Le Parlement européen doit se prononcer ce mardi 16 juillet sur la nomination d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. Lors de son grand discours, l’Allemande devra convaincre au minimum 374 eurodéputés pour être élue.
Un Parlement fragmenté et une équation politique incertaine : la candidate Ursula von der Leyen a travaillé sans relâche tout le week-end pour rattraper une semaine où elle n’a pas convaincu, après des auditions jugées au mieux « imprécises » ou comme un « filet d’eau tiède, peu convaincant ».
Jusqu’au bout, la candidate des chefs d’État et de gouvernement a cherché à convaincre. Arrivée à Strasbourg ce lundi 15 juillet en fin d’après-midi, pour de derniers rendez-vous et conciliabules très discrets, Ursula von der Leyen a tout fait pour faire pencher la balance en sa faveur : les centristes et les libéraux mais aussi les socialistes lui avaient demandé des précisions et des engagements, noir sur blanc. C’est fait.
Convaincre au moins 374 eurodéputés
« C’est vrai qu’on attend encore plus de concret » dit un porte-parole du groupe Renaissance. Mais le même souligne de nombreuses avancées, comme des engagements pour une Europe plus intégrée, avec par exemple la volonté de mettre fin à la règle de l’unanimité dans les domaines de la fiscalité et du social, soit le seul moyen pour de mettre en place un véritable salaire minimum, ou bien, et l’Élysée en rêve, de taxer les géants du numérique.
Bienveillance confirmée donc des centristes et libéraux (108 voix), loyauté attendue de son camp, le Parti populaire européen (PPE) (182 voix). Il manque 84 bulletinset encore, si dans le secret des urnes, Ursula von der Leyen fait bien le plein dans ces deux groupes.
Pour les écologistes et la gauche radicale, c’est sans appel un non. Restent les 153 voix socialistes. Là aussi, la centriste a su s’engager, par écrit sur le climat, les inégalités sociales, et à arracher de nombreux satisfecits : « Je ne m’attendais pas à autant », dit un eurodéputé britannique, « des progrès incroyables », c’est signé d’un Italien. « Nous n’aurons pas mieux », selon les Danois. Même les Néerlandais, très remontés après avoir cru quelques heures que l’un des leurs, Frans Timmermans, présiderait la Commission européenne, sont moins en colère.
Vers une approbation
Restent encore les Français, les Allemands, les Belges ou les Grecs. Au total, un tiers de réfractaires. Des élus qu’on pointe du doigt avec sévérité au sein du groupe Renaissance comme des élus qui font « fi de la réalité politique du Parlement », et de toute façon, ajoute–t-on : « Qui d’autre a la majorité ? ».
Au nom du principe de réalité ou des concessions faites, le sentiment général est qu’on se dirige vers une approbation du choix du Conseil européen. La vraie question étant : avec quelle marge, et surtout avec quelles voix ? Celles des Polonais du PiS, le parti au pouvoir dans un pays poursuivi pour violation de l’état de droit ?
Voilà qui ne signerait pas des débuts très flamboyants. Dans cette toute dernière ligne droite en tout cas, les chefs d’État et de gouvernement ont mis tout leur poids dans la balance, et singulièrement les socialistes dont le camp est le plus récalcitrant : le Portugais Antonio Costa et l’Espagnol Pedro Sanchez ont officiellement plaidé hier pour la confirmation de la centriste allemande.
Ursula von der Leyen l’a en tout cas annoncé hier : elle démissionnera mercredi 17 juillet de son poste de ministre de la défense. Pas de retour possible.
RFI