La pire crainte des Maliens est de ne plus avoir assez de viande sur le marché local avec la création d’une chaine de vente internationale. Déjà, les Maliens manquent cruellement de viande à cause de la cherté du prix des animaux, surtout dans les grandes villes comme Bamako. C’est pourquoi l’on craint une nouvelle cherté de la viande avec la mise en service du label de la viande rouge du Mali. Nombreux observateurs expliquent que si rien n’est fait, il y aura encore moins de viande dans nos sauces après la flambée des prix constatée dans les deux dernières années.
Le drame est que tout est mis en œuvre au Mali pour orienter la viande locale vers des consommateurs étrangers, notamment ceux des pays côtiers limitrophes du pays. Les populations de Bamako souffrent particulièrement de la cherté du prix de la viande rouge malienne. Beaucoup de familles ont tourné le dos à l’achat de la viande, et même les vendeurs de nourriture ont décidé de ne plus mettre de la viande au menu. De nombreuses femmes qui vendaient des brochettes dans la rue ont cherché des substituts de la viande qui est devenue un produit de luxe.
Cette vie chère pourrait s’accentuer en ce qui concerne le prix de la viande rouge sur les marchés. Ce que l’on craint est un appel d’air vers l’extérieur à cause de la labélisation de la viande malienne. La semaine dernière, le ministre de l’Elevage et de la Pêche a informé du processus d’élaboration du label viande rouge et ses dérivés du Mali. Le sous-secteur de l’élevage est un maillon important de l’économie nationale de par sa contribution au PIB et aux revenus des ménages. La filière bétail viande dispose d’un potentiel important d’animaux d’embouche qui méritent d’être valorisés.
Selon le gouvernement, c’est dans ce cadre que le Programme d’Appui à la Compétitivité en Afrique de l’Ouest, en partenariat avec l’Interprofession de la Filière Bétail viande du Mali, a réalisé « l’étude de faisabilité de la Marque Collective et le développement d’un Label viande rouge et ses dérivés du Mali pour la filière bétail/Viande ». Le label qui sera mis en place va permettre aux acteurs de la filière de valoriser et de promouvoir la viande rouge et ses dérivés, de développer des opportunités pour la viande rouge et ses dérivés. Autres avantages, c’est de renforcer l’information des consommateurs sur la viande rouge et ses dérivés, renforcer les liens entre les acteurs de la filière.
Les populations ont besoin de plus d’engagement de la part des autorités pour que la viande ne soit plus chère. Si la labélisation doit mettre sur le marché des boîtes de viande à travers une chaine de froid, tout doit être fait pour que les magasins maliens soient approvisionnés par les unités industrielles. La viande est devenue un produit difficile d’accès au Mali alors que le pays est l’un des plus grands producteurs de bétail de la sous-région. La valorisation ne doit donc pas être une action défavorable aux consommateurs.
Nouhoum DICKO
L’Alerte