Face à l’attitude injustifiable du Président de la République, l’Opposition composée d’une quinzaine de partis politiques, avec le slogan « Nous sommes tous ce petit monsieur » a lancé un appel à l’ensemble des forces patriotiques et démocratiques du Mali à se mobiliser pour la défense de la Constitutions. C’était au cours d’une conférence de presse qui s’inscrit dans le cadre du travail d’éveil de la conscience citoyenne, tenue le week-end dernier au Cicb.
C’est à travers une déclaration, que l’opposition a dénoncé les propos tenus par le président de la République et la réaction de son gouvernement. Selon Me Hamidou Diabaté, du Parena, l’opposition joue un rôle de contre-pouvoir comme la société civile, le rôle de contre-pouvoir c’est aller à l’encontre du pouvoir de façon objective. « S’il n’y a personne pour critiquer le pouvoir on est dans une République inadmissible. Et je crois que cela ne sert pas le Mali, quand on ne peut pas critiquer, quand il n’y a pas des hommes et des femmes capables de dire ce que le gouvernement fait est mal. Que ce que le Président de la République fait est mal qu’il faut redresser. A mon avis, dans la sous-région, le Mali est le seul pays où l’action de l’opposition est uniquement verbale. Nous n’avons pas brûlé de pneus. Nous n’avons pas entamé de marche avec des barricades. Nous nous sommes simplement contentés de la mise en œuvre de ce qui est prescrit par la loi sans aller au terme de tout ce que la loi nous autorise à faire. Nous nous voyons face à des actions inacceptables du gouvernement qu’un président ne commet sous d’autres cieux. Dans d’autres pays proches de nous, les partis politiques de l’opposition réagissent, la société civile réagit. Donc il faut reprendre le terme de Pierre Assouline, « A-t-on le droit de ne pas s’indigner de de Stéphane Hessel ». Vous avez le droit de vous indigner. Parce que si nous nous n’indignons pas par rapport à un certain nombre de pratique par rapport à un certain nombre de comportements, nous plions l’échine. Plier l’échine n’est pas facteur pour la consolidation de l’Etat de droit. C’est pour cette raison que nous pensons que l’acte posé par le président de la République, l’acte posé par le gouvernement est un acte au-delà de la personne de M. Tiébilé, qui contrarie la loi. Qui contrarie la démocratie. Et c’est à ce titre que nous devons réagir pour l’union. Nous n’acceptions pas les intimidations, qu’on nous fasse peur. Nous sommes des gens suffisamment grands, suffisamment responsables. Nous avons suffisamment l’amour de ce pays. Nous l’avons montré. Nous n’avons pas entendu aujourd’hui pour le montrer. Nous pensons que nous ne pouvons pas être suspectés d’apatridie. Parce que nous avons suffisamment donné pour le Mali ».
L’affaire Tiébilé Dramé est-elle devenue une affaire d’Etat ?
Oui ! Si l’Etat, dira-t-il, pense que l’acte prêté à Tiébilé Drame est une question d’Etat. Donc c’est l’Etat qui transforme ça en une question d’Etat. Nous n’avons fait que critiquer l’action gouvernementale. C’est la loi qui le dit que c’est un devoir pour l’opposition de critiquer l’action gouvernementale. Et le chef d’Etat trouve que nous critiquions l’action gouvernementale. Le gouvernement lui- même trouve qu’il est le soleil, qui a apporté la lumière dans toutes les chaumières. Et que nous ne voulons pas reconnaître ça. Si le gouvernement est le soleil que nous le reconnaîtrons ou pas à la limite on n’a pas besoin en ce moment de nous répondre. Puisque le gouvernement est un soleil on n’a pas le droit de ne pas voir. Parce que toutes ces actions est une réussite. On n’a pas le droit de dire que ce n’est pas une réussite. Puisque la loi nous dit que nous avons le droit de dire que ce n’est pas une réussite, même quand c’est une réussite. Nous avons le droit de critique la réussite avec argument, de façon objective ; en ce moment, on ne doit pas venir nous le reprocher, ce que la loi nous donne comme droit. Il est important que l’opinion publique sache qu’en critiquant le gouvernement, on ne devient pas l’ennemi du Mali. On devient les meilleurs amis du Mali, les meilleurs patriotes du Mali en critiquant. Tout ce que nous avons dénoncé depuis l’installation de M. le président, Ibrahim Boubacar Keïta c’est des faits concrets, objectifs. Et nous avons demandé que des mesures soient prises pour les corriger. Donc nous ne sommes pas mal intentionnés, ce n’est pas dans un esprit malveillant. C’est dans le souci de corriger la mal gouvernance de notre pays. Nous traiter d’apatrides parce que ce nous avons joué notre rôle d’opposition. Pas de différend entre Tiébilé et le Président. Tiébilé a critiqué l’action politique de gouvernance du président. Il n’y a rien de personnel de ce que le Parena a eu à faire. C’est simplement une critique pour améliorer le fonctionnement de notre pays. Parce que nous subissons les conséquences de la mal gouvernance.
En conclusion Me Diabaté, rappelle que le Parena fait son travail de façon républicaine, démocratique, sans injure, dans le respect de notre culture.
Modibo Sidibé des Fare rappellera qu’il est clairement sorti dans l’exposé liminaire qu’il y a deux choses extrêmement importantes auxquelles les Maliens tiennent beaucoup. Il y a deux conquêtes auxquelles les Maliens tiennent. C’est la conquête de notre souveraineté et la dominante de la conquête démocratique qui est la liberté de parole. Dans leur très grande majorité les Maliens et les Maliennes sont attachés aux deux conquêtes : souveraineté et la liberté de parole. Ce n’est la première fois qu’il y a eu des menaces de la part de la majorité. On a dit et répété que ni les injures, ni les diffamations, ni les menaces, ne feront taire l’opposition. Puisqu’ils ont dit que l’opposition ne fait pas de proposition, ne donne pas de conseil. Le conseil que nous donnons à la majorité à l’époque déjà, c’était de mieux s’organiser pour répondre à l’opposition. Qu’est-ce qu’on est en train de voir émerger au sein d’une certaine opinion ou d’une opinion qu’on voudrait travailler? Dans chaque pays démocratique, l’essentiel c’est que les valeurs de la démocratie ne soient pas mises de côté. Ici chez nous, nous avons une vie politique qu’on peut dire apaisée. Où on peut se parler, discuter, échanger, donner des points de vue et en toute bonne convivialité. Il faut que ce débat revienne dans l’espace médias d’Etat, nous le demandons, nous le réclamons. Pour faire des débats, il faut que les gens discutent, que les gens se parlent. C’est la meilleure façon d’expliquer tout. On a l’impression que nous sommes attachés à l’unanimisme. On s’en est défait. Quand j’entends dire l’opposition c’est ceci, c’est cela. Mais je ne sais pas ce que ça veut dire, l’opposition est plurielle. Pourquoi vous voulez que l’opposition soit unanimiste sur des questions ? Pourquoi vous voulez une démarche monolithique de l’opposition ? Aujourd’hui, tous les partis politiques de l’opposition sont unanimes. Et nous aurions voulu que d’autres partis dits démocratiques et républicains se trouvent là aujourd’hui. Oui, il y a des divergences entre nous. Si cela peut passer au détour d’une proposition dans un communiqué, il n’y a pas de souci. Mais si cela est essentiel pour ceux qui pensent qu’ils doivent vivre autrement, ils le diront autrement, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas dans l’opposition ; qu’il n’y a pas d’opposition, que l’opposition est divisée. Ceux qui demandent l’unanimité de l’opposition comme on parle du Mali et de la France. Je suis sûr et certain qu’ils ne demanderaient pas au Front national d’avoir la position de Mélenchon. Hamidou merci pour le soleil. Il y a un autre soleil, pour ceux qui se souviennent, le soleil de l’Afrique, il y a aussi un soleil qui se lève sur le continent, c’est l’appétence de bonne gouvernance et l’appétence de démocratie qui régnaient sur notre continent qui se fortifie tous les jours qui disent non à une certaine forme de gouvernance et qui vont continuer à dire non. Dans les situations les plus terribles. Quelle situation, aussi terrible que ce que le Nigéria vivait. Et le peuple nigérian nous a donné une leçon de grandeur, de citoyenneté de foi en soi, de foi en son pays. Et cette mouvance qui dépasse le Mali et dont le Mali est partie prenante, on doit en être l’avant-garde. Parce que nous avons été à l’avant-garde de tous les combats de notre continent. Ce soleil du continent qui renait qui est en train de se reprendre, qui entraine tous les réseaux que nous connaissons aujourd’hui. On ne peut pas le cacher avec la main. (Ndlr : En parlant de cet autre soleil, Modibo Sidibé fait allusion à tous ces mouvements populaires qui se dressent aujourd’hui contre la dictature, tels que « Le Balai citoyen » du Burkina Faso qui a balayé Blaise Compaoré, « Y en marre » du Sénégal qui s’est opposé au 3éme mandat de Me Wade etc. etc.
Pour Soumaïla Cissé, il faut ouvrir des espaces à l’opposition pour lui permettre de critiquer et d’accéder aux médias d’Etat. La classe politique dans son ensemble a besoin de contre- pouvoir. Il est important d’avoir une société civile dynamique et une opposition qui est responsable. Nous on a choisi une opposition civilisée, quelque part, on nous le reproche d’ailleurs aujourd’hui. Nous avons souhaité le dialogue ; que le dialogue soit au cœur de notre action, de nos échanges avec la majorité. Mais, nous avons droit aux insultes aux intimidations et autres invectives. Je voudrais rappeler aux journalistes maliens que nous avons connu la période du Coppo. Et que c’est le plus grand animateur du Coppo, qui veut nous donner des leçons aujourd’hui de démocratie. Au Coppo, ils se sont retrouvés en prison. Et qui était le Premier ministre de l’époque, c’est le président IBK. Il y a eu mort d’hommes, il y a eu violence dans ce pays-là. Est-ce que cela est souhaitable, encore ? Nous nous pensons que non ! C’est pourquoi nous essayons de nous battre avec des idées, avec des arguments, à attirer l’attention, à utiliser des méthodes qui nous paraissent les plus profitables à l’ensemble de nos populations. Mais ce je ne comprends pas c’est que c’est nous qui jouons le jeu des élections, qui respectons les lois, qui nous exprimons dans les médias à visage découvert qui sommes traités d’apatrides et ceux qui tuent, qui violent, qui brûlent, qui continuent encore, aujourd’hui à brûler, à voler, à tricher, sont ceux qui sont honorés dans notre pays. Il faut que le président et le gouvernement sache raison gardée. Alors c’est la violence qui est le mode préféré du gouvernement. Plus on est violent, plus on est écouté. Plus on est invité à la table et plus on est considéré. Et plus on a droit à l’avion présidentiel ».
Tract mode d’expressions
Le tract, j’en ai utilisé dans ma jeunesse sans savoir la définition. C’est un mode d’expression Parce qu’à l’époque ce n’était pas facile.
Selon lui, c’est trois responsables qui ont rédigé le tract, et l’ont assumé. On a le sentiment que Tiébilé a fait le tract. Non Tiébilé n’a pas fait de tract. Cette affaire a commencé parce que le président a accusé Tiébilé. II a démenti. Mais le lundi, 19 octobre, Tiébilé est venu à Paris, moi j’étais à Paris, moi j’ai pris l’avion le même jour, moi j’ai quitté Paris j’ai été à Lomé. Et moi je ne savais pas que Tiébilé était là. Il a dû venir à 6h et moi j’ai quitté à 16h. S’il y avait un petit complot quelque part, je crois, que je lui aurais passé au moins un petit coup de fil. C’est par la déclaration du président que j’ai su que Tiébilé était là-bas .Tiébilé sera là, il n’a pas fui, il n’est pas parti se cacher. Mais chacun de nous a des raisons personnelles. Moi j’ai été à Paris, j’ai fait trois, quatre jours, je n’ai pas rencontré les gens de l’Urd. C’est pour des raisons personnelles j’ai téléphoné à une ou deux personnes et puis c’est tout. Mais chacun de nous, a une vie, a des choses personnelles à régler. Est-ce que aujourd’hui avec les média, avec la communication, qu’on a, même pour voir quelqu’un on n’a pas besoin de se déplacer pour aller chez, il suffit d’avoir une bonne tablette et une connexion internet. Est-ce qu’on a besoin de se déplacer pour aller à Paris pour rédiger un tract et le distribuer ? Je crois que, c’est vraiment un faux débat. Je voudrais qu’on avance ».
D’Après PPR, il se trouve que le président arrivé à Bamako, ivre de haine a lancer l’attaque contre Tiébilé . Au Mali, le tract a une histoire. Sous le règne de la dictature, de celui qui a été qualifié de grand républicain, un moment c’était un crime. Ainsi en 1974, pour un tract, les Ibrahima Ly, Adama Samassekou, Ciré Mathieu, Kadari Bamba … ont été arrêtés torturés déportés au nord et ailleurs. C’était ça le tract. Des années plus tard leurs cadets rédigeaient des tracts manuscrits pour les diffuser dans les rues de Bamako. Mais grâce à sa lutte acharnée contre l’autocratie, le peuple malien a mis fin à cela le 26 mars 1991. Et depuis le tract est presque insignifiant dans l’expression de l’opinion au Mali. Mais en France c’est autre chose. C’est une tradition d’animation politique, encore ce qui a été appelé tract par l’homme fâché se révèle être en réalité, une déclaration politique dont les auteurs s’assument se sont montrés indignés que leur travail soit porté au bénéfice de quelqu’un d’autre.
Quelle suite !
Nous travaillons ensemble. Nous allons évaluer, a soutenu Soumaïla Cissé, au fur et à mesure. On mesure la portée de l’action que nous menons aujourd’hui. Après cette action nous allons nous retrouver pas à pas pour faire le point. C’est à la suite de cette évaluation que nous allons dire on va décider de rencontrer le président de la République, l’adresser une lettre de protestation. « Nous n’attaquons personne, tout ce qu’on dit est vérifiable et il n’y a eu aucun démenti. Le seul démenti, c’est de dire vous êtes des apatrides ». Selon lui, l’initiative d’aplanir devrait venir d’eux qui ont mis le feu. « La première chose pour apaiser c’est de diffuser notre communiqué. Dites au gouvernement de diffuser notre communiquer déposé depuis vendredi », a insisté le chef de file de l’opposition.
Source: La Redaction