La web-série « 5 ans à l’Élysée » dévoile les raisons qui ont amené Emmanuel Macron à rencontrer Vladimir Poutine, peu de temps avant l’invasion de l’Ukraine.
Il n’existe pas un jour, depuis le début de la guerre en Ukraine, sans que les dirigeants internationaux ne s’entretiennent en alternance avec Volodymyr Zelensky. Si le lien est fermement maintenu avec le président du pays assiégé, le fil fragile qui unissait Vladimir Poutine au reste du monde semble bel et bien coupé. L’ancien agent du KGB est désormais un paria sur la scène internationale. Au cours des premiers mois de l’offensive, quelques personnalités politiques, à l’instar d’Emmanuel Macron, ont bien tenté d’échanger avec le chef du Kremlin. Dans le dernier épisode de sa web-série « 5 ans à l’Élysée, partie 3 », diffusée vendredi 13 mai sur YouTube, ce dernier détaille les étapes qui l’ont mené à sa confrontation avec Vladimir Poutine sur le sol russe.
Quatre jours après le lancement de la campagne militaire et quelques semaines avant l’invasion, assis derrière son bureau élyséen, Emmanuel Macron s’adresse avec détermination à cinq de ses conseillers médusés. « Mon intention, c’est que si on arrive à cranter un truc là, il faut y aller à Moscou. Je pense que c’est le moment. Le truc, c’est ça, si on veut faire bouger les lignes. Et je vais dans la foulée à Kiev », explique-t-il sans sourciller alors qu’un rire d’étonnement s’élève de l’audience. Face à l’insaisissable Vladimir Poutine, le locataire du palais présidentiel paraît convaincu d’avoir sa carte à jouer. Sans se démonter, il joint son homologue moscovite par lignée sécurisée.
Un discours méticuleusement concocté
« Je serais disposé, au titre de mon pays, mais aussi en tant que président de l’Union européenne, à venir dans les prochains jours te voir en tête à tête et essayer d’avancer ensemble. Si tu es prêt à rentrer dans une logique de construction sincère et de désescalade claire », indique Emmanuel Macron. Un rendez-vous est acté, l’heure est au travail.
Le chef de l’État français s’envole pour Moscou avec un discours pré-construit par une salve de mots-clés : « J’ai retenu “réponse Otan/US”, “densification militaire et exercices”, deux points sur lesquels il faut des gestes… Et après, je vais lui demander s’il est d’accord de discuter sur telle ou telle thématique. » Le lundi 7 février, Vladimir Poutine accueille Emmanuel Macron avec cordialité, l’un et l’autre esseulés au bout d’une table infinie. Un moment historique minutieusement élaboré par les deux camps, mais qui n’aura pas eu l’effet escompté.
Source: lepoint.fr