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Conférence de presse du gouvernement sur la vie chère au Mali : «Nous allons sévir jusqu’à ce que l’ordre soit établi sur le marché »

Hier, jeudi 11 août 2022, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud OULD MOHAMED, et celui de l’Economie et des Finances, Alousséni SANOU, ont animé une conférence de presse à la cité administrative de Bamako pour informer l’opinion publique des mesures prises par le gouvernement en vue de juguler l’inflation des prix des produits. Selon les conférenciers, le Gouvernement a pris des mesures, dont la réduction de 50% de la base taxable à l’importation de 300 000 tonnes de riz, 110 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes d’huile alimentaire représentant un manque à gagner d’environ 15 milliards de FCFA. « Nous allons maintenir les brigades sur les marchés pour contrôler les grossistes. Si vous partez acheter du sucre sur le marché sans prendre de facture et vous venez vendre dans les quartiers à 800 F ou 900F le kilogramme, on va sévir. Il n’y a pas de grand ou de petit commerçant, nous allons sévir jusqu’à ce que l’ordre soit établi. Parce que le cahier de charge que nous avons signé avec les partenaires, c’est 600 FCFA le kilogramme. L’Etat ne peut pas perdre 14 milliards de FCFA et regarder le marché qui se comporte de la façon la plus irresponsable ; nous allons agir », précise le ministre du commerce.

Selon le ministre Ould Mohamed, les augmentations de prix constatées ne sont ni spécifiques, ni particulières au Mali. Avant d’ajouter qu’avec la crise ukrainienne et les sanctions prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) contre le Mali, déjà confronté à la double crise sécuritaire et sanitaire liée à la Covid-19, l’inflation a pris de la vigueur. Il a fait savoir que les prix internationaux de la plupart des produits sur le marché international ont connu des augmentations. « Par exemple, le prix de la tonne de blé est passé de 177.000 FCFA en novembre 2021 à 262.000 FCFA en avril 2022, soit une hausse de 48%. Au même moment, le prix du sac de 50 kg de la farine boulangère est passé 22.500 à 25.000 FCFA, soit une augmentation de 11% seulement. Par ailleurs, les prix fournisseurs du sucre ont connu une hausse de 275.000 à 445.000 FCFA, soit 62%. Selon les données de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’indice des prix des produits importés par les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) s’est accru de 48,6% au mois de juin 2022 par rapport à son niveau de la même période de 2021. Cet indice est en accélération par rapport à mai 2022 où il avait enregistré une hausse de 46,2%. Ainsi, les hausses les plus importantes sont notées au niveau du blé (+73,1%), du riz (+44,8%), des huiles (+39,6%) et du sucre (+24,2%) », a souligné le ministre. A ses dires, les cours du pétrole brut sur les marchés internationaux (moyenne WTI, BRENT, DUBAÏ), exprimés en dollar US, ont enregistré une progression de 55,7%, en glissement annuel, en juin 2022, après une hausse de 62,8% au mois de mai 2022. Pour ce qui concerne le Mali, dit-il, la situation aurait été plus compliquée si des mesures d’atténuation n’avaient pas été prises par les autorités. Ainsi, pour contenir la répercussion intégrale de ces augmentations sur le prix au consommateur, il a fait savoir que le Gouvernement a pris les mesures, dont la réduction de 50% de la base taxable à l’importation de 300 000 tonnes de riz, 110 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes d’huile alimentaire représentant un manque à gagner d’environ 15 milliards de FCFA ; l’administration des prix de ces produits pour éviter les augmentations injustifiées des prix ; le renforcement des brigades de contrôle des prix de la Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence ; la suspension de l’exportation des céréales et du bétail sur pied.

Plus de 310 milliards de FCFA d’arriérés de dettes fournisseurs liquidés

Quant au ministre de l’économie et des finances, Alousseni Sanou, il dira que le contexte est marqué par la persistance des effets des crises institutionnelles, sociales, sécuritaires, sanitaires, de l’embargo de la CEDEAO et de l’UEMOA et de la crise ukrainienne. Avant de signaler que le Gouvernement a adopté une série de mesures tendant à assurer l’approvisionnement correct du pays en produits de première nécessité à un prix maitrisé et à maintenir le pouvoir d’achat des ménages. Au titre de l’approvisionnement correct du pays en produits de première nécessité à un prix maitrisé, dit-il, le Gouvernement, dans le cadre de l’atténuation des effets liés à la flambée des prix des denrées alimentaires à l’international, a pris les mesures spécifiques dont les subventions accordées à EDM à hauteur de 63 milliards de FCFA en 2021 et 30 milliards de FCFA en 2022 pour continuer une distribution continue de l’énergie à un tarif fixe ; la suspension de la perception de la TVA sur les importations et les achats locaux de graines de coton ; le maintien du prix à la pompe malgré une augmentation moyenne de plus de 40% des prix des produits pétroliers. Selon lui, sans ces subventions, les prix à la pompe seraient de 1 136 FCA pour le gasoil et 1139 FCFA pour le Super carburant . Au titre du soutien direct aux ménages, dit-il, le Gouvernement a poursuivi la politique de subvention en matière de santé. Le ministre Sanou a fait savoir que plus de 15 milliards par an ont été engagés pour assurer le financement de la gratuité de certains services de santé, notamment la césarienne, la lutte contre le paludisme, le sida, la tuberculose, le RAMED, les vaccins et certains médicaments. Au titre de l’appui au pouvoir d’achat des ménages, il dira que le gouvernement a renforcé la résilience des acteurs économiques en liquidant plus de 310 milliards de FCFA d’arriérés de dettes fournisseurs et prestataires.

Répondant aux questions des journalistes, le ministre Ould Mohamed a fait savoir que le désordre ne sera pas accepté sur les marchés. « Nous allons maintenir les brigades sur les marchés pour contrôler les grossistes. Si vous partez acheter du sucre sur le marché sans prendre de facture et vous venez vendre dans les quartiers à 800 F ou 900 F le kilogramme, on va sévir. Il n’y a pas de grand ou de petit commerçant, c’est un délit et nous allons sévir, on ne tergiversera même pas, on va s’assumer, jusqu’à ce que l’ordre soit établi. Parce que le cahier de charge que nous avons signé avec les partenaires, c’est 600 FCFA le kilogramme. L’Etat ne peut pas perdre 14 milliards de FCFA et croiser les bras et regarder le marché qui se comporte de la façon la plus irresponsable, nous allons agir », a-t-il dit. Avant d’inviter la population à dénoncer les mauvais comportements des commerçants spéculateurs à travers les numéros verts : 36 088/ 36 099. Selon lui, d’ici la semaine prochaine, les mesures prises par le conseil des ministres extraordinaire du 7 août dernier vont faire leur effet sur le terrain. Il a indiqué que les prix des produits doivent augmenter, mais pas dans l’anarchie. Il a fait savoir qu’il y a un cadre (conseil des prix) qui décide de l’augmentation des prix des produits. Pour sa part, le ministre Sanou a indiqué qu’avec l’embargo, la dette intérieure est de 215 milliards de FCFA alors qu’elle était de 95 milliards de FCFA avant l’embargo. Cette conférence de presse a été bouclée par un ramassé en langue Bambara par le Directeur Général du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (DGCC), Boucadary DOUMBIA.

Aguibou Sogodogo

Source: Le Républicain

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