Les combats que les hommes mènent reposent sur des réflexions et des expériences qui doivent servir de boussole et de vision pour un mieux-être de toute une communauté. Le CDR, (Collectif pour la Défense de la République), né après le coup d’Etat du 22 Mars 2012, a connu des épreuves, des désertions, mais il a surtout connu de la résistance et de la résilience autour de l’enfant terrible du moment, Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath qui le mène de façon exaltante.
Ce mouvement de jeunes, qui a pris le temps de filer sa toile à travers le Mali et le monde, constitue à la fois une force et une cible dans la guerre socio-politique du pays. Rien n’était si évident pour groupe qui a connu infiltration et trahison de personnes à la moralité plus que jamais abimée. Toute chose qui fait partie d’un combat à caractère national, avec détracteurs et admirateurs aux ambitions antithétiques.
Le concept de départ de Ras Bath et compagnie était de choquer pour que les dérives et les travers cessent. C’est une façon violente d’exposition et de dénonciation qui n’épargnait personne du Président jusqu’aux plantons en passant par les directeurs, les ministres et autres députés.
Ce samedi matin, la grande salle du carrefour des jeunes avait refusé du monde. La mobilisation ne s’était pas faite au moyen de sotrama ou de bus, les compatriotes étaient venus constater, par eux-mêmes, la légitimité et la consistance d’un congrès dont les conclusions sont fortement attendues.
Loin d’être une tribune habituelle des politiques, l’occasion a été mise à profit pour permettre à des hauts responsables qui partagent le principe et le combat de l’Alternance politique. Cheick Modibo Diarra du RPDM, Tiébilé Dramé du Parena, Moussa Sinko Coulibaly, Souleymane Tiéfolo Koné des FARE, Soumaïla Cissé de l’URD, chef de file de l’opposition, les représentants de Mali Kanu de Modibo Koné, du SADI d’Oumar Mariko, Mamadou Igor Diarra, les représentants de CNAS Faso Héré de Soumana Sako ou du parti Yelema de Moussa Mara.
Egalement, des personnalités influentes comme Chouala Bayaya Haïdara, Mohamed Cissé, PDG de Cissé Technologies, l’honorable Mamadou Hawa Gassama, Nouhoum Togo, conseiller à la communication du cabinet de l’opposition, le rappeur Ismaël Doucouré alias Master Soumi ou encore le reggaeman Koko Dembélé.
Ces concertations, selon les organisateurs, vont permettre à leur collectif de définir sa part de travail dans la façon de gérer le pays. Avant de soutenir quelqu’un, il savoir d’abord qui incarnerait la gouvernance qu’il souhaite. Le CDR aura donc sa feuille de route qu’il mettra dans la balance lors des négociations auprès des acteurs politiques qui se déclareront candidats.
La famille de notre confrère Birama Touré était représentée par Moussa Touré qui a pris la parole au nom des Niaré. Il a tout simplement souhaité que chaque combat que les maliens mènent, ils doivent le faire au nom de Dieu et de la vérité.
Une commission scientifique a été mise en place, repartie en 7 sous commissions dans les domaines de la défense, de l’éducation, la sécurité, la justice…..
De façon globale, les discours des personnalités ont porté sur l’existence inquiétante du Mali, la trahison de la confiance nationale. Dans une adresse très brève et très concise, chacun a effleuré la situation catastrophique du pays.
Tiébilé Dramé :
Il a remercié le CDR pour son esprit patriotique et son courage. L’opposition et le porte-parole du CDR Ras Bath ont fait chemin lors de la lutte contre la constitution : « Grâce à Antè Abanna, les élections pourront s’organiser car si le referendum avait eu lieu, on ne parlerait pas d’élections car le régime aurait invoqué les conflits ethniques et la situation compliquée au nord. Aussi, une mention à Master Soumi et à tous les responsables de la lutte anticonstitutionnelle qui était aussila lutte pour le Mali. C’est un devoir d’être parmi vous, car nous sommes dans la dynamique de l’Alternance. Cela n’est possible que lorsque les volontés se mettent ensemble. Il ne faut pas risquer, en multipliant les candidatures. Nous partageons le combat du changement du pouvoir par la voie des urnes. Tout pour l’Alternance afin de sauver notre pays. Vive le CDR. »
Dr Cheick Modibo Diarra:
« Le Mali actuel est devenu un grand corps malade qui est en pleine agonie. Cela perturbe le sommeil de tout digne fils. Des vautours (les puissances étrangères qui ne visent que ses richesses naturelles) n’espèrent que sa mort définitive pour se partager entre eux son cadavre. Vous, les Maliens et surtout la jeunesse, êtes-vous prêts pour qu’une pareille tragédie se produit ? La salle réagit : « Jamais au grand jamais. » Alors c’est tout ce que j’avais à vous dire ce matin et je vous remercie tous. »
Moussa Sinko Coulibaly :
« La seule volonté qui nous a emmenés,c’est de trouver un remède à notre pays qui ne se porte pas bien. Comment sortir le pays du gouffre. Personne à lui seul ne pourra le faire, individuellement, politiquement, cela est impossible. ll faut se donner les mains et cela aboutira. Les maliens peuvent trouver la solution. La majorité des maliens est perturbée par la situation actuelle. Si nous ne nous mettons pas ensemble, nous risquons de le regretter. Le mois de juillet est tout proche et il faut qu’on dépasse les clivages. »
Soumaïla Cissé :
C’est un moment ultime d’évaluation et de résolution de la condition précairedes maliens : « Il est temps, celui du Mali. Il y a le Mali Avant le CDR et le Mali au avec le CDR. Restez véridiques et ne mentez pas. Le Mali restera dans cette voie. Le vieux a échoué, il est fatigué. « Les maliens sont des paresseux », voici ce qui a été dit. Au Burkina et au Sénégal, c’est la jeunesse qui a changé bien de choses. Chaque chose en son temps, il est temps d’opérer l’Alternance pour sauver le Mali. Personne n’aura le pouvoir au Mali sans écouter et consulter les jeunes. Il faut prendre leurs propositions. Que Dieu vous assiste dans vos travaux et je vous remercie au nom de l’URD et de mes compagnons. »
Souleymane Tiéfolo Koné :
Il faut s’unir lors des élections à venir pour récupérer le pays. Le mali est sous tutelle et il faut œuvrer pour le délivrer. Il a mis en garde contre le tripatouillage électoral qu’il ne saura accepter.
Quant au représentant d’ADP Mali, il dit avoir pris la parole au nom d’Aliou Boubacar Diallo et d’Amadou Thiam. Il a insisté sur le fait que l’actuel président doit céder le pouvoir, autrement dit, ce serait apocalyptique.
Yelema Sangaré, secrétaire général de Yelema, lui, a mis en garde les responsables du CDR contre le jeu des politiciens. Il a affirmé que ce sont les acteurs du mouvement démocratique qui ont trahi le Mali. Comme s’il s’adressait à une nouvelle race de maliens, il s’est réservé le droit de
Amadou Diawara, au nom de Soumana Sako, a réitéré leur encouragement dans la lutte contre la corruption et l’injustice sociale. Il estime que le combat du CDR, comme le leur, est de veiller à l’instauration de la paix et de la réconciliation.
Pour le président d’honneur du CDR Boubou Lah, il y a des gens qui naissent et qui laissent des traces indélébiles. Il a rendu à Ras Bath un hommage, saluant la mère de cet enfant qu’il voit comme un héros. Dans son adresse, il a fait ressortir les artifices mensongers collés à des candidats en 2013. « Avant, les maliens ont qualifié les politiciens de voleurs et de belliqueux. Aujourd’hui, tout se résume à N’challahou. Il y a une vérité qui sera exigée au Mali. Cette fois-ci, ça va être notre volonté,de façon démocratique », a rassuré Boubou Lah, l’icône d’une génération engagée et révolutionnaire. Tunisie,Egypte, Sénégal, Burkina. Ce qui est fait est fait. Il s’est indigné vers la fin décidant de garder le reste de ses commentaires ultérieurement.
Ras Bath :
En dernier, a pris la parole pour d’abord saluer et remercier les partis politiques qui ont répondu à leur appel. Il a ensuite exprimé sa gratitude à l’endroit de ses avocats qu’il à la gendarmerie lors de son arrestation. Il s’agit de Me Malick Ibrahim, Me Zana Koné et Me Abdourahmane Ben Mamata Touré.
La chute du Mali est la faute à tous les citoyens maliens. Depuis des années, dit-il, il fallait chercher à connaitre le mécanisme de fonctionnement de l’Etat. Il a fait un bref historique de ce collectif qui a pris sa source avec « les Sofas de la République ». Après plusieurs associations et mouvements ont leur chemin se trouver, la nécessité de créer un collectif était né.
Les jeunes, à l’époque, s’étaient opposés au putsch stupide de 2012 pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel. L’esprit était de constituer une force de proposition et de veille citoyenne. Le but essentiel de ces concertations est d’interroger et impliquer les membres du CDR à travers des délégués venus de plusieurs contrées.
« Parmi tous ceux qui ont fait le déplacement, personne ne peut dire qu’il a bénéficié du soutien financier de qui que ce soit. Chacun est venu à ses frais », a rappelé le guide de la génération Rasta.
Il est inadmissible de voir une poignée de personnes (703 maires, 147 députés et un président) piller toute une république au su et au vu de tout le monde. « Il faut démythifier l’Etat », argumente le porte-parole du collectif pour qui l’Etat n’est qu’un esprit et une loi. Nous plaçons notre confiance au peuple à pouvoir faire le contrôle citoyen » s’agissant des élections, Ras Bath a abondé dans le même sens que ses prédécesseurs. Il faut une union sincère pour réussir l’Alternance. Le passé des hommes importe peu, que feront-ils demain ? C’est un nouveau départ que le chroniquer de renouveau FM propose. Avoir servir à des hautes fonctions n’est pas synonyme d’exclusion dans la construction nationale.
Au Sénégal, Macky Sall a servi en tant ministre de l’intérieur, premier ministre et président de l’Assemblée nationale. Mais aujourd’hui, précise Mohamed Youssouf Bathily, il n’ose poser des actes que son ancien mentor a posés. Idem pour le président du Burkina FasoRock Marc Christian Kaboré. C’est parce qu’il y a une jeunesse vigilante et courageuse. Il faut que la société civile et la classe politique resserrent les rangs et optent pour un réalisme lors des élections prochaines.
Lors des débats le dimanche, la question de la candidature de Ras Bath était au cœur des propositions. Une grande partie des délégués de la diaspora ont plaidé, voire exigé le choix d’un homme sous les couleurs du CDR. Leur option était Mohamed Youssouf Bathily qui n’a pas manqué de leur montrer le chemin de la réalité électorale.
Comment faire pour créer et entretenir des comités électoraux pour les campagnes à venir ? Pour sillonner chaque région, il faut mobiliser, selon Ras Bath, 100 millions par région. Pour les 10 régions, il faut que le CDRaccède à 1 milliard. Aussi, pour les parrainages des élus, il faut mettre la main à la poche pour se faire accepter. Loin de mettre en cause le choix de ses partisans et compagnons, celui qu’ils surnomment le guide estime que le choix de la majorité doit s’imposer : « si vous pensez que Rasta doit être candidat et que ça dépend de vous, ce n’est tout à fait ça. Si vous me choisissez, soit j’accepte, soit je démissionne du CDR. Je tenais aussi à vous exposer les réalités d’une élection présidentielle. »
Sans tomber dans le sensationnel, le porte-parole du collectif a argumenté que dans toute entreprise, il faut avoir un plan B : « Si le CDR ne peut présenter de candidat, il ne doit pas croiser les bras et compromettre son projet pour le changement et le développement. Une fois que nous aurons fini de produire notre manifeste, nous entrerons en négociations avec le candidat qui peut le prendre en compte. Aussi, les critères de choix seront que le candidat qu’on choisira devrait avoir les qualifications, l’appareil politique et les moyens qui permettront de remporter les élections. »
Pour Ras Bath chaque membre du mouvement doit être gardien et défenseur des décisions. La place du CDR, dira-t-il, sera désormais incontournable et rien ne se fera plus sans eux : «Nous ne sommes pas prétentieux. Nous ne disons pas que sans nous, un candidat, autre que celui que nous aurons choisi, ne serait pas président. Nous disons que nous jouerons notre rôle pleinement pour que notre vision soit appliquée. »
Ammi Baba Cissé ABC
Figaro mali