Le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) a animé, hier mardi, à son siège, une conférence de presse pour, soutient-il, dénoncer «la très mauvaise organisation et la manipulation politique des communales du 20 novembre prochain». Au regard de la gravité de ses griefs, tout porte à croire que le PARENA part au scrutin du dimanche prochain, convaincu de sa défaite.
Le principal conférencier était Djiguiba KEITA, dit PPR, secrétaire général du parti. On notait également la présence de plusieurs responsables et candidats du Parti, notamment Seydou CISSE et Dazié SOGOBA, respectivement tête de liste PARENA en CV et VI du District de Bamako.
D’entrée de jeu, le secrétaire général dira que c’est sur fond d’insécurité grandissante et d’absence de l’État dans de nombreuses circonscriptions que le Gouvernement a invité les Maliens aux urnes, le 20 novembre, pour élire les maires des communes et leurs conseillers communaux. À titre d’exemple, note-t-il, entre le 7 et le 9 novembre, 3 chefs de village ont été assassinés dans les cercles de Djenné, Youwarou et Rharous.
Aussi, soutient-il, sur les 15 communes du cercle de Mopti, il n’y a pas d’administration dans les communes rurales de Dialloubé, Ouro-Modi, Sasalbé, Koubaye et Soye.
Par ailleurs, s’interroge le PARENA, quelle loi régit les communales du 20 novembre ?
Au fait, révèle Djiguiba KEITA, dans une lettre, en date du 14 novembre, le ministre de l’Administration territoriale a informé les partis politiques : « l’organisation des communales se poursuivra sur la base de la Loi 06 du 14 septembre 2006, modifiée portant Loi électorale».
Le Parti du Bélier blanc se dit très surpris par une annonce du ministre qui «tire un trait» sur la nouvelle Loi électorale promulguée le 17 octobre 2016 et dont l’article 210 (nouveau) dispose : «la présente loi abroge toutes les dispositions antérieures contraires, notamment la Loi N°06-044 du 4 septembre 2006 modifiée par la Loi N°2011-085 du 30 décembre 2011, la Loi N°2013-017 du 21 mai 2013 et la Loi N°2014-054 du 14 octobre 2014». Alors, se demande-t-on, au PARENA, « comment une Loi abrogée, le 17 octobre «peut-être exhumée le 14 novembre 2016 et régir la suite du scrutin communal ? » Pis, «comment peut-on mettre entre parenthèses une loi validée par la Cour constitutionnelle et promulguée par le président de la République?
Dans la foulée, le secrétaire général du PARENA dénonce la mauvaise préparation du scrutin du 20 novembre et la manipulation politique.
Selon Djiguiba KEITA, les spécimens de bulletins de vote qui auraient dû être mis à la disposition des partis avant l’ouverture de la campagne n’ont été distribués que 5 jours après l’ouverture de la campagne. De même, indique-t-il, les spécimens comportent de nombreuses erreurs d’imprimerie telles que l’omission de logo et de noms de partis, etc.
Dans la même veine, il a fait savoir que les spécimens ont été réalisés par onze imprimeries différentes. Ces derniers, à son avis, comme sans doute les bulletins ne sont pas uniformes. «Ils comportent des disparités visibles d’une circonscription à l’autre », a souligné PPR.
Par ailleurs, dénonce le conférencier, l’attribution du marché des spécimens et des bulletins «a été coordonnée par un cadre, aujourd’hui membre du Bureau Politique National du RPM».
Le conférencier va jusqu’à assimiler les activités du Président IBK à des campagnes déguisées pour le RPM. Il donne comme exemples le lancement, dimanche dernier, des travaux de bitumage de la route Zantièbougou-Kolondièba ; la pose de la 1re pierre du 2E pont de Kayes, demain jeudi (à 24 heures de la clôture de la campagne). Pour lui, d’importants moyens financiers et logistiques de l’État ont été mobilisés pour des visites qui n’ont que l’apparence de voyages d’État.
«En violation de son statut, le président de la République de tous les Maliens interfère dans la campagne communale en utilisant les maigres moyens de l’Etat pour un soutien déguisé aux listes RPM », a déclaré Djiguiba KEITA dit PPR. Avant d’ajouter : « un chef de l’État qui se met au-dessus de la mêlée aurait reporté ces poses de première pierre au lendemain des communales. Mais IBK veut influencer le choix des maires. Il veut aider le RPM à mettre la main sur toutes les mairies du pays avec les maigres moyens de l’État».
Comme on peut le voir, le PARENA n’a ni slogan de campagne ni projet de société, sauf à insinuer la mauvaise organisation du scrutin et l’ingérence du Président IBK.
En tout cas, si le Parti du Bélier blanc ne s’en tient qu’à des accusations infondées, il est sûr et certain, qu’il sortira bredouille de ce scrutin, véritable baromètre de la vitalité de tout parti politique dont la vocation première est la conquête et l’exercice démocratique du pouvoir.
Ainsi, au lieu d’accuser le régime en place d’avoir fait ceci ou cela, le PARENA serait mieux inspiré de chercher à conquérir le pouvoir, comme bien d’autres le font sans accusations calomnieuses.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin