au procès «Crimes de sang» mais bien plutôt pour noyer le poisson. Une transition de quatorze (14) mois a débouché sur la conception de la troisième République avec comme premier président «démocratiquement élu» Alpha Oumar Konaré. Pendant dix (10) ans, le pays a été victime de politiciens folkloriques, avec à son actif le gâchis sans précédent sur tous les plans.
Alpha Oumar Konaré s’est caché derrière le concept creux de démocratie pour phagocyter toutes les structures socio-économiques, politiques et culturelles nationales. Comme on l’a donc constaté, le régime Alpha, au lieu de redonner confiance à notre peuple, l’a simplement trahi. Mais, il ne pouvait en être autrement quand on sait que la conférence nationale, au lieu d’exiger le Kokajè, a tout simplement soigné la plaie sur du pus. La gabegie, la corruption, bref tous les crimes économiques ont fait la fierté d’un régime.
Pendant dix (10) ans, Alpha a travaillé à souiller notre dignité d’homme, faisant croire au citoyen lambda que la démocratie consiste pour les dirigeants à vivre dans l’opulence et à maintenir le peuple dans la misère humiliante et cela par le biais de toutes les indécences politiques.
Amadou Toumani Touré (ATT), comme les esprits avertis s’y attendaient, est revenu au trône après les deux (02) mandats de Alpha Oumar Konaré remplis de fourberies et de querelles de clochers. Le régime du Général ATT (même s’il est déclaré civil pour pouvoir être candidat à l’élection présidentielle de 2002), s’est illustré bon continuateur de la politique machiavélique de son prédécesseur Alpha.
De l’économie à la sécurité, en passant par tous les autres secteurs de la vie nationale, le Mali a été victime de la gestion calamiteuse du régime conteur du Président Amadou Toumani Touré. A quelques trois (03) mois de la fin de son second mandat, ATT a été chassé de Koulouba par de jeunes militaires patriotes.
Le coup de force d’Amadou Haya Sanogo a été très bien accueilli parce que censé procéder au Kokajè, que tous les hommes honnêtes réclamaient de tout leur vœu. Pour une seconde fois, les politiciens mafieux étaient à la parade !
Amadou Haya Sanogo a été trompé par ceux qui ne jurent que par leurs propres intérêts et par ceux de leurs consciences françaises. Le peuple malien réclame des Concertations nationales pour mettre à plat tous les problèmes auxquels notre pays reste confronté, depuis l’ère Moussa Traoré.
Sachant que ces concertations vont, si elles sont bien menées, conduire à un séisme politique depuis le sommet de l’Etat jusqu’aux déprédateurs du tissu socio- économique national, tapis à tous les rouages du levier de la politique et de l’économie du pays.
Des valses politico-religieuses entre Bamako et Kati ont fini par tromper les jeunes putschistes rassemblés dans le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE). Toutes ses valses visaient à tromper les militaires patriotes et leur peuple sur les enjeux véritables des concertations nationales.
Des leaders religieux à la solde de politiciens pourris ont joué le jeu apatride de ceux qui avaient horreur de voir notre peuple enfin prendre en main ses destinées. Lénine avait pourtant averti en ces termes: «Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses et sociales à discerner les intérêts de telles ou telles classes».
Les dites concertations réclamées par le peuple travailleur ont été soigneusement esquivées et classées dans les tiroirs de «l’oubli politicien». C’est au cœur d’une situation socio-économique pourrie que Ibrahim Boubacar Kéita sera élu, en 2013. Mais là aussi, ceux qui connaissaient tant soit peu IBK ne s’attendaient nullement à une gestion patriotique de la problématique de l’existence même du Mali.
En lieu et place des concertations nationales seules en mesure de donner à notre pays un départ vraiment nouveau, voilà IBK s’affairer autour de son projet de révision constitutionnelle. C’est là où il dévoile aux grands myopes de la politique qu’il n’a nullement intérêt dans ces concertations nationales.
Pour jeter de la poudre aux yeux des aveugles, le voilà lâcher «sa révision constitutionnelle» pour se tourner vers ce qu’il a bien voulu nommer «Conférence d’Entente nationale». Le résultat était connu d’avance: aucun homme; fut-il un magicien, ne peut créer d’entente entre le peuple malien et ceux qui ont pris les armes contre leur propre armée. Cette conférence d’entente nationale n’a rien donné de bon pour notre peuple.
Comme le disait Abraham Lincoln: «On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais pas tout le peuple tout le temps». Le Mali est toujours dans l’impasse, aujourd’hui plus que par le passé. Voilà encore une autre machination sortant des tiroirs du régime IBK: une «conférence sociale» prévue, pour janvier 2019, se veut un cadre pour juguler la crise socio- économique à multiple tête. Sauf surprise agréable, sinon, ladite conférence en sera une de plus et l’impasse dans laquelle le Mali croupit restera entière.
Comme le dirait une locution latine: «Parturiunt montes, nascetur ridiculus mus» (les montagnes sont en travail: il en naitra une souris ridicule). Tous les secteurs de la vie nationale sont dialectiquement liés. Vouloir les séparer pour des besoins politiques, c’est ne pas vouloir s’attaquer au cœur de l’imbroglio malien et donc éviter de prendre le taureau par les cornes.
Tout compte fait, le régime IBK doit lire avec intérêt cette réflexion du sieur EmileFottorino: «La démocratie ouvre la porte à la liberté qui débouche sur la revendication. Une fois recouvré leur dignité, les hommes ne supportent plus l’insupportable. Démocratiser sans développer, c’est allumer une poudrière».
Il est temps de faire face à la crise socio-politique, économique et sécuritaire du Mali au bénéfice de notre peuple et aux dépens de ces hommes et femmes qui se disent «démocrates» mais qui ont taché leurs mains de sang, de boue de honte. Il est temps d’amorcer un départ véritablement nouveau pour notre pays à nous tous.
Pour ce faire les colmatages ne sont que des solutions de fuite en avant sans vouloir s’attaquer à la racine ou aux racines du mal malien.
Fodé KEITA
La rédaction