Ce texte est une légende qui nous a été rapportée par Mamadou DJIMERA.
Il raconte comment des SYLLA sont aujourd’hui coordonniers, alors que ce patronyme est d’origine noble. Ce texte n’est qu’une légende et son histoire ne peut être certifiée authentique.
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Le nom Sylla est d’origine soninké. Ce nom a plusieurs dérivés. Mais c’est un nom de noble.
Il y’ a tout d’abord des Sylla Jamera Fadé, Sylla Jamera sokhona, Sylla Khanosi, et on les appelle Sylla neru à Gori au Mali et les Sylla Kanakhessi. Ces ” Sylla ” sont de castes nobles. Ils peuvent ainsi être chefs de villages et marabouts.
Ensuite nous trouvons Les Sylla godo xulle, Sylla Nimiseera et Sylla Bunne (Soroma) qui sont une caste de cordonniers.
Et enfin Les Sylla Joxome, Sylla kanghe, sont des Jonkourou (neutre), on les trouve aussi à Jaafunu.
A l’époque, quand il y avait une nouvelle destinée à la communauté, c’étaient les cordonniers qui leur transmettaient le message, pour cela ils tambourinaient sur le taballen (grand tam-tam fait d’un fût huile ouvert de deux côtés et couvert d’une peau de vache monté sur des pieds en bois ou sur un mirador). Un jour une armée est arrivée par surprise et a encerclé le village, avant que le cordonnier puisse monter sur le mirador pour prévenir le village avec le taballen. Un Sylla qui se prénommait Timi l’a devancé et a tapé sur le taballen.
Après être descendu du mirador, les autres Sylla lui ont demandé des explications sur son acte, en effet ce n’était pas de sa responsabilité (car comme il était noble c’était déshonorant pour les Sylla). Ils l’ont en conséquence exclu de la famille. Il avait beau regretté son acte, mais il ne pouvait pas changé le passé.
Il déclara ainsi à sa famille que s’il en était ainsi, il deviendrait cordonnier. Malgré cette exclusion il a tout de même conservé son nom de famille mais il est devenu Sylla Nimiseera(Sylla le regretté).
Les cordonniers l’ont nommé chef grâce à son origine noble. Mais il devint un chef vicieux, autoritaire, et fit souffrir par tous les moyens ses sujets. Il décréta un arrêté disant qu’aucun cordonnier ne devait couper le “jabé” (arbre épineux) avec un outil, ils devaient donc le couper à mains nues ou avec leurs dents. Ce qui était absurde et sadique.
Mais en cette période, dans la forêt où on trouvait le jabé se trouvaient deux créatures, ils étaient deux, leurs physionomies étaient effrayantes et corpulentes. L’un résidait dans la forêt de Hatuma, il s’appelait Nagaana Yaari Balayera, l’autre un dénommé Daman Gillen(Daman le grand), résidait dans une forêt à Banbaguidé. Celui-ci était monstrueux, de telle sorte que personne ne souhaitait le rencontrer, de peur de perdre la raison.
Mais un jour Jaawara Kharaman, un cordonnier alla cueillir des fruits de jabé (pour colorer les peaux). Mais en cueillant les fruits il se heurta à Daman Gillen. Jaawara Kharaman eut tellement peur, qu’il s’est mis face à lui pour le regarder et la seule chose qu’il put dire fut :
– Je te ramasse
Et Daman lui répondit :
– Jamais un diable, ou une personne n’a jamais osé me regarder, surtout même m’adresser la parole. Tu as donc été très courageux et j’aimerais t’accompagner dans ton village.
Sur le chemin du retour, chaque personne qui rencontrait Jaawara Kharaman et Daman Gillen sur leur chemin prenaient la fuite, tellement ils étaient effrayants.
Jaawara Kharaman demanda à Daman Gillen de se raser la barbe et la tête, mais celui-ci refusa jusqu’au jour où Sylla Timi fit appel à tous les cordonniers pour se réunir auprès de lui. Tous les cordonniers furent présents. Mais lors de cette réunion, il fit encore subir des humiliations aux cordonniers.
Daman Gillen se fâcha, dit à Sylla Timi :
“Toi fils de noble, depuis que tu es le chef des cordonniers, tu n’as pas cessé de les humilier et de les rabaisser de toutes les manières possibles alors que tu ne vaux rien“.
Sylla ne put supporter cet affront, et gifla Daman Gillen. Mais celui se retourna et décapita Sylla avec son ongle. Après la mort de Sylla, Daman épousa sa femme qui s’appelait Maroqui veut dire en soninké riz (raison pour laquelle, il avait interdit aux cordonniers de préparer du riz).
Et Jaawara Kharaman est devenu le chef des cordonniers. Daman Gillen est devenu son bras droit, son chasseur, et lui apporte toutes sortes de gibier; et il se rasa la barbe et les cheveux. Et il eut un pacte entre les Jaawara et tous les cordonniers.
Une année plus tard Jaawara Kharaman décida d’aller faire son pèlerinage à la Mecque, Daman Gillen lui demanda, de lui apporter un grand couteau. Quand Jaawara Kharaman arriva au bord du fleuve Ali Kourou Joumi, il trouva des pêcheurs, lorsqu’ils remontèrent leur filet, ils trouvèrent un morceau de fer. Jaawara Kharaman demanda aux pêcheurs, de lui vendre ce morceau de fer, et il acheta aussi d’autres couteaux.
Dès son retour, Daman Gillen demanda à son chef :
– As tu pensé au couteau que je t’avais demandé ?
– Oui, il est dans ma case tu peux en choisir un.
Il partit dans la chambre et choisit le bout de fer, mais Jaawara Kharaman lui dit que ce n ‘était pas le couteau qui lui était destiné, il reparti donc chercher un autre couteau mais ramena toujours le même bout de fer et il lui dit que c’était son choix.
Il partit ensuite voir les forgerons pour qu’il lui confectionne un sabre.
Il surnomma son sabre “fakhala” et à chaque bataille où il possédait son sabre, il en sortit vainqueur. Le sabre fut conservé par les Jaawara, et ils surnommèrent aussi le sabre de Daman Gillen. Ce sabre aida El hadji Omar dans sa bataille contre le Macina (Karta) au Mali, et dans toutes les batailles où il emmena son sabre.
Les historiens sont d’avis que ce morceau de fer vient d’un sabre brisé lors d’une bataille dont Aly dirigeait un contingent qu’on appelait ” Joulikhafa “.