Jeudi 15 mars 2018, le collectif des jeunes de la commune II a tenu une conférence de presse dans la rue 214 à l’hippodrome. L’occasion a été mise à profit par les conférenciers d’informer les hommes de médias sur la bataille qui les oppose à la mairie de leur commune dans le cadre de la protection de leurs espaces verts.
Cette conférence animée par Sory Ibrahim Keita, Mamadou Koné, Lassina Balla Yira, Ali Haidara a été l’occasion de faire comprendre aux journalistes et par ricochet à l’opinion internationale le bras de fer entre la jeunesse de la commune II et leur mairie. À travers leurs interventions, il ressort que la lutte a commencé avec la vente d’une station Totale de Médina-coura à des commerçants. À cela s’est ajouté le problème du recasement des sinistrés du marché rose dans certaines rues de l’hippodrome, du quartier TSF, de Quinzambique.
Le collectif justifie son refus par le fait que les espaces désignés pour ce recasement sont des espaces verts du quartier, des espaces où l’installation de marché n’était pas prévue. Outre cela, la jeunesse a fait d’innombrables investissements. «Notre refus est bien réfléchi, notre refus n’est pas pour détruire, nous n’avons pas refusé parce que nous avons le pouvoir, nous avons refusé parce que nous ne songeons à rien d’autre que notre avenir », a laissé entendre Lassina Balla Yira. La jeunesse s’oppose à ce projet parce qu’il peut avoir des impacts négatifs sur la santé de la population. Il peut engendrer la détérioration de l’environnement, ajoute-t-il.
Le collectif n’a pas manqué à indiquer toute son indignation face à la volonté d’occupation de la rue 214 de l’Hippodrome. Cette rue se trouve entourée par plusieurs ambassades dont celles du Canada, des Pays-Bas, de la Belgique, d’Iran et l’école Sup Management où se trouve le consulat honoraire de la Slovénie. Dans une telle rue, se demandent les conférenciers, comment les autorités de la commune osent vouloir installer un marché ?
Il convient de rappeler que « […] Dans le cadre du recasement des déguerpis et sinistrés du marché rose de Bamako, il a été décidé de réaliser des installations dans les rues 214 (Hyppodrome), 559 (Quinzambique), et 781 (TSF)», explique le collectif des jeunes de la commune II.
Il faudrait comprendre également que les jeunes de ces quartiers ne refusent pas ces projets pour le simple plaisir. Pour montrer leur bonne foi, le collectif a donné des exemples de propositions qu’ils ont faites aux autorités.
Le quartier TSF avait formulé une pétition le 22 octobre 2016 pour montrer son désaccord par rapport à la construction d’un marché de légumes et la réinstallation des déguerpis du marché rose sur la rue 781. En conséquence, le collectif des jeunes de ce quartier avait proposé le transfert dudit projet sur la parcelle X13 du morcellement TF 17348.
Quant au cas de l’Hippodrome, un courrier avait été formulé à l’intention du maire le 22 décembre 2016. Le but de ce courrier était de faire savoir au maire de la commune II toutes les potentialités que pouvaient offrir les rues 214 et 224.
L’espace que les autorités souhaitent occuper à Quinzambique se situe entre une entreprise de distribution de gaz et un établissement d’enseignement primaire et fondamental. La jeunesse dudit quartier trouve cela inadmissible, car la décision peut compromettre la santé de leurs enfants, frères et parents.
Les conférenciers n’ont pas daigné à faire comprendre toute la volonté qui les anime pour le développement de leur commune. Pour ce faire, ils se disent être disposés à accompagner les autorités de leur commune sur cette voie noble. Il s’agit bien d’un accord de partenariat avec la mairie pour qu’ils travaillent en parfaite collaboration. « Ce qui se faisait au Mali jadis ne pourra plus se faire. Nous ne demandons plus rien d’autre qu’un partenariat avec la mairie pour redonner à notre commune toute sa dignité. Nous nous engageons pour l’assainissement, la santé, la sécurité de notre commune », martèle Ali Haidara. Il continue en ajoutant : « La jeunesse malienne prend sérieusement conscience. »
Cette bataille n’a pas commencé aujourd’hui. On se rappelle qu’au 5 mars, une émeute s’est éclatée entre le collectif et les autorités de leur collectivité territoriale. Au cours de cette émeute, un journaliste, Eric, rédacteur en Chef de ‘’ Figaro du Mali’’, a été battu sous l’ordre des autorités. Quoi qu’il en soit, la jeunesse n’entend point baisser les bras, elle se dit disposer à mourir s’il le faut pour protéger ces espaces de leur commune.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays-Mali